Pêcheur de couleurs

écrit pour la jeunesse des histoires sensibles, empreintes de poésie où se mêlent avec une grande délicatesse, imaginaire, philosophie, chagrins et petits bonheurs de la vie.

Attentive à ce qui l'entoure, elle communique sa générosité, une douce sympathie également à travers son écriture et le conte philosophique et fantastique qu'elle livre aujourd'hui aux lecteurs devrait ravir un large public, distraire et émerveiller les plus jeunes ou les plus rêveurs, interroger les plus sérieux ou les plus graves mais sans ennuyer globalement ni laisser quiconque de côté.

En effet, ce récit, par son contenu universel, oscillant entre histoire d'amour et d'apprentissage, et délivré avec une grâce légère et une belle simplicité, touche le cœur et l'esprit, sans forcer. Avec naturel.

Barbar vit sur les rives de la Phénicie, à une époque indéterminée. En quête de bonheur et d'accomplissement, il entreprend un long voyage et chemine pour trouver du sens à son existence.  "Il n'est pas malheureux mais cela suffit-il à dire qu'il est heureux ? Il ressent au contraire un vide immense, comme un gouffre à l'intérieur de lui […] une nuit au fond de lui, une nuit qu'aucune aurore n'est jamais venue éclaircir […] Il décide de partir chercher le bonheur et de repeindre le ciel au fond de lui."

Sur sa route, il rencontre de curieux personnages. Un Chef d'orchestre," [qui] règle la symphonie de l'Univers" un fauconnier, "un homme qui parlait peu, comme s'il avait peur d'écorcher le silence", un potier, qui brise ses pots pour mieux les refaçonner, un prieur, qu'il suit un moment jusqu'à se sentir prisonnier,  un pêcheur d'étoiles de mer ("des rêves échoués") auprès desquels il s'interroge et se forge, s'exerce à trouver le bonheur.

De méprise en illusion, il avance pourtant, échoue sur une île minuscule et découvre la gardienne du phare, lui fait lecture de sa vie, s'éprend d'amour pour elle, mais se méprend sur le moment et doit poursuivre sa quête. Jusqu'à se saisir, enfin, du Bon moment. "Lever les voiles quand vient le vent, suivre les voyageurs quand il le faut, écouter son cœur à l'instant opportun."

Un conte merveilleux, dans le respect du genre, agrémenté d'un style naïf, comme adapté aux enfants mais qui délivre un message philosophique plutôt à destination des adultes et parfois, lors de certains passages, l'interpénétration entre les deux semble moins fluide, moins évidente.Un sentiment  assez furtif cependant, qui n'ôte en rien le plaisir de la lecture dans son ensemble.

« Un texte qui se transmet, qui fait entendre et comprendre,

qui dit le précieux, qui dit comment voir ».

Aussi, pour vous procurer ce petit livre,  ce lien : www.amazon.fr/p%C3%AAcheur-d%C3%A9toiles-Roxane-Marie-Galliez/dp/B00LXGUIG6/ref=tmm_pap_title_0?ie=UTF8&qid=1409765053&sr=8-1-spellet  et deux versions s'offrent à vous : le papier ou le numérique.

S'il y a bien un objet qui est passé entre toutes les mains, c'est le Bic à quatre couleurs. Vous voyez lequel ? Le modèle traditionnel qui permet l'écriture en vert, rouge, noir et bleu. Celui avec lequel vous avez joué pendant les interminables heures de cours. Celui avec lequel vous avez gribouillé dans les marges de vos feuilles. Celui dont le cliquetis répété irritait vos voisins de banc... Voilà qu'un tout jeune auteur de bande dessinée lui offre ses lettres de noblesse. Blaise Guinin déploie toutes les ressources graphiques offertes par cet outil dans son troisième album, Quatre couleurs graphiquement très réussi.

