Sur le fil d'une corde raide jusqu'A Jreida. Confluence de mon destin

Jusqu'à la corde signé Lionel Destremau est une pépite littéraire qui combine habilement le suspense d'un roman policier avec la profondeur d'une saga familiale. Lorsque le corps d'un jeune garçon est découvert, à demi enfoui sous des feuilles dans une forêt dense, c'est l'inspecteur Filem Perry qui est désigné pour démêler cette énigme.

Sa première piste ? Un objet intrigant : une boîte à musique trouvée non loin de la victime. Au gré de ses recherches, Perry va croiser des individus aux parcours singuliers : un héritier d'une grande dynastie industrielle, un militaire en fuite assoiffé de vengeance, une adolescente innocente tombée amoureuse du mauvais individu, et surtout, Arkan Neria, une figure dominante dont le parcours étonnant l'a conduit des plantations de coton aux scènes des cabarets de Caréna, des combats de boxe aux exploits aériens.

Ce récit, mélange subtil d'enquête criminelle et de narration épique, nous transporte dans un univers riche en émotions, en mystères et en découvertes. Lionel Destremau démontre une maîtrise remarquable de l'art narratif, en créant une trame où chaque personnage est finement dessiné et où l'ambiance, par moments lourde, par moments nostalgique, nous captive dès le début.

Voici une œuvre unique qui ravira aussi bien les passionnés de thrillers que les fervents de littérature raffinée. Une certitude demeure : cette histoire vous marquera longtemps après avoir tourné la dernière page.

« Avoir une nationalité, un amant, une famille, un collègue, un voisin… la mère voit bien que toutes ces attaches sont fondamentalement absurdes, étant donné qu’elles sont accidentelles – mais elles sont en même temps les tyrans de toute vie. » 

Blandine Watkins, mystique fascinante, vit avec trois colocataires dans un HLM d'Indiana. Victime d'un passé troublé et de relations tendues, elle trouve refuge dans la spiritualité pour surmonter l'âpreté du monde. Tess Gunty, dans son premier roman « Écoutez-moi jusqu'à la fin »,lauréat du National Book Award 2022, dépeint l'Amérique postindustrielle et ses victimes du capitalisme par une multitude de points de vue. Humour, bizarrerie et réalisme magique s'entrelacent pour illustrer les ravages sociaux, économiques et culturels de cette Amérique dérangée. Une œuvre dense sur la solitude, la fragilité, et la quête de liberté. 

Il ne sera pas dit que le tome 6 de Neuro sera un tome anodin. En effet, Yusei Matsui indique dans sa préface que les épisodes de ce tome seront « un des points culminants de l'histoire ». C'est donc avec un grand appétit que nous avons ouvert ce sixième tome.

La ville connaît à nouveau une vague de crimes non élucidés. Ils portent tous la même signature, des femmes avec de beaux cheveux se font assassiner. Le meurtrier leur tranche la tête, et coiffe leurs cheveux, avant de jeter la tête dans un parc. Personne ne l'a jamais vu faire et le principal suspect possède un alibi en béton.

Toutefois Neuro, ne semble pas vraiment intéressé par cette affaire. Depuis qu'il a placé Godai à la tête de la société d'information (voir tome 5), il a fréquemment des mystères à se mettre sous la dent. Il craint que le mystère de ces meurtres ne soit pas assez savoureux pour lui et ne compte pas dépenser son énergie inutilement. Dans le doute, il charge Yako d'enquêter, mais comme ses cheveux ne risquent pas d'attirer l'oeil du « barbier trancheur », il la met en symbiose avec Akane.

Des dessins encore plus fous

Effectivement, et on le sent dès les premières pages, le tome 6 de Neuro est particulier. On a beau s'être habitué au style graphique complètement fou de Yusei Matsui, on est tout de même surpris. Le mangaka a vraiment pris du plaisir à le construire et l'a pensé comme un tout et ça se voit. Le délire graphique ne s'étale plus seulement dans les cases mais sort carrément du cadre, pour proposer des détails loufoques un peu partout dans la page. L'auteur s’est aussi permis d'émailler son titre de quelques jeux, que les lecteurs prendront plaisir à découvrir. Non seulement Neuro tome 6 est beau, délirant, surprenant mais en plus il est ludique.

Au niveau du scénario, on retrouvera avec plaisir l'humour sadique qui fait le charme de Neuro et deux intrigues bien ficelées. On verra aussi réapparaître des personnages, qui nous avaient marqués et qui ont une certaine importance dans le développement de l'histoire. Godai n'apparaît pas dans ce tome et Neuro est encore une fois un peu en retrait. Akane aura droit à son petit quart d'heure de gloire mais celle qui est surtout mise en avant c'est Yako.

'Un des points culminants de l'histoire'

La lycéenne est en pleine interrogation, elle se demande ce qu'elle apporte vraiment à Neuro et comment faire pour ne plus être un boulet pour lui. Ce qui constitue un grand changement d'attitude de la part de Yako, qui s'est au départ retrouvée impliquée malgré elle dans cette histoire de détective mais qui semble y prendre réellement goût maintenant.

Ce tome est un peu comme un point de suspension. Il marque le changement de Yako et ce changement va entraîner un basculement dans la façon de traiter l'histoire. Il fait le lien entre des personnages du passé et les résolutions pour l'avenir. Il est bourré de folie graphique, de jeux et d'humour. Et il se clôt sur une terrible note de suspens qui laissera le lecteur stupéfait et l'histoire en suspens. Le prochain tome sera à n'en pas douter très riche. Nous n'en dirons pas plus pour préserver les surprises de ce Neuro tome 6.

Neuro, Le Mange-Mystères tome 6, sur le fil du destin de Yusei Matsui est édité par Glénat. Il compte 192 pages et vous pourrez vous le procurer pour 6,50 €.

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Deux nouveautés pour l'été :

Heures de Corse, de Jean Lorrain, 1905.
et
Promenades en Corse, de René Bazin, 1913, extrait de « Nord-Sud ».

Si le nom de Jean Lorrain évoque surtout les excentricités d’un dandy des années folles, on a oublié qu’il était, à la fin du XIXe siècle l’un des chroniqueurs les mieux payés des journaux parisiens. On ne lit plus guère ses romans ou ses poèmes, on ne joue plus ses pièces au théâtre, mais on peut redécouvrir avec bonheur le récit des escapades qu’il fit en Corse. Et pour elle, il a trempé sa plume dans une encre moins acide que le vitriol dont il se servait pour critiquer ses contemporains.

Lorsqu’il publie Nord-Sud en 1913, René Bazin est membre de l’Académie française depuis dix ans déjà. Il tombe sous le charme des beautés de l’île et plaide pour le sort de ses habitants : « […] de quoi vivent-ils ? C’est leur secret. Je les ai vus cueillir l’olive et la châtaigne ; ils restent maigres ; ils dépensent en politique un beau goût d’aventure, en querelles locales un courage ombrageux ; ils n’aiment au fond que la Corse, que la très pauvre Corse. »