Pour certains, les souvenirs liés à Madame de Sévigné remontent au collège ou au lycée. Pour d’autres, cela reste un nom qu’on situe vaguement au XVIIe siècle et qu’on associe à l’écriture épistolaire. Mais, pour les plus informés, c’est une écriture magique qui nous fait pénétrer de l’intérieur dans le siècle de Louis XIV à travers la lecture d’une correspondance, privée au départ, entre une mère et sa fille.
Le 19/11/2022 à 10:09 par Victor De Sepausy
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Publié le :
19/11/2022 à 10:09
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Quand on se promène dans le quartier du Marais à Paris, on peut soudainement se retrouver devant une plaque précisant que Madame de Sévigné (1626-1696) a vécu là, avant son mariage en 1644. En relevant la tête, on se trouve devant un bel hôtel particulier, l’hôtel de Coulanges, situé 35-37 rue des Francs-bourgeois.
Propriété de la ville de Paris, ce bel endroit accueille aujourd’hui différents groupes d’artistes. Mais l’épistolière est née et a vécu jusqu’à ses onze ans place Royale, au sein d’un autre hôtel appartenant aussi à la famille Coulanges, construit en 1607 par Philippe Ier de Coulanges, le grand-père maternel de Madame de Sévigné.
Son nom de Sévigné lui vint de son mariage avec Henri de Sévigné issu de la vielle noblesse bretonne. Si elle se fit appeler marquise, comme lui marquis, le titre n’était pas véritable. En revanche, la famille de son mari remonte au XIIIème siècle, avec pour berceau la seigneurie de Sévigné en Gévézé dans le département de l’Ille-et-Vilaine, en Bretagne. C’est de là que vient le nom de la commune aujourd’hui rebaptisée Cesson-Sévigné en 1921. Si l’on cherche location Cesson-Sévigné, on se rend compte de la localisation, à proximité de Rennes. La ville fait même partie de Rennes Métropole, avec une population en plein essor qui vient s’approcher des 20 000 habitants.
Orpheline dès l’âge de sept ans, l’épistolière connut de nombreuses demeures, mais chercha toujours à rester au sein du Marais, le lieu par excellence de la haute société au XVIIème siècle. Après son mariage avec Henri de Sévigné, d’origine bretonne, elle a deux enfants, Françoise qui sera la destinataire de la plupart de ses lettres, et Charles, le fils tendrement aimé mais au comportement turbulent.
Il faut dire que ce qui nous doit l’importante correspondance que l’on a la chance de lire aujourd’hui, c’est l’éloignement rapide de la fille et de la mère. En épousant François Adhémar de Monteil de Grignan, Françoise va suivre son mari. Ils vivront pendant près de quarante ans au sein du château de Grignan dans la Drôme provençale.
Madame de Sévigné se retrouvera rapidement seule pour élever ses deux enfants, son mari étant tué en duel en 1651 alors qu’elle n’a que vingt-cinq ans. Si de son côté elle était richement dotée, son mari avait quelques dettes, ce qui lui causa bien des soucis par la suite. Il faut dire que rapidement le mariage bat de l’aile. Henri mène une vie de célibataire à Paris, multipliant les maîtresses et les dépenses déraisonnables, au point que la situation du couple inquiète la famille de l’épistolière.
Mais, en contrepartie, elle hérita d’un beau domaine, celui des Rochers, dans lequel elle passa de nombreux étés. Situé à proximité de Vitré en Ille-et-Vilaine, ce manoir gothique du XVème siècle est aujourd’hui inscrit aux monuments historiques. Madame de Sévigné, qui a signé nombre des lettres envoyées à sa fille depuis ce château, a profondément remodelé la demeure. Elle a créé un jardin à la française, une chapelle.
Le Château des Rochers Sévigné peut se visiter. On a accès à la chapelle et une partie du manoir permet de découvrir des portraits de la famille, mais aussi des objets ayant appartenu à l’épistolière. La propriété comporte aujourd’hui un golf ainsi qu’un restaurant.
Quant à l’hôtel Coulanges, situé place Royale, il a connu une destinée compliquée après le rachat en 1963 par Béatrice Cottin, fille d’un riche banquier. Les lieux sont à l’abandon et la propriétaire s’épuisera à tenter de rénover l’ensemble. Le bâtiment finira squatté. C’est aujourd’hui Xavier Niel qui a mis la main sur ce joyau en perdition pour la modique somme de 33 millions d’euros. Une partie des espaces devraient être ouverts au public.
Crédits illustraion Pexels CC 0
Par Victor De Sepausy
Contact : vds@actualitte.com
1 Commentaire
NAUWELAERS
26/11/2022 à 02:28
Le genre de chronique qui m'enchante, bravo !
CHRISTIAN NAUWELAERS