Lettres à Nathanaël. Une invitation à la psychanalyse

A la manière de  (Exercices de style), cet ouvrage malicieux raconte de 60 manières différentes l'histoire d'un chat qui essaie d'attraper un oiseau et tombe à l'eau.

60 textes courts et vifs, amusants, très rythmés, à lire à voix haute de préférence pour apprécier pleinement le jeu sur les sonorités.

Avec beaucoup d'imagination et de plaisir, Gille Barraqué décline son texte selon son humeur.

Les recettes d'ailleurs entraînent le lecteur d'Amérique au cercle polaire, jusque dans l'espace. (« Il globait tranquillement à côté de sa soucoupe, près d'un lac d'ammoniaque »). Les recettes gourmandes sont savoureuses par leur double-sens. (Sauce fromage : j'étais en train d'écouter du rock fort. ») Les recettes hier et aujourd'hui mettent le lecteur à contribution (sauce rébus, sauce calligramme, sauce SMS), stimulent son activité cérébrale sans ennui.

Les recettes à la sauce fantasy,  « La gardienne du Görgol.1 »  sont un vrai clin d'œil doucement ironique, à un genre populaire, dont la particularité est de produire des histoires à rallonge. Les recettes expérimentales, attachées à la mécanique du texte, sont ingénieuses et farfelues, rendent hommage à Georges Pérec et aux contraintes littéraires  de l'Oulipo (Crème d'E et Salsa à l'a, i, o, u).

Page après page, le lecteur (jeune ou même adulte) se pique au jeu, se laisse entraîner par une tonalité gaie et moderne, apprend sans contrainte, progresse dans l'art du jeu littéraire, jubile même parfois de la finesse du texte, du ton légèrement moqueur et subtil.

Il a envie, à son tour de s'initier au défi, de proposer sa version et de la partager. Les jeux de langue semblent inépuisables, sans cesse renouvelés, intelligents et astucieux.

Décidemment la langue française est pleine de ressources épatantes et gourmandes, jamais ennuyeuses. A déguster sans modération et à partager en totale convivialité ; le plaisir sera garanti.

Ne pas manquer non plus la page autobiographique de l'écrivain et de l'illustrateur, Gaëtan Dorémus.

Texte adapté au programme scolaire, dès 10 ans.

On le savait peu futé, et à vrai dire, la Terre entière est soulagée de la savoir aux commandes d'une bibliothèque désormais. Encore que...

Pourtant, ses frasques n'ont manifestement pas fini de faire le tour du monde et un ancien porte-parole du gouvernement le démontre avec sagesse. Il faut contextualiser la chose : la Presidential Medal of Freedom, c'est le must en matière de décoration nationale. Elle récompense une personne qui, par ses actes a amélioré la sécurité ou renforcé les intérêts nationaux, ou apporté un morceau de paix dans le monde ou encore, est impliquée dans des activités culturelles, avec un apport considérable.

Si l'on fait abstraction des millions gagnés, Rowling pouvait presque rentrer dans deux des trois cases. Mais Matt Latimer, dans Speechless: Tales of a White House Survivor, explique que la situation n'aura pas penché en faveur de la romancière écossaise. Citation :

Simplement pathétique ? Non, pire que cela. Parce que durant le double mandat bushien, deux des personnes honorées par cette médaille furent des partisans de la guerre en Irak, et pas des moindres : le premier ministre anglais, Tony Blair, et celui d'Australie, John Howard. Le troisième est l'une des grandes figures de ce monde, Alvaro Uribe, violateur des droits humains de premier ordre et allié politique de Bush.

Cette pensée unique que lapide Matt, c'est celle qui a également poussé l'administration à refuser cette même médaille à Ted Kenndy, qui s'était vu diagnostiquer une tumeur, sous prétexte qu'il était... républicain. Et non démocrate.

Triste monde tragique comme disait l'autre...

Wikipedia

Terminons la semaine sur un ultime échange de lettres. Mais, cette fois-ci, nous sommes dans la critique sociale avec un extrait des Lettres persanes (1721) de Montesquieu (1689-1755). Il s’agit de la lettre XXVI où Usbek s’adresse à Roxane, une des femmes de son sérail.

Ce roman épistolaire fut publié anonymement par Montesquieu. Voguant sur la mode de l’exotisme oriental, l’auteur use de la liberté qu’autorise la forme par lettre pour joindre philosophie, politique et morale.

Le regard étranger de Rica et d’Usbek, deux Persans de convention voyageant en France avec leurs préjugés, met surtout au jour pour le lecteur français l’étrangeté de ses propres mœurs. Ainsi se glisse, sous des dehors légers, une satire mordante des coutumes occidentales. C’est une véritable leçon de relativité que nous offre ici Montesquieu.

