Je vais passer une bonne journée cette nuit

Max est prêt à aller se coucher. Il a bu son lait, s'est lavé les dents, s'est nettoyé derrière les oreilles et a dit bonne nuit à tout son entourage : le poisson, le carton, l'araignée, la lune. Mais non, pas à la lune puisqu'elle n'est pas là ! Où peut-elle bien être ? Max sort de chez lui pour la trouver. Mais aucune trace de la lune dans la nuit étoilée.

En prenant de la hauteur, Max la verra, c'est sûr. Il grimpe donc sur le dos du chien endormi, et toujours rien. Il monte alors plus haut : sur la branche d'un arbre, sur les toits, au sommet du gratte-ciel, puis de la plus haute colline. Mais toujours rien et personne d'éveillé pour venir à son aide. Alors Max hurle : « Luuuuune ! Où es-tuuuuuu ? » Et enfin le vent, alerté, souffle pour chasser les nuages et laisser apparaître la lune...

Dans Max le terrible, Max, un mignon petit chaton noir, partait chasser les souris sans savoir à quoi ressemble cet animal. Dans , il part – toujours aussi naïf – à la recherche de la lune, car comment s'endormir sans l'avoir saluée ? Mais ce périple était-il bien nécessaire ? Pas sûr puisque la lune voit tout et entend tout, même si on ne la voit pas.

Ed Vere, avec cet album, aide les enfants à s'endormir, car pour s'endormir sereinement, il faut respecter tout un rituel : manger, se laver les dents, faire sa toilette, dire bonne nuit à tout le monde, et enfin trouver le sommeil... pourquoi pas en pourchassant la lune ? Des illustrations tout en simplicité, de grands à-plats de couleur : un univers de douceur pour plonger les petits dans les bras de Morphée.

Déjà 27 ans que ma maman m'a mis au monde et seulement deux mois que ma vie a pris un sens. Giratoire, le sens... Ouais, je tourne en rond. Mais je ne perds pas le Nord. Deux mois, ou presque que ActuaLitté.com vous informe de tout ce qui se passe sur la planète Livre. Tout un petit monde dont on imagine mal qu'il soit aussi vivant, hein ? Alors comme pour les Oscars, chacun va en prendre pour son petit ego.

D'abord, c'est un grand merci aux lecteurs que l'on voudrait adresser, qui nous soutiennent, nous envoient des mails d'insulte (surtout à moi, merci les gars) ou nous expédient des manuscrits. Puis leur rappeler que nous ne sommes pas une maison d'édition... Et merci aux lectrices. Particulièrement aux lectrices. Enfin, on aimerait aussi que la dénommée Géraldine_Petite_Coquine arrête de spammer notre boîte avec les photos de son épilation intégrale. Ou alors, qu'elle attende la fin de son opération. Merci d'avance.

Ensuite, personnellement, merci à nos confrères qui ont tenté à 45 reprises de pirater nos serveurs, par des attaques menées depuis la Chine. Nan, on blague. Nos confrères, nous les remercions de leur sympathique accueil dans cette jungle qu'est la presse spécialisée. Et puis, une spéciale à toi, mon petit... hmm Bob, pour conserver ton anonymat, qui m'auras craché au visage plus de noms d'oiseaux qu'une fac d'ornithologie m'en aurait appris, et m'auras montré à quel point tu ne sais pas te tenir, ni tenir l'acool...

Mais que vous souhaiter pour cette année nouvelle, en dehors des usuelles conventions - pas toujours collectives ? Plus de bonheur, plus d'amour, plus de gloire et de beauté ? Ouais. Et de l'argent. Ouais ! Plein !

De la santé, il en faut, au moins pour lire la prose de Victor, qui a dormi cette nuit dans les locaux. Sa mère l'a jeté hors de la maison familiale après 28 ans à le supporter. Dur, sans appart de travailler correctement. Ne vous en faites pas, il va se défoncer un peu plus encore... Au sens strict, c'est là le problème...

Mario, lui, n'aura pas dormi. Nan. Interdiction. Trop de livres à lire en retard. Trop d'articles pas encore rédigés. Trop de pannes d'ordinateur, qu'il n'avait juste pas réussi à démarrer... Juste une orange avariée et un verre de Champomy. De toute façon, à voir l'état de son chat...

Nicolas... euh, on ne l'a pas retrouvé depuis qu'il est « sorti acheter des cigarettes ».   En revanche, y'a des messieurs à la mine patibulaire qui nous ont rendu visite ce matin. Ils semblaient très désireux de s'entretenir avec lui. Nico, si là où tu te trouves, on capte un spot Wifi, ils ont laissé un colis pour toi. Que pour toi. Et comme y'avait du sang qui coulait, on l'a ouvert et mis dans ton bureau. Je savais pas que tu aimais la tête de cheval tranchée...

