Le grand & le petit

Voici, sous forme d'abécédaire, un état insolite et impertinent des lieux en citations, articles, faits-divers, curiosités dans l'histoire, la littérature, la presse, le cinéma, l'art, la chanson, la décoration, l'écologie, la publicité, le langage...

En voiture, en forêt, en bateau, en avion, en captivité, en train, au restaurant, à la montagne, dans l'espace, en voyage... publiques ou privées... pour hommes ou femmes... C’est une grande visite des toilettes autour du monde.

Si vous aviez l’impression de vous éloignez du monde en allant au lieu d’aisance, emportez ce livre avec vous, et c’est tout un monde inconnu, parfois lointain qui s’ouvrira à vous.

Quelques questions demeurent encore sans réponse… Consultez alors l’ouvrage Toilettes du monde de E. Gregory Morna et Sian James (paru chez Hoëbeke au prix de 20 €). Vous aurez alors droit à un aperçu historique de l’évolution de cette petite pièce.

Le grand livre du petit coin de Sabine Bourgey est paru chez l’éditeur Pierre Horay au prix de 25 € – 382 pages richement illustrées.

Pas facile d'être une grande dame. Pas facile non plus d'être un petit monsieur. Et pas facile pour la grande dame et le petit monsieur de se parler. Pourtant, ils peuvent s'aimer !
L'histoire est très simple et chaque double page est un régal pour les yeux et les oreilles. Les sonorités chantent aux oreilles, les mots riment, les vers coulent et le charme opère. Quant aux illustrations, elles bouleversent et transcendent les habitudes : les jeux avec la mise en page sont nombreux, provoquant des lectures de l'image originales et passionnantes. Les couleurs alternent, les choix graphiques aussi, pour notre plus grand plaisir. L'attention est retenue sur des détails ou sur de gros éléments, et le jeu sur la typographie intègre habilement le texte à l'image.
Une fois que la dernière page de est tournée, une seule envie nous oppresse : recommencer cet instant poétique et graphique en le relisant.

Voilà une histoire totalement irrésistible, drôle et ravissante. est un petit livre naïf très attachant qui parle d'amour. Christo nous raconte les contrariétés sentimentales d'un petit pois, amoureux fou d'un grand haricot. Mais la spontanéité, la persévérance et les effusions n'y changent rien: le grand haricot reste aussi froid qu'une soupe de concombre devant les assauts du petit pois. Jusqu'à ce que ce dernier lui fasse présent d'une pièce d'or... L'avidité et la cupidité de Grand Haricot font comprendre à Petit Pois que ce n'est pas ça, le véritable amour. Heureusement, une jolie carotte sincère et douce va déclarer sa flamme à notre Petit Pois, touché et conquis. Grand haricot se sent bien bête, tout seul. Mais qui sait: en étant à son tour doux et gentil, il trouvera peut-être sa garniture...

Petit Pois et Grand Haricot est une histoire végétarienne très tendre qui séduira jusqu'aux vrais carnivores. Le récit est joli, fluide, piquant et très bien servi par les illustrations acidulées et toutes en rondeurs qu'a mijotées Sandrine Gambart. Avec des effets d'impressions, des mots mis en couleurs et des petites annotations partout, on dévore avec gourmandise ce joli conte de légumes. Et on en redemanderait du rabe! Une vraie recette, en somme, pour faire pousser l'imagination des plus petits qui verront désormais dans une boite de petits pois-carottes un tas d'histoires d'amour.

Au printemps 1986, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explose et entraîne la catastrophe industrielle la plus grave que l'histoire ait connue.  Au printemps 1986, la cueillette des champignons est interdite. Au printemps 1986, les chantiers navals de la Seyne et de la Ciotat déposent le bilan et cessent progressivement leur activité. Au printemps 1986, trois jeunes femmes, dont l'existence est liée à ces événements se racontent.

Intimement, sans artifice, Lucie, près de Toulon, Ludmila, à Prypiat et Ioulia à Kiev,  dévoilent quelques semaines décisives de leur existence, rendent compte de leurs pensées, expriment leurs inquiétudes, leurs préoccupations immédiates, leurs peurs et leurs espoirs ; disent tout l'ordinaire d'un quotidien brutalement éprouvé par des événements inhabituels et graves.

Avec concision et justesse, une légèreté subtile, , invite le lecteur à s'immerger au cœur de ces trois destinées sensibles et attachantes. Tour à tour, il passe de l'une à l'autre, sans effort, perçoit les ambiances différentes sans rupture, attentif aux précisions, aux souvenirs, aux brèves citations de l'époque, aux dialogues qui mêlent habilement réalité historique et fiction, l'air de rien, à travers une langue épurée, accessible et proche.

