Querelle autour d'un petit cochon italianissime à San Salvario

Les deux héros de cette drôle d'histoire sont Camille Bouchon, orfèvre de la boucherie, artiste de la viande et maître charcutier, et un cochon tout rose et dodu baptisé Joël. Camille l'a rapporté de la foire de Dijon. Il souhaite réaliser son rêve: en faire lui-même des saucisses et du jambon. C'est aussi l'ambition de Joël, qui considère que c'est là son destin de cochon. Il veut atterrir dans les assiettes des plus grands restaurants parisiens. Alors ils travaillent beaucoup ensemble, de sorte que Joël devient un beau et gros cochon, vainqueur de tous les concours porcins. Le seul hic, c'est qu'à force de passer beaucoup de temps tous les deux, ils deviennent copains comme cochons. Et personne n'a envie de faire de son meilleur ami des côtelettes et du boudin! Que faire, alors?...

Nous avons là un joli album, avec ce qu'il faut d'humour et de légèreté. Il faut souligner la très belle plume de , qui met dans ses lignes une musicalité certaine et une poésie très séduisante et rigolote. Chaque mot est juste, rien de superflu. Le texte est bien mis en valeur par les illustrations de , chaleureuses, acidulées et hyper colorées. Le tout est très réussi. Un livre qui donne faim de lire et nourrit l'imagination.

Rosalie est une autruche si maniaque qu'elle n'a pas d'amis : comment supporter que des gens viennent salir son intérieur ? Mais quand Gaston le cochon lui demande de garder ses trois enfants Lulu, Lala et Lolo pendant que son épouse Gastonne est en train d'accoucher, elle n'ose refuser. Rapidement, les trois garnements sont d'une saleté insupportable. Rosalie file donc leur préparer un bon bain.

Mais quand elle revient au salon, les petits cochons ont disparu. Affolée, elle coure frapper à la porte de tous ses voisins dans l'espoir de les retrouver. Voilà donc tous les animaux à la recherche des trois petits. Mais leurs recherches s'avèrent infructueuses et tout le monde se rassemble chez Rosalie, qui est bien trop inquiète pour se soucier du bazar et de la gadoue qui recouvre le sol de sa jolie maison. Finalement les petits s'étaient endormis bien en sécurité, dans la cave ! Rosaline en est quitte pour une belle frayeur, un salon tout sale et plein de nouveaux amis !

Avec Agnès de Lestrade explique aux plus maniaques d'entre nous que l'amitié est bien plus importante que la propreté. Et si, grâce aux illustrations très colorées de Prisca Le Tandé, les petits lecteurs retrouvent les animaux qu'ils étaient habitués à côtoyer dans les albums de leur petite enfance, et notamment le loup et les petits cochons, c'est maintenant à eux de lire !

Ce petit roman est en effet destiné aux enfants de CP qui débutent la lecture. À eux de déchiffrer les dialogues inscrits dans les bulles, alors que leur papa ou leur maman leur lit l'histoire à proprement parlé. Jusqu'à ce qu'ils arrivent à lire entièrement le livre tout seul…

Ce roman est le livre du Concours Plumes en herbes CP-CE1 de l'édition 2012-2013.

Conseillers régionaux et gouvernement s’opposent sur la question du financement de manuels scolaires pour les élèves de seconde.

Si les manuels de langues et mathématiques sont livrés, les professeurs ne savent pas quelles éditions vont être prises en charge.
Dilemme puisque les livres des autres matières ne seront pas expédiés avant fin août. La faute à la publication tardive des programmes.

Une « situation extrêmement perturbée et assez illisible » selon les éditeurs qui espèrent ne pas la voir durer jusqu’à la rentrée.

Du côté du syndicat national de l’édition, « il y a urgence à réunir tous les acteurs publics pour trouver une solution d’ici mi-juillet », a déclare Sylvie Marcé, présidente du pôle enseignement et PDG de Belin.

Au cœur de cette dispute sur le financement, la mise en application de la réforme des lycées en septembre prochain a pour conséquence le renouvellement quasi-complet des manuels de seconde.

Une seule certitude demeure, la rentrée sera très courte comme le déplore la présidente du volet enseignement du SNE.

