Depuis le 15 août 2021, les talibans ont repris le contrôle de l’ensemble du territoire afghan. Aujourd’hui, le pays risque fortement de retomber dans l’obscurantisme de la fin des années 1990. Pour éviter un tel fléau, la bibliothèque de l’UC Berkeley, l'Université de Californie, a lancé un projet pour archiver les sites web afghans menacés de disparition sous le régime taliban.
Le 07/10/2021 à 14:55 par Marion Clousier
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Publié le :
07/10/2021 à 14:55
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Ce projet a débuté dès la prise de pouvoir par les talibans. Liladhar Pendse, bibliothécaire chargé des collections relatives à l’Asie centrale et à l'Europe de l’Est, s’est expliqué : « L’arrivée des talibans à Kaboul a suggéré que ces sites web pourraient être supprimés, et les artistes, journalistes et militants basés en Afghanistan et leurs tweets pourraient disparaître de la vue du public, ou même leur valoir des sanctions. »
AFGHANISTAN : protéger les bibliothèques et leurs collections
L’objectif de cette mission consiste à « explorer et à préserver de manière sélective les sites web susceptibles d’être supprimés », a-t-il ajouté. Cette collection est mise à disposition à des fins éducatives et de recherche.
Des craintes des plus justifiées lorsque l’on considère l’arrivée des talibans en 1996. Ali Karim, universitaire à l’Université de Pennsylvanie, est revenu sur ce jour où il enterra ses livres, écrits en persan. Avec l’arrivée des talibans au pouvoir cet été, il rapporte à ABC News que « beaucoup de gens enterrent [de nouveau] leurs livres ». En somme, c’est toute la culture afghane qui est menacée, comme en témoigne l’attaque contre le bâtiment administratif des Archives nationales afghanes durant cette terrible semaine.
INTERNATIONAL : avec le retour des Talibans, les livres disparaissent
C’est l’ensemble du patrimoine culturel de l’Afghanistan — poésie, cinéma, musique, art, entre autres — qui est en danger. Ahmad Rashid Salim, auteur et universitaire qui étudie la pensée islamique et persane à l’Université de Californie à Berkeley, a insisté sur les préoccupations liées à ce nouveau régime : « Cela devrait vraiment inquiéter [...] les gens ont conscience que ces types d'actes barbares ne devraient pas avoir lieu, et nous ne devrions pas normaliser un groupe qui a des antécédents d'actes de violence vraiment obscènes - violence culturelle, violence historique - et a infligé des dommages à l'histoire littéraire et à l'histoire du monde. Cela ne doit pas être pris à la légère. »
Être confronté de nouveau à un tel niveau de violence pourrait être d’autant plus destructeur pour la culture d'un pays qui a connu une grande renaissance durant ces 20 dernières années. Ce serait une attaque directe contre la diversité ethnique et linguistique du pays, qui a vu naître toute une nouvelle génération d’auteurs, et plus largement d’artistes.
Devant les caméras des télévisions américaines, les talibans s’étaient engagés, dans un décret, à préserver les Archives nationales, le Musée national, les bibliothèques et autres installations gouvernementales.
Toutefois, Salim a bien rappelé que « [L]es talibans sont un groupe extrémiste armé qui est enraciné dans le déploiement de la violence. […] Quand vous tuez l’histoire, quand vous tuez la langue, quand vous tuez des leaders, quand vous tuez des intellectuels, quand vous tuez les chefs religieux et spirituels d’une société, vous pouvez faire ce que vous voulez avec les gens qui n’ont plus de passé. » D’où l’importance d’une aide internationale pour protéger l’Histoire du peuple afghan…
via Infodocket, ABC News
Crédit : , illustration, image par WikIlmages, Pixabay
1 Commentaire
Historia
13/10/2021 à 07:47
On rappelle que les Afghans sont à 85% d'accord avec la charia et les Talibans. Ça s'appelle la démocratie : ils ont ce qu'ils veulent...
Et puis parler d'obscurantisme pour parler d'un autre mode de vie discrédite toute discussion : c'est la rhétorique habituelle américaine ou révolutionnaire qui place le camp du Bien (©) contre celui du Mal.