Dans cet espace temporel resserré, chaque mot, chaque phrase semblent pouvoir se saisir de l'essentiel. Dire simplement la vérité. Acérés pour toucher l'âme, emmener loin le lecteur, bien au-delà des frontières et du nuage de Tchernobyl et chaque fois, le préserver de toute sensation mélodramatique.

Avec la même importance et le même intérêt, la même légitimité pour chacun des personnages, le récit dévoile ainsi les retentissements de la catastrophe. A des milliers de kilomètres, Lucie, 15 ans, est inquiète du nuage radioactif que le vent pourrait conduire jusqu'à elle, appréhende la fin du monde, d'autant plus sensible, qu'elle est bientôt renforcée par la fermeture imminente des chantiers navals où travaille son père, prête à déstabiliser une famille et une ville entières. (" Je savais que bientôt il faudrait s'habituer au silence […] Cent trente ans que le chantier mastiquait tout le jour son quota d'ouvriers. D'où qu'on soit en ville, on l'entendait ruminer".)

A Prypiat, c'est l'évacuation d'une ville complète qui oblige Ludmila à tout abandonner et à Kiev,  c'est Ioulia qui voit son amant français quitter le pays. Des vies soudainement bouleversées, où la mort, la souffrance mais aussi l'amour, la tendresse, les rêves empoignent les trois personnages, façonnent d'autres catastrophes plus intimes.

 A travers une écriture évocatrice mais très sobre, Lucile Bordes atteint une précision remarquable en peu de mots, touche à vif, éveille l'imagination du lecteur, la développe avec facilité. De l'évacuation de Prypiat ("vitrine de la République atomique"), du silence des autorités soviétiques, du sacrifice des liquidateurs affectés sur la zone, de la colère des ouvriers des chantiers navals, de la honte de perdre son emploi, de la cellule de reclassement, de l'angoisse de la mort, de la dépression, de la quête de liberté et d'émancipation, tout se ressent, avec la même intensité, la même ardeur, le même éclat. Résonne en chacun de nous. Donne à voir "le petit désastre dans le grand".

Comme chaque année, la sortie du nouveau dictionnaire de chez Robert est un événement largement relayé par les médias. Le tout étant de savoir quels sont les mots recalés et les mots reçus dans les pages du célèbre dictionnaire.

De nouveaux mots et de nouvelles personnalités font leur entrée dans le dictionnaire qui sort ce jeudi. Du côté des noms propres, l'édition 2009 accueille des personnages comme François Fillon, Gordon Brown, Dominique Strauss-Kahn, Guy Môquet, Rafael Nadal, Al Gore ou Dmitri Medvedev.

Pour ce qui est des noms communs, on retrouve des termes comme « blogosphère » (effet internet) et « haka » ou « bouclier de Brennus » (effet Mondial 2007 de rugby) qui passent haut la main l’examen d’entrée. Le sport n’est donc pas en reste avec l’arrivée d’ acrosport, glaciériste, paintball, mercato.

Un lexique dans l'air du temps :

Comme chaque année, Le Petit Robert de la langue française s'ouvre un peu plus aux nouvelles technologies, renforçant le « cyber » vocabulaire (aux côtés de blogosphère, on retrouve aussi identifiant, audiolivre, baladodiffusion). Il s'ouvre aussi à l'environnement (« bioéthanol », « diester »), thème très à la mode. La cuisine se laisse aussi goûter dans cette nouvelle édition, avec des mots hauts en saveur (bresaola, malossol, céteau, chichi…).

Chaque année un domaine en particulier est révisé ; en 2007 il s’agissait de la médecine et du droit européen. Pour ce nouveau millésime, l’astronomie nous emmène dans les étoiles : astérosismologie, héliosismologie, Jupiter chaud, transneptunien, disque d’accrétion, trou coronal…Finalement, c’est un instrument toujours engagé dans la grande course qui sépare toujours les usages des académismes.

Un ouvrage qui colle à l’actualité, mais pas trop non plus :

En tout, environ 300 mots nouveaux font cette année leur entrée. « Certains, pourtant très présents, n'ont pas été retenus parce qu'ils sont liés à une personne ou un événement particulier et ne sortent pas de ce cadre là », a souligné à l'AFP Marie-Hélène Drivaud, directrice éditoriale du Petit Robert : « Bravitude, par exemple, n'a pas de fonctionnement normal. Il est toujours cité en référence à la phrase de Ségolène Royal. On ne l'a pas retenu. » Pas plus que le fameux « bling bling » évoqué à propos de Nicolas Sarkozy...

