Quand on touche à un classique, il faut être très précautionneux, sinon, T’ar ta gueule à la récré ! Mais de toute évidence « Gainsbourg : vie héroïque » dans les salles depuis le 20 janvier dernier est le bébé de Joann Sfar. Tout commence avec la BD jusqu’au film en passant par l’album bande originale (dans les bacs depuis début janvier) et le monsieur n’a pas fait les choses à moitié. Se penchant du côté artistique de la force de Serge Gainsbourg, la bande-son est très bien faite…
Joann Sfar est un rêveur et quand on rêve, il n’est pas incongru de rêver en musique. Et la musique est un leitmotiv’ évident. Gainsbourg lui aussi rêvait et s’inspirait de tout ce qui était autour de lui pour avancer d’où une collection de chanson qui évolue avec le temps, avec l’image. Du noir et blanc avec « Le Poinçonneur Des Lilas » (version les Frère Jacques) après la rencontre -majeur dans sa vie- de Boris Vian s’inspirant de cette plume si singulière à l’époque, jusqu’aux couleurs jamaïquaines avec « Aux Armes Et Caetera » (où il sera incompris), on passe donc de la poésie à la provocation. Du chant à la narration avec « Hotel Particulier » qui marque la cession tirée de l’album Mélody Nelson (1971) qui a inspiré de nombreux artistes anglo-saxons pour la plupart, pour ne citer que Lenny Kravitz.
Des rencontres, des femmes et un jeu de provocation
Gainsbourg est un charmeur et comme Cyrano, il séduit avec la plume et avec les notes. Après sa rencontre avec Juliette Greco (avec « La Javanaise », une reprise fidèle à l’originale) Serge tombe amoureux. Brigitte Bardot incarnée par Laetitia Casta sera sa muse. Très belle performance vocale avec « Bonnie and Clyde » et « Comic Strip », puisqu’elle va jusqu’à reprendre les intonations de BB. Les titres sur l’album sont des extraits du film avec la poésie de la création. Autre moment avec Lucy Gordon (Jane Birkin) qui prête également sa voix. Une voix travailler pour ressembler au plus près de celle de Jane sur « Le Canari est sur le Balcon ». Les autres chansons sont des versions originales.
Aussi en plein cœur de l’époque des yéyés, pour le poète, il serait intéressant d’aller frapper à la porte des jeunes représentants de cette scène. C’est donc tout naturellement que France Gall (Sara Forestier) sera la nouvelle égérie de la mode Gainsbourg qui veut s’amuser à débaucher les jeunes. Cette rencontre est un autre temps fort dans la vie de Gainsbourg. La jeune femme en fleur (encore mineure quand elle rencontre Gainsbourg) fait toujours ce qu’on lui demande et l’homme tête de chou aime les jeunes vierges artistiquement. Il va lui apprendre toutes les choses les plus délectables au point de proposer et remporter l’eurovision avec « Poupée de cire, Poupée de son ».
Il va lui écrire également entre autre « Baby Pop » que l’on retrouve sur la BO. Alors là par contre, c’est un vrai bémol. Il est vraiment difficile d’écouter la chanson dans son intégralité. Un clin d’œil à la réputation de la jeune femme qui à ses débuts ne comprenait pas toujours ce qu’elle chantait. Un vrai jeu d’autant plus amusant pour le compositeur.
On reprend mais on ne copie pas
Alors, il est vrai qu’en allant voir le film nous avons en tête les classiques. Toutefois Gainsbourg c’est une histoire et pas n’importe quelle histoire. Le choix des morceaux illustre parfaitement les moments majeurs de la vie de Serge comme avec « Nazi Rock » qui est la piqûre de rappelle que Lucien Ginsburg est juif, russe, vivant dans une France occupée. Alors, ici pas question de confondre bande originale du film avec un autre best of. Chaque acteur participe à la version musicale sous la houlette de Olivier Daviaud qui signe les arrangements. Ainsi, « Elaeudanla Téitéia » est bien plus jazzy que l’original, tout comme la reprise de Dionysos de « Nazi Rock » qui pour le coup est vraiment rock, avec les grosses guitares indé !
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