Légendes de la Garde. Automne 1152

Le Japon, depuis les temps lointains du Man-yoshu, première des anthologies de la poésie japonaise du début du Xe siècle, accueille le Tanka, cet art du poème (très) court.

Le Tanka s'étend au-delà de la concision du haïku : trente et une syllabes, structurées en cinq lignes, avec un schéma de 5-7-5-7-7 syllabes, et l'ambition de capturer l'essence d'une l'émotion, de la nature. Un art poétique qui invite à une méditation sur l'éphémère de la vie.

On connaît mieux ici les haïkus et ses maîtres : Matsuo Bashō, Buson et Issa. Avant cette trinité, le plus glorieux des poètes du Japon est Satô Norikiyo du XIIe siècle. Pour Bashō, c'est un maître.

Dans le Jojuri, l'auteur anonyme du XVIe siècle est formel : c'est « le plus grand des poètes du Japon ». À l'âge de 22 ans, Satô Norikiyo délaisse son existence de garde impérial ainsi que sa fortune, sa conjointe et sa fille de quatre ans, pour embrasser la vie monastique et s'isoler dans les montagnes. Il adopte alors le nom de Saigyô.

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Écrite cinquante ans après sa disparition, et initialement publiée en 1646, sa biographie n'est rééditée qu'en 1981, agrémentée de poèmes choisis issus du Sankashû et du Shin Kokinshû. L'enfant de guerriers, d'une famille proche de la Cour impériale, devient un moine-poète vagabond, jusqu'à son décès en 1190 dans un monastère de Kawachi.

Ce récit, d'après l'éminent connaisseur du japonais ancien, René Sieffert, ressemble plus à une Vie de Saint à l'Occidental qu'une biographie rigoureuse à la Jean Tulard, autre Occident. Peu importe, beaucoup d'extraits de la poésie du maître, et une petite entrée dans ce XIIe siècle nippon, et son bouddhisme teinté de zen.

Rejeter les obligations pour entrer dans le non agir, et dans la Voie de l'Éveil. Il en est capable, ayant véritablement renoncé à quelque chose d'important, d'enviable.

Quelques milliers de Waka écrits, la lune en majesté, et la réputation d'un vénérable : « Sans raison aucune / les feuilles d’arbres qui tombent / au souffle du vent / sauraient-elles la direction /vers laquelle il les emporte. »

« Si las d’habiter / céans à nouveau je dois / m’en aller ailleurs / le pin assurément / va se sentir solitaire. »

Légendes & Lattes est un mélange inattendu de fantasy, tranche de vie et de romance. Viv est une orc mercenaire bien décidé à prendre sa retraite d’un passé sanglant. Pour se faire, elle se lance dans l’aventure entreprenariale. Elle est bien déterminée à ouvrir son propre café dans la ville de Tuine, où tous ignorent jusqu’à l’existence même du breuvage. 

Accrochant Noirsaignée, sa fidèle épée, au mur de son établissement, c’est avec l’aide d’une succube, d’un hobgobelin et d’autres alliés plus improbables les uns que les autres que Viv devra faire face à une mafia locale coriace et aux préjugés qui le sont parfois encore plus. 

Confortablement installé dans un univers douillet Légendes & Lattes est ce que l’on appelle un ouvrage de cosy fantasy. Avec des personnages que l’on pourrait croiser dans une partie de jeu de rôle d’Héroic Fantasy qui évoluent dans une histoire digne des romances contemporaines, le titre traduit par Stéphanie Chaptal casse les codes. 

Inspiré par les Royaumes oubliés, Travis Baldree propose à ses lecteurs une expérience hors du temps et des clichés. Le récit donne parfois l’impression d’une partie d’Animal Crossing qui aurait rencontré l’univers de Donjons & Dragons. Une intrigue assez simple avec un final prévisible, mais avec laquelle on ne s’ennuie pas. En bref, Légendes & Lattes est un roman doudou dans lequel il fait bon se plonger avec une grande quantité de boisson chaude et de gourmandises associées.