Parmi les nouveautés du Robert des noms propres 2009, le Premier ministre François Fillon et son nouvel homologue britannique Gordon Brown font donc leur entrée. Tout comme Dominique Strauss-Kahn (pour cause de présidence du FMI), l'ancien vice-président américain Al Gore (« nobélisé » pour son combat pour l'environnement), le tout nouveau président russe Dmitri Medvedev, le tennisman espagnol Rafael Nadal (récent quadruple vainqueur de Roland-Garros) ou l'écrivain chilien Luis Sepulveda.

Le thème de la Résistance se voit porté en force par l'arrivée de Guy Môquet, jeune homme supplicié par les nazis en 1941, revenu à l'automne sur le devant de l'actualité, ou de l'ethnologue et résistante Germaine Tillion, disparue en avril à l'âge de 100 ans.

Le Petit Robert est un dictionnaire résolument moderne. C’est ainsi qu’il souhaite s’ouvrir au monde, à l’actualité. Il représente aujourd’hui plus de 60 000 mots et 300 000 sens réunis dans un dictionnaire en un seul volume.

Le Petit Robert de la langue française 2009 : Editions Le Robert (2387 pages, 59 euros). Pour feuilleter cette nouvelle édition, cliquez sur le lien suivant.

Le Robert encyclopédique des noms propres 2009 : Editions Le Robert (2489 pages, 59 euros). Pour feuilleter cette nouvelle édition, cliquez sur le lien suivant.

Bonnie a treize ans et vit dans un petit appartement avec sa mère divorcée et sa grand-mère. Indécise quand il s'agit de sa propre vie (Se réveiller ou rester au lit ? Routine ou aventure ?) mais sûre de ses choix quand elle les couche sur du papier, Bonnie a une passion : l'écriture. Et quand elle est sélectionnée pour participer à la finale d'un concours d'écriture en compagnie du séduisant Carl, les questions ne manquent pas d'envahir son esprit de collégienne ! A Bonnie de trouver les réponses…

est un formidable petit livre plein de vie. Bonnie se pose d'innombrables questions, et on la comprend bien ! Entre ses deux grands-mères un peu loufoques, la famille recomposée de son père et les ennuis que ne manquent pas de lui fournir le collège, sa vie quotidienne est bien remplie. Entre tracas adolescents et interrogations plus complexes, Bonnie se pose à chaque chapitre une nouvelle question qui nous entraine dans le tourbillon de son quotidien.

L'écriture simple et touchante de Susie Morgenstern associée aux illustrations tendres et amusantes d'Albertine, transporte sans difficulté le lecteur aux côtés de la jeune héroïne. Drôle et pleine d'autodérision, Bonnie ne manque pas d'idées et a une sacrée énergie à revendre. Un roman savoureux, facile à lire, coloré et plein de fraicheur.

Adèle tient le café du village. Dans ce hameau du bout du monde, qui fait face aux vents et à l'océan, le « Tablier à pois » est toujours ouvert ; c'est le centre du village, le lieu de vie où tout le monde se retrouve et où l'on peut faire ses courses le mercredi, jour où Lucas, l'épicier, apporte son petit étal. Adèle est toujours vive et pétillante... sauf les jours de pluie. Là, elle reste seule chez elle, déprimée et malheureuse. Mais un mercredi, après le départ de tous les clients, elle trouve deux jolies bottes de pluie roses, juste à sa pointure, qui semblent oubliées là. La semaine suivante, c'est un imperméable délicatement cintré. Puis un adorable parapluie rose à pois. Toutes ces affaires semblent lui être destinées. Mais par qui ? Pourquoi ?

Pour son premier livre, nous offre une histoire d'amour pleine de grâce et de tendresse. Dès la première page de l'album, il n'y a aucun doute sur le dénouement, mais comment résister à cette histoire pleine de bons sentiments qui ne sombre jamais dans la mièvrerie ? On se sent tellement bien dans cette ambiance feutrée où il fait bon vivre.

Les illustrations de Rose à petits pois sont largement à la hauteur du texte. Que de délicatesse et de poésie, là aussi. Avec ses tons pastel, Geneviève Godbout crée une atmosphère chaleureuse qui nous plonge dans un monde emprunt d'une douce nostalgie.

En espérant que ces deux jeunes femmes de talent continueront leur collaboration pour nous faire à nouveau rêver.