Dès lors que l’on s’intéresse à la littérature ensablée, il n’y a plus de fin à la quête : aux étals des bouquinistes, des dizaines de livres, soudain, vous attirent. En d’autres temps, je veux dire en ces temps où l’on ne s’arrêtait qu’aux seules célébrités, guidé par les manuels officiels de tourisme littéraire, on eût à peine jeté un coup d’œil aux vieux volumes, et passé son chemin après en avoir, d’une main lasse, égrené les piles comme un jeu de cartes, avec cette bonne conscience de celui qui sait. Mais voilà, les noms inconnus il y a encore un an me disent quelque chose. Je suis comme celui qui apprend une langue étrangère, tout surpris, un jour, de comprendre les bribes d’une conversation.