Cet album grand format est un détournement du conte classique, réinventé trois fois avec bonheur et amusement. Trois nouvelles histoires qui, à partir d'un élément  propre au récit originel, s'en écartent et proposent au jeune lecteur, d'autres surprises, souvent farfelues et joyeuses, assurément capables de rivaliser avec leur modèle.

Ce livre est une réussite, surprenante et amusante, contemporaine et originale, pleine de malice et de surprise, inattendue et intelligente où un changement de point de vue suffit à déconstruire une histoire en apparence inamovible et suscite l'imagination avec habileté. Le lecteur est immédiatement conquis, invité lui-même à écrire la quatrième version.

Le loup cruel et sanguinaire a faim et s'apprête à contenter son estomac en soufflant sur les maisons fragiles des petits cochons qui, si elles ne lui résistent pas, restent désespérément vides de toute chair fraîche à manger. Devra-t-il se contenter de haricots en guise de souper ?

Le loup est une brave bête, poli, soucieux des autres, calme et prévenant.  Dans un souci de convivialité, il essaie d'organiser une fête des voisins. Mais c'est sans compter sur trois petits cochons aigris et indifférents et des préjugés tenaces : un loup ne peut-être que méchant et nuisible.

Le loup aime se nourrir de cochons et lorsqu'il arrive dans une ville de 333 333 cochons où aucun n'a peur de lui, il croit rêver ! Le festin semble facile et somptueux mais c'est sans compter sur les facéties d'un cochon déguisé en père Noël…

Les illustrations expressives et légères de séduisent par un sens du détail amusant, parfois insolite, joyeusement décalé et sont parfaitement adaptées aux textes un brin déjantés de . Ici l'adulte s'amuse autant que le jeune lecteur, prend plaisir à lire puis relire ce texte et les dessins qui l'accompagnent car l'ensemble fourmille de nuances et de plaisanteries impossibles à repérer en une seule lecture.

Bref, un plaisir éclatant et varié à réitérer ; le genre de remake dont on ne se lasse pas. D'ailleurs, même la littérature pour adultes s'est emparée du concept avec brio. Ainsi, presque simultanément, les éditions Belfond proposent, dans la collection "Remake", 11 contes de Perrault revisités par 11 écrivains.  Plus d'infos ici : Leurs contes de Perrault

Adèle tient le café du village. Dans ce hameau du bout du monde, qui fait face aux vents et à l'océan, le « Tablier à pois » est toujours ouvert ; c'est le centre du village, le lieu de vie où tout le monde se retrouve et où l'on peut faire ses courses le mercredi, jour où Lucas, l'épicier, apporte son petit étal. Adèle est toujours vive et pétillante... sauf les jours de pluie. Là, elle reste seule chez elle, déprimée et malheureuse. Mais un mercredi, après le départ de tous les clients, elle trouve deux jolies bottes de pluie roses, juste à sa pointure, qui semblent oubliées là. La semaine suivante, c'est un imperméable délicatement cintré. Puis un adorable parapluie rose à pois. Toutes ces affaires semblent lui être destinées. Mais par qui ? Pourquoi ?

Pour son premier livre, nous offre une histoire d'amour pleine de grâce et de tendresse. Dès la première page de l'album, il n'y a aucun doute sur le dénouement, mais comment résister à cette histoire pleine de bons sentiments qui ne sombre jamais dans la mièvrerie ? On se sent tellement bien dans cette ambiance feutrée où il fait bon vivre.

Les illustrations de Rose à petits pois sont largement à la hauteur du texte. Que de délicatesse et de poésie, là aussi. Avec ses tons pastel, Geneviève Godbout crée une atmosphère chaleureuse qui nous plonge dans un monde emprunt d'une douce nostalgie.

En espérant que ces deux jeunes femmes de talent continueront leur collaboration pour nous faire à nouveau rêver.

Jane Austen a fait des rapports humains et des passions, autant que du désespoir qui les agitent son credo. Les jugements moraux sont écartés par une soudaine question de respect, de courtoisie, même, et pourtant, deux expertes et spécialistes de cette auteure viennent de nous faire un caca nerveux de taille.

