Il y a de quoi hurler de rire, tant le lavage de cerveau opéré par les lobbyings anti-piratage fonctionne bien aux États-Unis. À ce titre, Samantha Tumpach risque de se souvenir à vie du 29e anniversaire de sa soeur. Pour la célébration, la famille décide de se rendre au cinéma, dans le Muvico Theater situé à Rosemont.
Appareil photo dans la main, Samantha shoote tout ce qui bouge avant le début de la séance et réalise un bref film de ses parents en train de chanter l'incontournable 'Happy Birthday'... Jusqu'ici tout va bien. Mais Samantha a aussi eu la mauvaise idée de filmer quelques séquences de bandes-annonces et du film, New Moon, avec ses commentaires. Quatre minutes de volées en tout...
Dans son programme de lutte anti-piratage, la MPAA, Motion Picture Association of America, association de défense des droits de l'industrie du cinéma, a lancé une campagne de dénonciation, contre espèces sonnantes et trébuchantes. Les employés des cinémas du pays sont ainsi invités à traquer dans une salle toute personne susceptible de réaliser une copie frauduleuse du film en cours de projection... Et seront récompensés pour cela.
en prison, tu finiras...
C'est ce qu'un imbécile quelque peu zélé a décidé de faire : il dénonce les 4 minutes volées par Samantha, qui va être assimilée à une piratesse de grande envergure et remise à la police. Laquelle, pour une fois, se montrera un peu moins à la hauteur de son usuelle réputation... Elle explique sa situation et finalement, les policiers s'avèrent plutôt compréhensifs. On pourrait s'arrêter là, mais ce serait trop simple.
Car les gérants du cinéma ont décidé de porter plainte malgré tout - Samantha encourt alors une peine de trois ans de prison en cas de condamnation. La famille est estomaquée. Et pour cause. La voilà en attente de comparution devant la cour pour enregistrement illégal d'un film, après avoir finalement passé deux nuits en prison.
Un peu de bon sens, par pitié !
Et l'impensable se produit. Dans le Chicago Sun, voici que Chris Weitz, directeur du film prend la défense de la piratesse, estimant qu'il faut pas pousser la momie dans les orties. « Inutile de le dire : l'affaire me paraît terriblement injuste et je tiens à faire ce que je peux pour régler ce problème », explique-t-il. Dans un email, il précise : « Il y a bien entendu une différence entre essayer de protéger les droits d'auteur d'un film et faire un exemple injuste avec quelqu'un qui ne semble manifestement pas avoir eu l'intention de pratiquer le piratage vidéo. »
Belle intervention, sensée, et vive, mais qui n'empêchera pas Samantha de passer en jugement. « Ce n'était rien de plus qu'une fête d'anniversaire où des photos ont été prises. Tout cela est absurde », clame l'un de ses avocats. Et manifestement, les procureurs auront penché de ce côté, puisqu'au sortir de l'audience, Samantha est finalement exempte de toute accusation. La cour a décidé que la plainte n'était pas recevable.
Une petite Samantha tout de même « traumatisée », explique son second avocat et qui souhaite maintenant que l'on oublie cette affaire.