La plus que vive

La tradition européenne veut que soient des lieux collectifs, où de multiples auteurs, dans la droite ligne des revues littéraires, publient de concert, côte à côte. Tantôt vitrine, tantôt laboratoire, elles offrent aux lecteurs un mélange varié, où chacun trouvera de quoi satisfaire son appétit. La version américaine des fanzines est souvent moins collective. Des auteurs seuls publient eux-mêmes la revue dont il sont à la fois le seul collaborateur, le rédac chef et le directeur des ventes.

Dans la foulée du succès d'auteurs aussi différents que Chris Ware ou Daniel Clowes, respectivement animateurs de l'ACME Novelty Library et du magazine Eight Ball, qui tous deux ont imposé dans leurs revues une créativité débridée et laissée en roue libre, voici qu'en France les éditions Ankama lance le premier numéro d'un luxueux magazine entièrement consacré aux fruits de l'imagination délirante d'Igor-Alban Chevalier, directeur artistique pour des films comme Terreur Point Com, Le pacte des loups ou Harry Potter.

Cet auteur aux talent multiples, qui se fait également appeler « La grenouille noire » dans la plupart des projets qu'il orchestre est né en Champagne et à été formé à l'Institut Saint-Luc. Il a d'abord travaillé dans le jeu vidéo avant de rejoindre l'équipe de Jim Henson à Londres (Jim Henson, si vous l'avez oublié, c'est le créateur du Muppet Show et de Dark Crystal, entre autres). C'est là qu'il a appris à dessiner des monstres animés, talent qu'il exerce désormais au service de gros studios hollywoodiens. Mais le cinéma n'empêche pas La grenouille noire de rêver papier et édition. En plus d'un site Internet où il dévoile certains de ses projets, la revue « Dynamo » est son nouveau laboratoire, en plus de son site et de son blog. Au rythme d'un numéro tous les six mois, Igor-Alban Chevalier y dévoile ses projets d'albums BD, de jeux et de dessins animés, qu'ils soient encore en chantier ou tout simplement définitivement abandonnés faute de temps.

Le gaillard aime les ambiances sombres et les couleurs passées, les textures travaillées pour manifester l'usure des supports et le passage du temps, les personnages énigmatiques, puissants et hantés par une vie intérieure aussi tourmentée que le trait qui leur donne vie. Ainsi, dans cette première livraison du semestriel, sortie officiellement au printemps 2011 mais disponible en réalité depuis le mois d'août, on peut découvrir une adaptation en BD d'une légende chinoise « Le roi singe » qui m'a semblé bien bavarde et peu visuelle et qui s'annonce comme une album de BD de 2500 pages à lire en ouverture verticale. Excusez du peu. Tout le monde ne se limite pas au standard du 44 planches cartonnées, de toute évidence. Je me contente de ce bref aperçu pour conclure que je n'attends pas impatiemment la suite.

Dans « Maggot », le personnage principal, une femme, quitte sa résidence et son existence terrestre pour pénétrer dans le monde des enfers, où elle semble promise à un destin exceptionnel. L'imaginaire de l'auteur trouve dans ce récit un sujet à sa hauteur : noir, traversé par des images héritées du patrimoine occidental : tarot, démons et labyrinthe administratif kafkaïen. Le mélange est suffisamment étonnant pour tenir le lecteur en haleine, dans ce récit très très sombre, où les visages et les personnages sont le plus souvent réduits à des ombres ou des silhouettes.

A côté de ces deux plats de résistance, des intermèdes et de nombreux cadeaux visuels récompensent les lecteurs aventuriers : recherches de personnages, design de logotypes, décors de cinéma. Et une série d'icônes à l'effigie de la mascotte de la revue plutôt bien imaginées. Bientôt en version numérique pour agrémenter les commentaires de blogs et les conversations de tchats ?

Plus proche de l'art book que de l'album classique, cette dynamo artisanale devrait séduire les amateurs de projets graphiques hors du commun. Ils se régaleront d'un bout à l'autre. Les lecteurs plus grégaires, qui cherchent des histoires traditionnelles avec un début et une fin, attendront que la Grenouille Noire mène à bien ses projets jusqu'au bout pour s'y aventurer. En espérant qu'il trouvera le temps de les développer de front !