Au départ, une idée très bête : deux copains décident d'échanger leur identité pour être certains de réussir au moins un cours. Grégoire Legrand étudie l'histoire de l'art et déteste la géo ; Pierre Petit, son meilleur ami, étudie la géo et n'a aucune envie de suivre le cours d'histoire de l'art qui lui est imposé. Ils décident d'échanger leurs places respectives pendant toute l'année, le temps d'un seul cours, s'entend. Sauf qu'en cours il y a des filles, des profs, et que tout se complique un peu. Il y aura donc quatre filles, comme les quatre couleurs du Bic, et une morte, pour ne rien arranger. Ce qui devait n'être qu'une banale histoire de triche se transforme bien vite en love story et en enquête policière.

L'histoire se déroule alors chapitre par chapitre, entre les salles de cours, les terrasses de café, la piscine et la bibliothèque. À chaque fois, une couleur de base sert à lancer le narrateur, Grégoire Legrand, dans le récit de ses exploits de Don Juan pas toujours heureux en amour. Celle qui lui court après n'est pas celle qu'il veut, celle qui lui donne cours ne devrait pas être celle qui finit dans son lit, et ainsi de suite. On croit d'abord assister à un exercice formel un peu gratuit, mais c'est une fausse impression : l'histoire tient debout et le quiproquo finit par entraîner le récit dans des recoins plus tordus qu'on ne l'aurait imaginé dans les premières planches.

Un bouquin plein d'hommages

Blaise Guinin ne s'est pas contenté d'avoir une bonne idée, il parvient à l'exploiter au mieux. La pauvreté des moyens mis en œuvre (un bête Bic à quatre couleurs, vous l'avez compris, maintenant) est largement compensée par une virtuosité visuelle et de nombreux clins d'œil à l'histoire de l'art, depuis la Vénus de Boticelli jusqu'aux buveurs solitaires de Hopper, en passant par Picasso, Van Gogh ou encore Lautrec.

La colorisation et le trait sont entièrement réalisés avec les quatre stylos bille aux couleurs tranchées et pourtant le dessinateur parvient à jouer de la nuance, à trouver des envolées de mise en scène, une dynamique de plans et de perspectives qui rendent l'histoire à la fois ultra lisible et surprenante.

Retrouver un extrait de Quatre couleurs

Une fois de plus, les éditions Vraoum ont déniché un nouvel auteur qui vaut vraiment le coup. On avait parlé il y a quelque temps de Sylvain Mazas et de son premier album virtuose, le deuxième tome vient de sortir, il est beaucoup plus poussif et décevant, sans renouveler sa recette, il nous ressert les mêmes plats sans qu'on ne parvienne à sortir de l'impression de... réchauffé (« Ce livre devrait me permettre de résoudre le conflit au Proche-Orient, d'avoir mon diplôme et de trouver une femme », Vraoum, 2014, 12,20 EUR). Espérons que Guinin rebondira mieux pour son prochain projet, que j'ai déjà hâte de découvrir.

est un recueil de 10 histoires courtes, publié en 2008 par Kodansha, et rassemblant divers travaux de Tsutomu Nihei autour de l’univers de son manga culte : paru aux éditions Glénat en 2000.

Histoires parodiques, humoristiques, mais aussi aventures originales, suite directe de la série Blame ou récit lié à son autre œuvre Abara, Blame Gakuen se présente comme un patchwork d’aventures éclairant l’univers de Blame. Nihei fait ici preuve d’une maestria visuelle sans pareille, alternant les styles graphiques au gré des tons divers de ses nouvelles, mais la particularité de ce recueil est d’être totalement en couleurs. L’auteur propose dans ce one shot une exploration étonnante et réussie de la mise en couleur par ordinateur, dont il sait tirer le meilleur, et qui s’adapte à merveille à ses univers de science-fiction. La lecture vous plonge ainsi dans un autre monde, irréel, futuriste et mystique.

Collection Seinen
162 pages . Format : 130 mm x 180 mm
Façonnage : Souple
Prix public TTC France : 10.55 €

A paraître le 29 juin 2011