annoncé la voici : la nouvelle librairie en ligne du groupe Penguin Random House a été ouverte au public hier, a indiqué The Guardian. Nommée « My independant bookshop », elle entend soutenir l'économie de la librairie indépendante tout en proposant aux utilisateurs un réseau social fondé sur les ventes de livre et le dialogue entre les lecteurs.
Le principe est simple, et ressemble presque à un jeu : chaque utilisateur qui s’inscrit ouvre une librairie, remplit ses propres étagères, publie ses conseils de lecture, parle de ses goûts, critique, discute… Le tout dans une interface qui imite la géographie d’une librairie physique : par exemple, une étagère spéciale permet à chacun d’exposer ses 12 livres favoris accompagnés d’un court commentaire.
La librairie personnelle de chacun n’est cependant pas une bibliothèque : c’est bien une librairie qui permet de vendre et d’acheter des livres. En effet, le but du site est bien de venir en aide aux libraires indépendants britannique, dont le nombre est tombé en dessous de mille cette année. Déjà 70 magasins sont partenaires du site, et ce dernier espère en récolter quelques centaines. Le but du site est donc bien de contrecarrer le déclin des libraires indépendants, en leur offrant tous les outils pour se battre sur le même terrain qu’Amazon.
Ainsi le site prélève-t-il 5 % du prix de chaque livre papier vendu, et 8 % pour les ebooks, afin de les reverser aux librairies indépendantes. Il est également partenaire du site Hive, qui avait déjà ouvert une plate-forme proposant un service similaire en 2011. Pour le groupe Penguin Random House, il pourrait bien en outre servir d’observatoire des lecteurs et des tendances.
Dan Franklin, éditeur numérique chez Penguin Random House a effectivement tenu à préciser que les desseins du site internet étaient moins de gagner « plus d'argent » que de voir naître des profits d'une autre nature. « Les données qui découlent de l'utilisation du site sont très précieuses. Nous pouvons observer quelles sont les tendances, quels livres sont populaires et quelles catégories de personnes sont actives. »
Pour autant, Franklin a pris soin de préciser que Penguin Random House n'entendait pas concurrencer le ponte de la distribution : « Amazon est un de nos partenaires et il va dans notre intérêt de soutenir son action. » Le site entend déjà se distinguer de son homologue avec les méthodes employées. En effet, contrairement à Amazon, les éditeurs ont préféré se passer des algorithmes « intrusifs » utilisés par Amazon pour proposer au lecteur d'autres achats : sur My independent bookshop, les recommandations viendront des utilisateurs.
Pour faciliter la spontanéité de son accès,
le site a simplifié au maximum les formalités d'inscription
Durant le mois d'essais qui a précédé l'ouverture du site, de nombreux auteurs ont pu tester la plateforme. Sur la page d'accueil du site, on peut voir un commentaire du romancier anglais Terry Pratchett « My independent Bookshop nous donne la possibilité de découvrir de nouveaux univers d'une façon intéressante. Allez-y, farfouillez, vous ne savez jamais ce que vous trouverez. » Plusieurs auteurs anglophones ont déjà leur compte - ou plutôt leurs librairies - sur le site. Outre Terry Pratchett, on y retrouvera également l'auteur de Trainspotting Irvine Welsh ainsi que Lisa Jewell, Alastair Campbell, et Tony Parsons.
Pour Colin Telford, chargé de l'organisation des évènements sur le site, il s'agit d'une « une façon d'avoir un dialogue plus direct avec les consommateurs ». C'est que My Independent Bookshop entend bien être un moyen de réagir à la révolution numérique, en assurant la correspondance entre le monde des smartphones et d'internet, avec celui des librairies indépendantes et des formats papier.
Selon lui, le déclin de la librairie indépendante a atteint ses limites, avec des libraires désormais de plus en plus tournés vers les réunions, les débats, les cafés littéraires - « l'happening » culturel impossible de par leur nature sur les librairies en ligne. « Ces librairies indépendantes vont probablement durer grâce à des stratégies de survie originales », a-t-il conclu. Si l'éditeur et demeuré discret quand au nombre d'utilisateur attendu, il n'en espère pas moins qu'un grand nombre de lecteurs et d'institutions viendront profiter de la nouvelle plateforme.
Même si le site est pour l'instant destiné aux Anglais, on ne peut pas moins faire un tour sur sa page d'accueil ici, ne serait-ce que par curiosité, ou pour jeter un oeil sur son interface soignée.