Random House avait publié en 1989 'Les versets sataniques', de Salman Rushdie, qui suscitèrent la rage de l'ayatollah Khomeney, qui lança une fatwa contre l'auteur, le contraignant à plusieurs années de vie sous protection policière.
O tempora, o mores, s'exclameraient avec justesse Cicéron. Car cette semaine, l'éditeur a annoncé que 'The Jewel of Medina', le livre de Sherry Jones, portant sur Aisha, la jeune épouse du prophète serait annulé, redoutant des montées de violence. Et Salman Rushdie se désolé de ce que RH redoute « de possibles représailles islamistes ».
« C'est de la censure due à la peur, et cela instaure en effet un très mauvais climat », analyse-t-il. Car en s'appuyant sur les commentaires d'une historienne, estimant que le livre « pourrait être offensant à l'égard de certains membres de la communauté musulmane », l'éditeur s'est soudain rétracté.
« Nous respectons l'opinion de M. Rusdhie, mais nous conservons notre position, que nous avons prise après une longue délibération et de vifs regrets », explique RH. On voit mal la maison revenir sur sa décision de toute manière : quelle crédibilité garderait-elle alors ?
'Les versets sataniques' avaient conduits en leur temps à l'assassinat des traducteurs italien et japonais, fut interdit en Inde, incendié par des manifestants en Angleterre. Plusieurs alertes à la bombe avaient frappé Viking Penguin, qui hésita pour le coup à le publier en livre de poche.
« Je suis extrêmement déçu de cette décision », constate Rushdie. L'historienne avait d'ailleurs ajouté que ce livre « pourrait inciter à des actes de violence de la part d'une section petite et radicale ».