Hier s’est ouvert le Salon du livre de Turin, et la polémique enclenchée plusieurs mois auparavant, celle-là même qui avait frappé le Salon de Paris a récidivé. D la différence que cette invitation commémore le 60e anniversaire de la création de l'État. Israël, invité d’honneur de cette édition a motivé les réactions des « extrémistes de droite et de gauche qui viennent à Turin », venus « boycotter » le Salon pour « délégitimer l’État d’Israël », soutient l’ambassadeur du pays en Italie, Gidéon Meir.
Au premier rang, Tariq Ramadam, dont l’appartenance aux Frères musulmans égyptiens est contestée, organisait un colloque sur « le nettoyage ethnique de la Palestine ». Pour lui, la présence de Giorgio Napolitano, chef de l’État italien est « une erreur » qu’il considère comme une évidente « manifestation politique ». La présidence s’insurge et tente de rectifier le tir, en expliquant que Giorgio est présent à « de multiples événements culturels ».
Selon elle, « La critique de la politique du gouvernement israélien est totalement légitime (...) Ce qui est inadmissible ce sont les positions qui visent à nier la légitimité de l'État d'Israël, né de la volonté des Nations unies en 1948 et son droit à l'existence dans la paix et la sécurité ». Et Ramadam de s’attirer alors les piques d’un hebdomadaire de gauche, l’Espresso : il « ne savait probablement pas qu'il est de mauvais goût de critiquer le président de la République en Italie ».
Privilégier la communication
Alors que nombre d’intellectuels avaient décrié toute forme de boycott, n’y voyant qu’un obstacle au dialogue, Wlodeck Goldkorn ajoute : « Un boycott en Europe de l'État juif est d'un goût douteux et ravive des souvenirs que nous préférerions oublier. Cela dit, on aurait dû penser à trouver un espace à l'intérieur de la foire pour le consacrer à l'histoire dramatique des Palestiniens. »
Lors du 1er mai, à Turin, la tension s’était faite palpable, durant le défilé, alors que deux drapeaux israéliens et un américain furent incendiés par des partisans d’extrême gauche. Et à la Chambre de députés, la tension a encore gravi un échelon, lorsqu’un membre de parti postfasciste a semé la discorde par de venimeux propos.
Sécurité maximum
La Foire doit se clore lundi prochain, mais d’ici là, toute manifestation a été interdite à proximité. Ce que le collectif Free Palestine refuse. Les autorités « veulent créer une zone rouge autour de la foire (...) et empêcher toute opinion dissidente », estime le mouvement, voyant là un mouvement sécuritaire plus important que pour le G8.