Alors, certes, on reconnaît à tout auteur le droit légitime de prendre son temps, pour écrire. Certains ont le sens de la finition, du détail crucial... mais dans le cas de George RR Martin, non seulement l’hiver est long à venir, mais en plus, les saisons semblent ne jamais prendre fin. Des scientifiques ont même établi une théorie, pour expliquer pourquoi été ou hiver durent parfois des années dans Game of Thrones... Si, si, c’est très sérieux...
Le 22/12/2017 à 18:13 par Nicolas Gary
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22/12/2017 à 18:13
“Tu trouves pas que ça s'est refroidi ?”
Des chercheurs des universités de Bristol, Cardiff et Southampton se sont penchés sur la question de la saisonnalité dans les romans de GoT. Car force est de constater qu’un phénomène étrange est à l’œuvre : en effet, avant que n’arrive un hiver rigoureux et violent sur le Royaume des Sept Couronnes, l’été qui précédait dura 10 années. Plutôt inédit.
Eh bien pas tant que cela : le phénomène existe bel et bien et l’on peut d’ailleurs le retrouver sur notre propre planète. Cette extension de la durée des saisons serait expliquée simplement : l’inclinaison de l’axe de rotation de la planète, lorsqu’elle tourne autour du soleil, est à la base des saisons. Attendu que la Terre se déplace autour de son étoile, la révolution implique que l’on n’a pas la même durée d’exposition pour les hémisphères – et l’énergie solaire qui parvient diffère en fonction de l’éloignement.
Dans le cas des deux continents de l’univers du Trône de fer, Westeros et Essos, c’est la même chose. Mais pour aboutir à des saisons qui n’en finissent pas, il fallait passer par une modélisation simulant le climat global.
Les observations faites montrent que du côté du Mur, où l’on retrouve les Marcheurs Blancs, le climat est hivernal, un peu comme ce que l’on trouve en Laponie. En revanche, Casterly Rock, la forteresse des Lannisters, c’est plutôt la météo de Houston (Texas) ou celle de Changsha (Chine).
Par la suite, les chercheurs ont extrapolé un principe de réchauffement climatique – rendu possible par l’émission de dioxyde de carbone et de méthane des dragons, mais également la multiplication des incendies. Tout cela engendrerait une concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, qui seraient donc doublés.
Carrie Lear, de l’Université de Cardiff, explique : « Ce travail est assez amusant, mais avait un côté sérieux. Les modèles climatiques simulent des processus physiques réels, qui fonctionnement à la fois dans le cas de refroidissement et de réchauffements climatiques. » Et les conclusions n’en sont pas moins sérieuses : l’apparition de saisons durant de nombreuses années serait possible, attendu que le même hémisphère serait donc seul incliné vers le soleil. Ce qui donne cela, d'après l'étude.
Pour mieux appréhender ce qui se passe véritablement notre planète, et mieux cerner le phénomène, voici une vidéo très explicative.
Or comme le réchauffement climatique introduit une perturbation de l’inclinaison de l’axe de rotation – que les scientifiques ont baptisé tubmling, ou culbute. Le professeur Dan Lunt, de l’École d’études géographiques de l’Université de Bristol, ajoute : « Parce que les modèles climatiques sont basés sur des processus scientifiques fondamentaux, ils peuvent non seulement représenter le climat de notre planète, mais également d’autres, réelles ou imaginaires, à compter du moment où l’emplacement des continents, les montagnes et la profondeur des océans sont connus. »
En somme, les habitants ont peu d’espoir de voir le cycle des saisons se modifier, puisque leur planète semble dégringoler sur sa propre orbite. L’hiver arrive bel et bien et durera autant d’années que la planète poursuivra cette chute. Sur Terre, c’est l’inverse : nous allons vers un réchauffement climatique, dont la gravité sera définie par nos propres actions. Nous n’avons pas de dragons, mais on a des voitures.
Voilà qui apportera dans tous les cas de l’eau au moulin de ceux qui voient dans la saga de Martin une forme d’allégorie sur les mutations qu’engendrent les modifications climatiques. Dans une interview de 2013, l’auteur lui-même assurait à propos du changement climatique : « C’est quelque chose qui ne peut pas être séparé de la race humaine. » Et d'ajouter : « Les choses qui se passent dans notre monde, comme le changement climatique, c’est, vous savez, une menace pour le monde entier, en fin de compte. Mais les gens l’utilisent comme une sorte de jeu politique, au lieu... enfin, vous voyez : on pourrait croire que cela parvienne à unir tout le monde. »
si la menace des Marcheurs Blancs est niée par certains groupes dans les livres, on y retrouve assez aisément une similitude avec les propos des écosceptiques... L’ensemble des recherches est disponible à cette adresse.
Juste pour s’amuser, voici d’ailleurs ce que pourrait donner le monde de GoT s’il prenait place en 2019.
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
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