Plus la tenue du Salon du livre 2008, et plus la polémique enfle autour du choix d'Israël comme invité d'honneur. Tariq Ramadan vient même d'éclairer le sens de la démarche de boycott entreprise par nombre de pays et d'intellectuel arabes dans les colonnes du Monde.
L’organisation panislamique Isesco (Organisation islamique de l'éducation, des sciences et de la culture) a appelé ses cinquante pays membres à boycotter le Salon du livre de Paris. L'Union des écrivains palestiniens a invité les maisons d'édition arabes et palestiniennes à ne pas se rendre à la manifestation.
Le Yémen et le Liban ont déjà annoncé qu'ils suivraient ces mots d'ordre. Les éditeurs algériens et marocains seront également absents des stands, même si certains affirment qu'ils viendront « à titre individuel ». D’autres dénoncent avec vigueur la place d’invité d’honneur tenue par Israël mais viendront tout de même au salon.
L'incompréhension du Syndicat national de l'édition
Serge Eyrolles, président du Syndicat national de l’édition et organisateur du Salon, exprime sa déception et son incompréhension face à cette polémique : « le Salon du livre n'invite pas les pays ! Il invite la littérature. Nous n'invitons pas Israël mais la littérature israélienne, qui est une littérature dynamique, d'une immense richesse».
Trente-neuf écrivains israéliens participeront au Salon du livre du 14 au 19 mars. Lors de l’inauguration, le 13 mars, Nicolas Sarkozy et Shimon Pérès seront présents. Mais, les organisateurs du Salon refusent de connecter cette invitation au soixantième anniversaire de la création de l’État hébreu.
Fin 2007, l’idée avait été émise, avec l'aide de l'Institut du monde arabe (IMA) désormais dirigé par Dominique Baudis, d’organiser un Salon du livre arabe qui aurait eu lieu aux mêmes dates que le Salon du livre de Paris. Mais ce projet n’a pas abouti. C’est peut-être avouer par là même des pressentiments sur la naissance possible d’une future polémique…
Une polémique... et des conséquences
Pour l’organisateur du Salon, on assiste à « une campagne de boycott complètement démesurée.» Ce sera peut-être un facteur de hausse de la fréquentation. Tout le problème maintenant va résider dans la sécurité. Les mesures de prévention vont être maximales afin de ne pas mettre en danger la sécurité du public.
Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui a jugé le boycott du Salon par les écrivains arabes «extrêmement regrettable», est l'un des seuls à réagir pour l’instant dans le milieu politique voire intellectuel. Ce silence est des plus étonnants au regard des marques d’indignation qui ont entouré les appels au boycott de la Foire du livre de Turin (Israël en est aussi l’invité d’honneur…).