Kathryn Sutherland, professeure à Oxford s'est ainsi révoltée suite à la publication d'un ouvrage de la biographe Claire Harman, qui aurait trouvé ses idées dans les dix années de recherches de Kathryn, réunies dans un livre paru en 2005. Et de fait, la chercheuse se retrouve dans une situation paradoxale : les éditeurs lui reprocheraient de trop faire passer ses idées dans ses livres sur Jane, et donc impossible pour elle de faire publier un livre comme celui que Claire a écrit.

Or, non seulement cet ouvrage est très attendu, mais il annoncerait également une toute nouvelle manière d'approcher la vie de Jane Austen. Sa sortie le mois prochain serait une bombe dans le monde de la critique littéraire et il est d'ores et déjà sélectionné pour un prix littéraire.

Mais Kathryn suffoque à cette idée : en 2005, Claire et elle s'étaient retrouvées pour parler du nouveau livre de l'enseignante, que la seconde avait alors pu lire. Mais en apprenant que son amie d'alors travaillait sur un livre qui s'appuierait sur ses théories, et bien qu'elle avoue qu'il contienne des éléments nouveaux, elle s'indigne de ce que l'ensemble se base sur des théories très proches des siennes. Trop proches.

La courtoisie de Jane est foulée aux pieds

Pour l'éditeur de Claire, Canongate, pas besoin d'en faire un fromage : non seulement Kathryn est cité dans les remerciements, mais de là à considérer qu'il s'agit d'un plagiat... « Jusqu'à ce que nous ayons reçu un texte de Kathryn détaillant les éléments qu'elle pense être empruntés à ses travaux et reproduits, ni nous ni Claire n'en dirons plus. » C'est clair.

Mais l'universitaire entend bien faire respecter son travail, et son livre, aujourd'hui fortement affectés par la publicité autour du livre de son ex-amie. Son étude textuelle avait été accueillie avec ferveur par la presse, voilà quatre ans, et qualifié d'avant-gardiste sur le sujet. Mais évidemment les milieux commerciaux et universitaires ne se côtoient pas de la même manière, eu égard aux ventes que l'on peut réaliser. Surtout, la recherche universitaire oblige à citer ses sources, pointe Kathryn.

Claire fut l'élève de Kathryn durant quelques années... mais les étudiants ont tôt fait de désapprendre...

J'entends d'ici les récriminations : « Quoi !? Encore une BD qui parle de problèmes médicaux ? c'est bon, on a donné. » Je peux comprendre la lassitude de certains lecteurs et pourtant, une fois de plus, la mise en mots et en images d'une expérience de vie particulièrement éprouvante fait un bien fou à la lecture. Dans «», Fabien Toulmé, dont c'est la première bande dessinée, raconte comment il est devenu papa d'une petite fille trisomique et à quel point il a eu du mal à accepter le handicap de sa petit Julia.

Honnêteté viscérale

Ce qui emporte l'adhésion du lecteur, très rapidement, c'est la franchise de l'auteur. Dès les premières planches, on découvre un narrateur mal à l'aise avec le handicap, dans l'enfance comme dans l'âge adulte. Il déjà papa d'une petite fille, mais il n'imaginerait jamais de vivre avec un enfant différent, comme ceux qu'il croise parfois en rue. Jusqu'ici, il a mené se vie en traçant sa propre voie. Il est devenu ingénieur un peu par accident, parce qu'il aimait voyager ; a habité sur plusieurs continents parce qu'il avait envie de bouger ; a du mal à savoir ce qu'il veut vraiment et ce qui le rend heureux. On dirait qu'il sait surtout ce qu'il ne veut pas. À commencer par une petite fille handicapée.

Pour meilleure preuve, tout au long de la grossesse de sa femme, il s'inquiète, pose des questions et vérifie que tout se passe le plus « normalement possible ». Or tout s'annonce pour le mieux, même au moment de l'accouchement. « Rien d'inquiétant », répètent les médecins, jusqu'à ce que les angoisses du père se révèlent fondées. Julia est bien porteuse d'un chromosome de trop sur la vingt et unième paire. Commence alors un long parcours à la fois médical et intérieur pour que le père accepte la différence de sa fille et pour que les parents découvrent comment fournir à la petite Julia un environnement qui lui permette de s'épanouir au mieux.