Top model du glamour, animatrice télé, rédactrice de magazine, auteure et femme d'affaires, Katie Price, plus connue sous le pseudo de Jordan fait régulièrement la Une des tabloïds anglais et des mag de presse people.

Désormais, elle fait aussi la Une des magazines littéraires...

Connue pour des livres jeunesse, Jordan a lancé début avril un livre qui ferait un monstrueux carton en Angleterre, au point de se vendre plus vite que les tomes d'Harry Potter.

En quatre ans, la mère modèle a cumulé plus de 10,7 millions £ avec deux autobiographies auxquels s'ajoutent 2,5 millions £ avec l'histoire de la naissance ce de sa fille, la princesse Tiaamii, en cinq mois.

L'éditeur de Jordan, Mark Booth, estime que « dans le coeur de nombreuses personnes, elle occupe un place qui fut auparavant prise par la princesse Diana ». Avec sa dernière parution, elle pourrait de surcroît empocher plus de 4 millions £ de droits d'auteur. Et elle disposerait alors d'un pouvoir de négociation digne de celui des plus grands auteurs.

François Bon, notre blogueur très taquin de Tiers Livres, a voulu faire un petit test. Il s'est procuré son propre livre en téléchargement pour le reader Sony PRS 505 chez la Fnac. L'achat lui a quand même coûté 18 euros.

Il faut savoir qu'un auteur reçoit systématiquement un justificatif quand son livre est édité sous quelque forme que ce soit mais là François Bon n'avait pas reçu de justificatif pour le fichier téléchargeable à la Fnac de son livre Bob Dylan ; une biographie. L'auteur est très déçu par cette version proposée par la Fnac. Il déclare sur son blog : « ce qu’elle propose pour 18 euros (et qui sera disponible à moitié de ce prix en livre de poche en avril), est un monstre présenté sans typographie, avec des liens hypertextes en bleu souligné, pas de justif de fin de paragraphe »

Il explique aussi que sur sa plate-forme de téléchargement Publie.net « les textes que nous proposons à 5,50 euros sur publie.net exploitent bien plus à fond l’outil numérique qu’est le Sony Reader ».

Il ajoute à l'adresse de tous ceux qui auraient fait le même achat que lui : « je m’engage à fournir en compensation à toute personne attestant du même achat sur le site FNAC une version PDF soignée de ce livre, formatée spécialement pour le Sony PRS-505 qui est un appareil remarquable, avec table des matières interactive et cahier de photographies, et me porte garant de l’accord bienveillant de mon éditeur Albin-Michel ».

Pour retrouver tous les détails de cette histoire il vous suffit de suivre notre lien vers le blog de François Bon.

Les chiffres globaux de l'éditeur nous sont parvenus : sur la première journée de lancement, ce sont en tout 550.000 exemplaires qui ont été écoulés, dans le monde anglophone. Joli !

Random House avait déjà annoncé un tirage exceptionnel de 2,5 millions d'exemplaires pour Brisingr, le dernier titre de Christopher Paolini, et voilà que les ventes seraient pharaoniques selon l'éditeur.

Avec plus de 45.000 exemplaires écoulés pour le premier jour de ventes en Angleterre, même le libraire Waterstone estime que l'on frôle le phénomène Harry Potter, avec ce troisième et dernier titre en date de la série Héritage, qui se conclura avec un 4e opus...

Probablement emporté quelque peu par le film Eragon qui fut un succès hollywoodien, « il est en voie de devenir le roman le mieux vendu de l'année, pas seulement chez les enfants, mais également auprès du public adulte », explique un porte-parole de Waterstone.

Cependant, bien qu'important, ce chiffre ne saurait réellement éclipser les réussites d'Harry Potter, qui, lors de son premier jour de vente en Angleterre, s'écoula à 2,6 millions d'exemplaires, soit plus que le tirage même de Brisingr.

Reste qu'à l'instar d'une Rowling ou d'un Pullman, Paolini est définitivement un auteur avec lequel il faut désormais compter.