Joël Brée, Gaëlle Pantin-Sohier

Alors que la féerie de Nouyel s'apprête à envahir les foyers chez les uns et les autres un peu partout dans le monde, nous préférons revenir sur des légendes bien moins coca-colaesques, pour vous proposer une chronique de livre tout aussi magique.
Sous la plume d'Isabelle Pantin, c'est en effet tout l'imaginaire du sieur Tolkien qui nous est conté, avec le regard de l'universitaire sur un sujet définitivement entré dans les esprits, tant par l'influence que les livres ont pu prendre dans le domaine littéraire que par l'engouement pour la trilogie qui fut portée sur grand écran par Peter Jackson.

Retrouvez donc l'une de nos dernières chroniques de l'année avec joie et bonheur, Tolkien et ses légendes d'Isabelle Pantin.

Depuis le 5 juin à 6h01 - heure à laquelle les vampires commencent à se dire qu'il est temps d'aller se cercueiler (vous imaginez un vampire qui va se pieuter, vous ?) - L'appel du sang, la seconde vie de Bree Tanner est disponible dans toutes les libraires. Toutes. Ou presque.

Un tirage en France à 500.000 exemplaires, vendu pour 13,90 €... mais les fans ne se sont-ils pas fait avoir quelque part ? Nous sommes en effet le 7 juin et même outre-Atlantique, il commence à être 3 heures du matin quelque part...

Or, Stephenie Meyer avait bien promis que le livre serait intégralement disponible, gratuitement et en exclusivité sur le site BreeTanner.com, à partir de cette date.

Ah, la haine ! Tout le monde avait oublié que ce serait à 12h que le livre serait gratuitement disponible sur le site... Oui, mais 12h de quel fuseau, de quel État, de quoi parlons-nous ? Ça sent le rafraîchissement de page à gogo durant toute la journée.

Voilà : merci donc des petits emails de dénonciation que nous avons pu recevoir, mais en fait, tout le monde peut se calmer, pour le moment, tout va bien, Hachette Books Group n'a pas muselé la diffusion gratuite du livre.

De notre côté, au cours d'un petit passage à Bordeaux, nous avons eu l'occasion de discuter un instant avec les libraires de Mollat - une petite boutique de quartier promise à un bel avenir... La folie Meyer n'était clairement pas au rendez-vous ce samedi matin, et la foule que l'on pouvait attendre ne s'est pas ruée dans la librairie. « Peut-être plus à Virgin, place Gambetta, mais en tout cas, chez nous, ça a été calme », nous explique une libraire. La mise en place n'a d'ailleurs pas accordé de stand particulier : L'appel du sang est posé avec d'autres ouvrages de Bit Litt, sans plus de mise en avant que ça...

Mise à jour : 16h01
Toujout rien sur le site de breetanner.com... inquiétant ?

En attendant, comme nous l'avions pressenti, Lecture Academy vous propose de découvrir un extrait de l'ouvrage. Et comme on est hyper sympas, on vous offre de le retrouver également chez nous...

Journal de la rédaction. Mardi 20 avril.

Ils sont en furie. Ils sont des milliers. Ils hurlent qu'ils veulent le livre, qu'ils savent que l'on en a une version...

11h04
Les grilles électrifiées ne les ont pas retenus bien longtemps... Si seulement on pouvait savoir d'où vient la source. Cela nous permettrait de comprendre comment s'est faite la confusion...

11h16
Clément a tenté de leur parler. Il est sorti. C'est un morceau son pied qu'ils viennent de balancer sur la fenêtre.

11h28
Coup de fil aux forces de l'ordre. Manifestement, elles sont déjà sur place. Cécile confirme. Plusieurs policiers ses ont joints à la foule et vociférent avec la horde.
Manifestement, Stephenie Meyer a des admirateurs dans toutes les catégories socio-professionnelles.

11h43
Désespéré, Victor tente de se pendre avec du fil dentaire. Le moral est au plus bas. Le siège s'intensifie... Comment leur expliquer ?

11h58
Le Ramirez arrive à la rédaction par la grande grille et se noie dans la masse. Croyant que l'on effectue une distribution de beignets gratuits à la rédaction. Il est rapidement identifié par la foule en rage comme l'un des membres de la rédaction.
Lapidation immédiate.

12h03
Cécile s'immole par le feu. Avec ma dernière allumette...