Bref, voilà, qu'encore une fois, on me demande de tenir les rennes de la boîte. Ouais, les rennes : au passage du gros barbu en rouge, je l'ai mis à l'amende de son attelage. Je l'ai mis en vente sur eBay, mais personne veut me croire. Maudit scepticisme contemporain.

Alors, comme personne n'est en état d'assumer les voeux pour cette nouvelle année, je m'en vais vous la souhaiter bonne, savoureuse, même, avec une peau de satin et un sourire à éclipser la Joconde. Et si elle pouvait me chanter des chansons, pas genre, « quelqu'un m'a dit que tu m'aimais encore... » Enfin, soit.

En espérant surtout vous retrouver plus nombreux encore l'an prochain, de la part de toute l'équipe :

Vous ne le saviez peut-être pas, mais le 2 avril est depuis 1967, la journée internationale du livre pour enfant. Pourquoi le 2 avril ? Tout simplement parce que c'est la date anniversaire de , le célèbre conteur danois. Pourquoi lui ? Parce que…

Bref, le 2 avril de chaque année, l'une des différentes sections de l'IBBY (environ 75 pays) ou International Board on Books for Young people (association suisse sans but lucratif) est chargée d'organiser cette journée, d'en choisir le thème et surtout demande à un auteur très connu du pays en questions d'écrire un message aux enfants lecteurs et à un illustrateur d'en réaliser l'affiche.

Le but de tout ceci est bien entendu de promouvoir le livre et la lecture.

Pour cette année, le pays choisi est l'Irlande qui, elle-même a choisi pour illustrer l'affiche de l'événement Niamh Sharkey, illustrateur assez peu connu en France (son dernier ouvrage paru La bête vorace date d'il y a une dizaine d'années chez Kaleïdoscope).

Pour le message, l'auteur choisi est Siobhán Parkinson dont le dernier roman traduit en français Le bleu du vendredi est disponible à L'École des loisirs.

Lettre aux enfants du monde entier

Les lecteurs demandent aux écrivains comment ils rédigent leurs histoires – «d'où viennent leurs idées ?» « De mon imagination », répondent-ils habituellement. « Oui mais encore ? Où se trouve-t-elle cette fameuse imagination ? De quoi est-elle faite? Et est-ce que tout le monde en a une ? » rétorquent leurs lecteurs.

 « Eh bien, c'est dans ma tête bien entendu.  C'est un savant mélange d'images, de mots, mais aussi de souvenirs, de morceaux d'histoires récoltées et d'images qui fusent. C'est tellement riche qu'il y a de la musique : celle des mots qui sonnent, de nos pensées et des bruits qui nous entourent. Elle bouge aussi cette imagination, comme le mouvement des vagues, celui des horizons qu'on fixe au loin. Les mots dansent et forment des arabesques si élégantes. Plus fort encore : elles ont des couleurs et des parfums. Leur souffle est puissant et nous emporte.

Comme dans un kaléidoscope, tout cela tourne autour, chante, flotte, se stabilise et vient nous chatouiller l'esprit.

Bien sûr que tout le monde a de l'imagination ! Sinon, nous serions incapables de rêver. Elle est différente d'une personne à l'autre. Celle d'un cuisinier est probablement composée de goûts, celle d'un artiste est remplie de couleurs et de contours. Quant à celle d'un écrivain, elle contient surtout des mots. 

Les lecteurs et les auditeurs de ces histoires, eux, leur imagination est également nourrie avec les mots. L'imagination de l'auteur se déploie: les idées tournent, se sculptent; les bruits, les voix, les personnages et les événements se transforment en histoire. Elle est faite de ces mots, qui, au début, forment des bataillons qui chevauchent les pages. Ensuite, ils atteignent les lecteurs et, enfin, ils prennent vie. Ces mots restent sur les pages, ils semblent encore être en batailles rangées, mais désormais, ils galopent dans l'imagination du lecteur. Ils lui appartiennent : il les façonne, les fait tournoyer. L'histoire prend forme dans sa tête tout comme elle a été dans celle de l'écrivain.

C'est pour cette raison que le lecteur est aussi important que le récit et l'auteur. Trio inséparable. S'il y a qu'un seul créateur pour une histoire, il y a surtout des centaines, des milliers, voire des millions de lecteurs, soit dans la langue d'origine, soit dans plusieurs langues si elle est traduite. Sans l'écrivain, l'aventure n'existerait pas; mais sans les milliers de lecteurs autour du monde, elle n'aurait jamais vécu toutes les vies qu'elle peut vivre.

Chaque lecteur d'une histoire a quelque chose en commun avec tous les autres. Séparément, mais aussi ensemble, ils l'ont recréée avec  l'aide de leur imagination. Lire est un acte si paradoxal : privé et public,  individuel et collectif, intime et global. Lire est probablement ce que l'être humain fait le mieux

Continuez de lire.

Siobhán Parkinson

Écrivain, éditeur, traducteur

 Traduction : Olivia Wu