La trisomie en bichromie

Pour illustrer son histoire, Fabien Toulmé choisit la sobriété. Le son dessin est sobre, concentrant l'image sur les bâtiments (Toulmé est ingénieur civil et urbaniste de formation, ça se sent) et les personnages, mais le dessinateur se permet le luxe de rendre le regard de son alter ego de papier parfaitement impénétrable. Dans la plupart des cases, ce sont les lunettes qui occultent ses yeux ; dans les autres, ceux-ci sont réduits à de simples points noirs. L'expression passe par ailleurs : par la position des corps, la forme de la bouche, les larmes parfois... Mais on rit aussi, tout au long de ces planches, car le couple formé par Fabien et Patricia est lucide et plein d'autodérision. On ne peut pas en dire autant de tous les professionnels de la santé qui croisent leur route, mais ces rencontres sont précisément le prétexte pour décompresser par la suite.

Si la sobriété du dessin ne fait pas de doute, la mise en couleurs, elle aussi, joue sur la simplicité. Chaque chapitre est colorisé par deux encrages, le noir et une couleur distincte pour chaque volet, déclinée en trois ou quatre nuances plus ou moins foncées. Cela suffit amplement. Cette économie de moyens n'est pas sans rappeler celle de Sattouf pour raconter son enfance ou de Guy Delisle pour ses aventures aux quatre coins du monde. Ce premier album de Toulmé est d'ailleurs à ranger dans l'ombre de ces deux géants. Il partage avec eux un sens de l'humour omniprésent et une belle attention aux émotions, même si ce ne sont pas toujours les plus nobles...

De l'émotion, mais pas que...

Grâce à un sens de la narration déjà très assuré, Toulmé trouve un équilibre très efficace entre la narration en voix off et les scènes dialoguées, les dessins d'illustration et les scènes racontées. Le résultat indéniable est que le livre nous touche, il donne envie de rencontrer cette petite Julia, de serrer très fort ses parents et de regarder le monde avec une plus grande bienveillance. D'ouvrir les yeux sur le handicap plutôt que de détourner le regard. Pari gagné, donc.

On ne sait plus quoi inventer pour faire vendre. L'industrie du livre, qui connait quelques difficultés, recèle d'ingéniosités marketings. On a l'habitude de voir mis en avant un prix dont le livre est lauréat, son auteur super-star (dont le nom est alors écrit cinq fois plus gros que le titre), une similitude avec un autre auteur ou roman plus connu... On connaît aussi la version Préfacé par... qui permet de faire vendre un livre destiné à un faible score un peu mieux, parce que le nom d'un tiers est mis en avant.

Mais désormais, un cap à été franchi. Moi-même suis tombé dans le piège. Regardez cette couverture :

Le dernier Dan Brown, auteur à succès à l'origine du Da Vinci Code ? Et bien, détrompez-vous. Ce roman, Deadline, est de Simon Kernick (vous voyez, en petit, en dessous de Dan Brown...). La nouvelle stratégie est donc de faire croire que l'auteur de l'ouvrage est une star, machine à Best-Sellers, alors que ce n'est pas le cas. Vous croyez acheter Dan Brown, vous vous retrouvez avec une sous-marque ! C'est dégueulasse...

En dessous de l'énorme « Dan Brown » affiché en plein milieu de la couverture, en tout petit, on vous dit à quelque chose près : « Si vous avez aimé Dan Brown, vous aimerez... » On peut légitimement s'interroger sur la légalité d'une telle pratique, qui vise explicitement à escroquer le lecteur en jouant sur la confusion.

Le plus étrange, c'est que la moitié de la quatrième de couverture explique « pourquoi il faut lire Dan Brown »... Et que pour toute commande du dernier Dan Brown, Deadline est vous est offert... à croire que Simon Kernick ne sert qu'à vendre du Brown !

D'autant que Kernick a déjà connu un certain succès, notamment avec Relentless. Il est par ailleurs assez étrange pour un éditeur d'essayer de développer les ventes d'un auteur sous la marque d'un autre... En plus d'être malhonnête, cela paraît peu viable à long terme... Ce que l'on trouvera encore plus étonnant, c'est qu'aucun des revendeurs en ligne ne semble proposer une telle couverture dans ses étals...PaceJMiller