12h08
Victor se défenestre.

12h09
Après une longue hésitation, Mario le suit. Par une autre fenêtre. AU point où l'on en est...

12h11...
Je suis seul. Abandonné. Dans une seconde ou deux, la porte blindée va céder. Tout est parti d'un malentendu. Nous n'avions pas les bonnes feuilles. Simplement la couverture française du prochain livre de Stephenie Meyer, L'appel du sang, la seconde vie de bree tanner.

Mais rien n'y fera. La foule hurlante est convaincue du contraire... Qui a bien pu nous faire ce canular ? Tout ça pour une simple couverture...

« De angst grijpt me naar de keel » en néerlandais ça signifie « la peur me tenaillait le ventre », mais sous la plume du traducteur de « petits meurtres entre voisins », ça devient « le désir m’embrasait les reins »

À moins que ce ne soit pas le traducteur qui ait été gagné par une incontrôlable frénésie sexuelle, mais bien l’auteur, la merveilleuse, la talentueuse, Saskia Noort qui a choisi d’allier les charmes troublants du roman rose aux effrois palpitants du roman noir.

Chers lecteurs, chères lectrices, chers jurés, Monsieur l’Avocat Général, chères mamies, cher Pépy, chers tous,

Il y a dans l’œuvre de Saskia Noort un mélange des genres qui est aussi délicieux qu’efficace et je vais laisser le soin à P. Torreton d’interpréter un des passages haletant et humide de l’ouvrage.
C’était soit une des nombreuses scènes de sexe torride qui vous aurait bien détendus là, piétinant comme des milliers d’usagers de la SNCF en ce début de grève, soit l’unique scène d’action où il n’y a pas un pénis qui traîne…

Évidemment, le Comédien a jeté son dévolu sur la scène d’action, on ne peut pas lui reprocher sa pudeur, c’est Philippe Torreton après tout

Alors comme les organisateurs du prix du Polar SNCF sont de moins en moins respectueux des droits de la défense et de l’ego des avocats, ils ont décidé cette année de limiter les plaidoiries à 3 minutes qui sont déjà pratiquement écoulées.

Dans ces conditions...

Soit, je ne parle pas de l’ouvrage, mais je vous parle de moi ;
Soit j’expurge les phrases, des sujets, des verbes et des compléments pour coller au timing et vous décris l’oeuvre de la façon suivante : livre/meurtre/322 pages/17.50 €/frissons/ coït /angoisse/ coït /course-poursuite/ coït / grosse policière lesbienne / coït / café hypocrite entre copines / coït /orgasme/ coït / coït /coït

Vous vous plongerez avec délices dans la vie de ces femmes désespérées, ces desperate housewives in english, ces wanhopige huisvrouwen en dutch,

et là je me dois d’ouvrir une parenthèse pour vous dire qu’en Hollande il y a 17 mots [wanhopen, hopeloos, dipbedroegt, overmand door verdrie, …] de plus de 11 lettres qui sont quasiment toutes des consonnes pour traduire « désespéré » ce qui est quand même assez symptomatique de cette atmosphère du nord de l’Europe, où je rappelle à l’assistance que le taux de suicide est particulièrement élevé, ce qui évidemment se prête parfaitement à un décor de polar…fin de la parenthèse.

Vous vous plongerez donc avec délices dans cette intrigue, dans ces psychoses de bourgeois de la banlieue d’Amsterdam qui ne sont pas sans rappeler les bourgeois de Neuilly sur Seine, la blondeur en plus et Jean Sarkozy en moins, dans ces adultères feutrés, dans la perversité des protagonistes.

Vous regarderez différemment vos voisins de palier, de bureau, de RER, de chambre et de table et craindrez que ceux qui vous sont les plus proches vous deviennent les plus nuisibles.
Mon temps est écoulé, celui du vote va arriver, alors en plus du sang, du stupre et de la sueur, emportez dans votre délibéré ce dernier argument :
Pensez à ces milliers d’usagers qui s’entassent sur le quai des gares, pendant que la SNCF élit son polar de l’année avant de déboucher le champagne, c’est à ces usagers que je pense, et qui auraient en cet instant besoin non seulement d’une bonne vieille intrigue bourrée de suspens, mais aussi…aussi…d’aller faire un petit tour au wagon-bar avec la belle Saskia et son Petits meurtres entre voisins Ach blift !