Drôle d’histoire que ce livre resté dans un carton pour cause de déménagement et qui en sort avec tout un bric-à-brac. Publié il y a un an quasi jour pour jour c’est comme si du fait de son sujet il était prédestiné à patienter un peu.

Et de fait quel bonheur de découvrir les impressions de l’auteure Maylis de Kerangal et du peintre et écrivain Jean-Philippe Delhomme sur leurs déambulations dans les réserves du Musée d'Orsay.

Petit livre publié par Gallimard en partenariat avec le musée, il nous permet, par procuration de pousser également les portes des réserves et de toucher du doigt un rêve et #actualitteaime que l’édition remplisse ce genre de mission !

Quoi de mieux qu'un polar à la Belle Époque ? Un polar à la Belle Epoque parisienne en bande dessinée qui reprend l'esthétique de l'Art nouveau, le courant en vogue dans la capitale culturelle du monde.

Cette association, c'est toute la promesse d'Automne en baie de Somme. Fruit de la collaboration du scénario de Philippe Pelaez et des dessins d'Alexis Chabert, l'ouvrage combine une affaire nouée et complexe à un trait pas très éloigné de Mucha ou Degas.

Au-delà de la dimension historique, esthétique ou même narrative, le l'oeuvre se veut également un plaidoyer pour la femme au tournant du XXe siècle. Celle qui symbolise la République mais qui demeure prisonnière de son corps.

3e et dernier numéro pour la NRF version Maud Simonnot, partie pour de nouvelles aventures dans le rôle de directrice éditoriale. Les frontières et l’envers de l’édition pour cette 656e livraison, l’orange des bonbons Krema goût abricot pour la couverture, violet byzantium à l’intérieur, et un casting logiquement plus international pour ce thème bien difficile du partage du territoire dans ce monde bleu comme un numéro de la NRF. 

L’enfant du pays damné Haïti, Jean D'Amérique, évoque en poète la citoyenneté en république fenêtre, l’insulaire Giosuè Calaciura la méditerranée et ses “naufrages cosmiques”, la Russe née quelques mois après la bataille de Stalingrad Lioudmila Oulitskaïa évoque ses bibliothèques qui savent percer les frontières, Line Papin les distances infranchissables, ou encore, entre autres, la Franco-Hongroise Nina Yargekov, des chasseurs aux frontières, ou rats-taupes…

Du très beau monde pour le dossier sur l’édition : Patrick Grainville, Chantal Thomas, ou encore Jean-Jacques Schuhl par Yan Céh… Les prix littéraires, les salons du livre, les prête-plumes, les stylistes, Hardellet, Gracq, Philip Roth… Après la bibliothèque d’Annie Ernaux et Jean-Marie Gustave Le Clézio, deux Prix Nobel, le prix Goncourt en 2009 Marie NDiaye : Faulkner, Henry James, Mohamed Mbougar Sarr, Brigitte Giraud, Marie Nimier…

Enfin, des critiques bien tranquilles. Un numéro balisé, comme un État.

Alors que la féerie de Nouyel s'apprête à envahir les foyers chez les uns et les autres un peu partout dans le monde, nous préférons revenir sur des légendes bien moins coca-colaesques, pour vous proposer une chronique de livre tout aussi magique.
Sous la plume d'Isabelle Pantin, c'est en effet tout l'imaginaire du sieur Tolkien qui nous est conté, avec le regard de l'universitaire sur un sujet définitivement entré dans les esprits, tant par l'influence que les livres ont pu prendre dans le domaine littéraire que par l'engouement pour la trilogie qui fut portée sur grand écran par Peter Jackson.

Retrouvez donc l'une de nos dernières chroniques de l'année avec joie et bonheur, Tolkien et ses légendes d'Isabelle Pantin.

L’ouverture de la semaine fut plutôt ténébreuse… Mais dans le froid ambiant, j’ai choisi de continuer avec un texte de circonstance : Automneextrait du recueil Alcools (1913) de Guillaume Apollinaire (1880-1918).

