La lecture fait toujours partie des plus grandes problématiques d'apprentissage au Canada. En effet, en février 2008 une étude montrait déjà que les jeunes étaient moins bons en lecture que leurs aînés à leur âge. Plusieurs constats alarmants ont été faits et des initiatives pour soutenir la lecture ont très vite suivi (comme une campagne publicitaire choc en décembre 2008).
D'autres études ont été révélées comme celle qui indiquait que les activités physiques amélioraient les résultats en lecture. Aujourd'hui, c'est la BD qui est à l'honneur. Le genre a souvent été délaissé voire stigmatisé. Le CCA (Conseil Canadien sur l'apprentissage) affirme que : « Malgré leur popularité auprès des jeunes lecteurs, les éducateurs considèrent encore les bédés comme des lectures inappropriées et qualifiées d’ouvrages jetables de piètre qualité ».
De plus, plusieurs « mythes » relatifs aux BD auraient joué contre elles. En effet, certains pensaient que les BD si elles étaient reconnues prendraient la place d'autres genres littéraires (alors qu'elles sont des « passerelles » qui conduisent les lecteurs à s'intéresser à d'autres genres). D'autres pensaient, qu'elles étaient destinées aux lecteurs immatures (alors qu'elles aident « les lecteurs à développer leurs capacités en matière de littératie et de langage »).
Une étude de l'OCDE citée par le CCA montre que les BD sont le deuxième choix de lectures privilégiées des garçons. Et de préciser qu'en primaire 75 % des garçons lisent des BD contre 50 % des filles.
Un enseignement axé sur les préférences des filles
De manière générale, les filles lisent plus que les garçons. Selon une étude réalisée en 2000, 32 % des filles de 13 aiment beaucoup lire et 73 % lisent au moins 15 minutes par jour pour le plaisir. Chez les garçons 17 % affirment aimer beaucoup lire et seulement 51 % lisent au moins 15 minutes pour le plaisir.
Cela joue bien évidemment sur les capacités en littératie (connaissances en lecture et écriture qui permettent d'être fonctionnel en société). Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de 2006 montre que les filles de 15 ans ont eu 32 points de plus en lecture que les garçons du même âge (dans le détail, les filles étaient « en moyenne au 67e percentile et les garçons, au 54e percentile »).
Cet écart entre les garçons et les filles peut être expliqué en partie par le fait que les bibliothèques scolaires sont remplies de romans que les filles apprécient mais pas les garçons. La BD qui est particulièrement appréciée des garçons n'y est pas la bienvenue.
Le P.D.G. du CCA, Paul Cappon résume : « Pendant des décennies, des tests ont prouvé que les jeunes garçons étaient moins compétents en lecture et n’en tiraient pas le même plaisir que les filles. [...] Les bandes dessinées et les romans illustrés ont le potentiel encore inexploité de combler cet écart en favorisant l’amélioration des compétences en littératie chez les jeunes garçons ».
Réhabiliter les bandes dessinées
En effet, selon des recherches citées par le CCA, elles permettent de développer « bon nombre des mêmes compétences en littératie que la lecture de textes suivis », soit : la compréhension d'une suite d'événements, l'anticipation de la suite de l'histoire, l'interprétation de symboles et enfin la mise en rapport de l'histoire fictive avec sa propre expérience.
De plus, au niveau de la lecture pure, les BD permettent aux lecteurs inexpérimentés d'apprendre à se repérer dans une page (sens de lecture), de « commencer à comprendre la signification d'imprimés sur une page », de déduire les événements entre chaque vignette « et ce même avant qu'ils ne soient prêts à apprendre à lire un texte ».
Paul Cappon conclut par un appel en faveur de la BD : « Il est évident que les bandes dessinées sont aujourd’hui un élément incontournable de notre culture et de notre société. À la lumière des nouvelles données, le moment est venu pour les enseignants et les parents de laisser tomber leurs réserves et de considérer les bandes dessinées comme un bel outil d’apprentissage et d’enseignement ».