Voici un texte un peu moins connu que ce qu’ActuaLitté a pour habitude de vous proposer. Ce sera même peut-être l’occasion de faire une belle découverte pour vous…Il s’agit d’un extrait du début du roman épistolaire les Lettres portugaises (1669) de Guilleragues (1628-1685).

Ce livre parut à l’origine de façon anonyme et connut tout de suite un succès considérable. Ce sont cinq lettres adressées par une jeune religieuse portugaise au gentilhomme français qui l’a abandonné, mais dont elle reste follement éprise.

Trompé par l’extraordinaire sincérité de ce cri passionné, ému par le pathétique un rien scandaleux de l’aventure, le public s’empressa de chercher l’identité du mystérieux destinataire…là où il aurait fallu deviner celle d’un écrivain. Toute cette correspondance n’était que fiction, œuvre du compte de Guilleragues, qui fut magistrat à Bordeaux avant de gagner la faveur de Louis XIV et de finir sa carrière d’ambassadeur à Constantinople.

Dès les premiers mots de sa correspondance, Mariane, la « religieuse portugaise », exprime la tragique ambiguïté de la passion, s’avouant déchirée entre une cruelle lucidité et la non moins cruelle illusion d’être encore aimée.

On n’a peut-être bien jamais écrit autant en France sur un président de la République…Nicolas est partout. Et le monde de l’édition semble prisonnier de cette logique commerciale. Trois livres viennent de paraître afin d’aider les lecteurs à mieux connaître la personnalité de notre président.

Psychanalyse d’un président de Jean-Jacques Moscovitz et Yann de l'Ecotais (L'Archipel, 212 pages, 17, 95 €). Il s’agit là d’un livre d'entretiens conduit par le journaliste Yann de l'Ecotais avec le psychanalyste Jean-Jacques Moscovitz afin d’entrer dans la tête de notre président.

Les femmes :

Sarkozy et « ses » femmes d'Eric Decouty et Bruno Jeudy (Plon, 236 pages, 17,95 €). Décidément, le président fait fureur. Après un livre signé de la première femme de l’actuel président, en voici un qui revient sur ses différentes conquêtes… Si la mère du héros, comme dans la psychanalyse, a son importance, les auteurs se sont attachés à toutes les autres, épouses et ministres, qui accompagnent le chef de l'Etat.

Le pouvoir :

Le Sultan d'Odile Berryer (Gallimard, 100 pages, 10 €). Voici un terme rude, qui ne peut laisser indifférent. Il nous invite à entrouvrir ce livre pour savoir quels arguments sont utilisés pour permettre une telle association…

C'est d'un conte oriental qu'il s'agit, sous la plume hilarante d'Odile Berryer. L'intitulé des chapitres en témoigne : « Bienfaisante vitalité du sultan dont l'insouciance transforme l'art de gouverner » ; « Où des esprits égarés complotent contre un souverain providentiel »…

Si, comme je n’en doute pas, vous souhaitez en savoir encore plus (si cela est encore possible toutefois... il ne faut pas être plus royaliste que le roi !), je vous invite à vous en référer à l’article du Monde qui traite de ces différents ouvrages récemment parus sur notre président, la poule aux œufs d’or de l’édition…

La Lettre Zola, c’est un nouveau type de média lancé par une trentaine de jeunes romanciers primés. Une revue que vous recevez chaque mois dans votre boîte lettre sous forme de « livre-enveloppe ». Chaque numéro est rédigé par un des écrivains participant au projet, et raconte une histoire vraie qui explore une face de notre société.

Dans ce 2e volume, Mathieu Palain va « Au pays de la bouffe ». Il a recueilli des témoignages aux Restos du Cœur, alors que l’association, pour la première fois, doit sélectionner ses bénéficiaires et refuser ceux qui ne sont « pas assez pauvres ».

De moins en moins de moyens, et de plus en plus de personnes qui sollicitent son aide... On peut tous observer les files d’attente qui s’allongent dramatiquement devant les points d’aide alimentaire.

#[pub-1]

Isabelle choisit l’humour pour sauver sa dignité « L’inflation... ça tombe bien fallait que je me mette au régime ! » Elle qui dans sa jeunesse conduisait une V6 Alpine a aujourd’hui 80 ans et n’a aucune source de revenue à part la maigre pension d’un mari décédé.

Joseph, sa dignité à lui, c’est sa guitare. « Je ne joue pas pour l’argent. - Tu joues pour quoi, alors ? - Pour moi. » Pourtant, de l’argent, il en manque, au point de devoir se nourrir pour moins de 3 euros par jour.

Mathieu Palain dresse avec maîtrise le portrait de ces deux personnages, il sait quelle distance prendre dans son texte pour qu’on s’attache à eux et à leur histoire.