Un très court poème pour poser un cadre d’une façon on ne peut plus efficace. Un paysan fredonne « une chanson d’amour et d’infidélité ». Peu à peu le personnage s’efface, en compagnie de son bœuf dans le brouillard automnal.

Après avoir réédité Hokuto no Ken, Fist of the North star(Ken le survivant) et édité Hokuto no Ken, La légende de Raoh, les éditions Asuka vous proposent de connaître encore mieux l'univers post-apocalyptique de Ken avec Hokuto no Ken, La légende de Julia. Buronson et Tetsuo Hara sont toujours aux commandes du scénario mais ils ont confié les dessins à Akimi Kasai.

La légende de Julia revient sur la jeunesse du grand amour de Ken. Elle est celle qui deviendra le dernier général du Nanto. Le récit de la légende de Julia se penche sur sa rencontre avec trois hommes au destin terribles qui changeront sa façon de voir les choses et lui permettront de devenir le dernier général du Nanto.

L'histoire s'ouvre alors que Julia est une jeune femme. C'était avant que la Terre ne soit ravagée par une guerre sanglante et ne devienne telle qu'on la connaît dans Ken le survivant. Julia est alors une femme fragile qui a un don particulier. Elle peut voir le destin. Un don qu'elle voit presque comme une malédiction car elle pense ne rien pouvoir y changer, mais Ken lui apprendra que le cours du destin peut être infléchi. .

Le destin de Julia en un tome

La légende de Julia est un one-shot, c'est-à-dire une histoire qui se déroule sur un seul tome. Ce titre permet de mieux cerner, le personnage de Julia et son évolution. En cela les inconditionnels de Hokuto no Ken seront ravis. Le rythme de la narration est bien calé sur le développement psychologique du personnage, avec par moment de petites fenêtres sur ce que sera le destin de Julia. Des choses intéressantes sont mises en place malheureusement, l'histoire est en un tome, et finalement c'est un peu léger. On en voudrait plus.

Les deux épisodes de la vie de Julia présentés sont intéressants et apportent encore plus de consistance à l'oeuvre originale. On appréciera donc, ce titre en tant qu'un complément important de la saga Hokuto no Ken. Un bon spin off (série dérivée d'une autre qui n'est pas une suite et qui se focalise généralement sur d'autres personnages que le héros principal de la série de base). Par contre, il est déconseillé au lecteur néophyte de commencer cette saga par cet épisode.

Un charac-design rafraîchi

Au niveau des dessins, Akimi Kasai a opté pour des planches très claires, en résonnance avec la pureté de Julia et en opposition avec la Terre chaotique que l'on connaîtra plus tard dans Ken le survivant. Le charc-design est plutôt bien réussi et l'exercice ne devait pas être simple. En effet, le mangaka a réussi à conserver les traits des personnages que nous connaissons déjà bien, mais il a en plus su leur donner un aspect plus jeune et plus doux, tout à fait en accord avec l'ambiance de ce titre. Enfin, les scènes de combat ne sont pas forcément mémorables mais ce n'est vraiment pas le point le plus important dans cette histoire, d'où probablement un traitement moins détaillé.

Hokuto no Ken, La légende de Julia par Buronson et Tetsuo Hara (pour le scénario) et Akimi Kasai (pour les dessins) est un bon spin off de la saga Hokuto no Ken. Il donne encore plus de consistance à celle-ci et permet de mieux appréhender ce personnage essentiel qu'est Julia. Les dessins sont à la hauteur de la saga avec un charac-design respecté mais rafraîchi. Les inconditionnels de Hokuto no Ken apprecieront, les autres devraient plutôt commencer par la série originale avant de se plonger dans cette histoire.

Hokuto no Ken, La légende de Julia par Buronson et Tetsuo Hara (pour le scénario) et Akimi Kasai (pour les dessins) est édité par Asuka. Ce one-shot compte 192 pages et on pourra se le procurer pour 8,50 €.