Une collection de manuscrits du XVIe siècle — y compris des lettres, des décrets royaux et d’autres documents juridiques — a été volée aux Archives nationales du Mexique, avant de réapparaître dans des galeries et maisons de vente aux enchères. Parmi ces documents à la valeur historique inestimable, une lettre écrite par Hernán Cortés, le tristement célèbre conquistador qui fit tomber, avec une poignée d’hommes, l’Empire aztèque finissant.
Le 28/09/2021 à 11:17 par Hocine Bouhadjera
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Publié le :
28/09/2021 à 11:17
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Les restitutions de trésors historiques après des vols avérés continuent. Alors qu’ActuaLitté évoquait les restitutions réalisées par les États-Unis d’objets pillés en Irak, dont une tablette de la célèbre épopée de Gilgamesh, c’est au tour du Mexique de se voir restituer des objets volés retrouvés à la vente sur le marché de l’art.
Le gouvernement mexicain, en collaboration avec le bureau d'enquête de la sécurité intérieure et le bureau du procureur américain à New York, a en effet récupéré un certain nombre de manuscrits du XVIe siècle qui auraient été volés dans des archives au Mexique pendant plusieurs années.
Les documents ont été officiellement remis à Marcelo Ebrard, secrétaire d’État mexicain aux Affaires étrangères à New York : 15 pièces associées au conquistador espagnol Hernán Cortés, dont un décret royal signé par la reine d’Espagne en 1529 autorisant « le retour de Cortés dans les colonies » et une lettre écrite par Cortés lui-même. Une figure historique et controversée qui organisa à son époque le pillage de trésors aztèques notamment pour la couronne d’Espagne, outre celui de l’or, ou encore s'appuya sur la pratique de l’esclavage.
Des chercheurs de l’Université nationale autonome du Mexique (l’UNAM) ont découvert la lettre du conquistador en vente via les galeries new-yorkaises Swann Auction. Ils ont alors alerté les experts des Archives nationales, qui ont réussi à faire retirer la lettre d’une vente en septembre dernier, et déclenché une enquête.
PATRIMOINE : La tablette de Gilgamesh volée enfin rendue à l’Irak
« Moctezuma communique à Cortés qu’il reconnaît le roi d’Espagne comme le successeur de l’empire mexicain. » (Vision espagnole)
Des archives nationales victimes de vols à répétition
La lettre de Cortés est datée de 1521 et aurait été dérobée dans les Archives nationales de Mexico. Sous financée et pointée pour sa mauvaise gouvernance, cette institution aurait vu les vols se multiplier au fil des ans. Le directeur des Archives nationales, Carlos Ruíz, en fonction depuis 2018, a dénoncé ces agissements comme un « pillage éhonté des Archives nationales à des fins commerciales ».
Outre les archives volées, un certain nombre d’artefacts ont également été récupérés lors de l’opération. « Le monde de l’art doit reconnaître que les artefacts volés ne sont pas seulement des biens de collection, mais des preuves de crimes culturels commis dans le monde entier », a également rappelé Nitin Savur, procureur adjoint en chef du bureau du procureur du district de Manhattan.
Les objets récupérés sont un succès bienvenu pour le gouvernement mexicain, qui a déclaré que la récupération de son « patrimoine national » pillé est une priorité culturelle.
La politique de rapatriement du gouvernement américain, pour sa part, a notamment facilité la restitution volontaire à l'Irak de 17.000 autres objets d’art qui avaient été pillés au cours des dernières décennies. Au cours de la seule année 2021, des objets de valeur ont été également rendus aux populations du Pakistan, du Cambodge, de la Thaïlande, du Népal et du Sri Lanka.
Des restitutions au Mexique bienvenues, lors d'une année où sont célébrés les 200 ans de l'indépendance mexicaine acquise en 1821 vis-à-vis du Royaume d'Espagne. Cependant, des couacs persistent : 300 objets précolombiens, dont plusieurs provenant de Michoacán et de Veracruz, ont été vendus à l'occasion d'enchères allemandes, sans que le gouvernement n’ait réussi à l’empêcher.
Crédits : Manhattan District Attorney’s Office
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
1 Commentaire
Aradigme
29/09/2021 à 10:06
La phrase "Hernán Cortés, le tristement célèbre conquistador qui fit tomber, avec une poignée d’hommes, l’Empire aztèque finissant." me paraît une vue partielle et donc partiale de l'histoire.
Cortès disposait de quelque six cents hommes et pénétrait dans un empire peuplé par plusieurs millions de sujets de Moctezuma. Il va de soi qu'il entreprenait une exploration, pas la conquête d'un empire dont il ignorait d'ailleurs l'existence avant d'y arriver. Lors de sa progression, il est attaqué une première fois par les guerriers de l'État de Tlaxcala et remporte la victoire. Il poursuit sa route et entre ensuite en territoire aztèque à Cholula où il est reçu très aimablement, mais ce n'est qu'un piège. Les Aztèques ont prévu de massacrer tous les Espagnols dans leur sommeil. Averti par un indien soumis aux Aztèques, Cortès prépare ses troupes et remporte ce second combat.
L'Espagnol a depuis quelque temps compris que les Aztèques règnent par la terreur sur de multiples peuples conquis qui servent de réservoir à leurs sacrifices humains. Il les fédère et les soutient dans leur lutte pour se libérer d'un joug qu'ils ne supportent plus.
Cortès n'a pas conquis le Mexique avec six cents hommes face à des dizaine de milliers de guerriers aztèques. Il a constitué le catalyseur d'une révolte qui couvait depuis longtemps.
Cortès en libérateur des opprimés? Cette interprétation en vaut bien une autre, même si elle est bien entendu également partielle et donc partiale. L'Histoire possède toujours de multiples facettes.