Jamie a des tentacules ! Tome 6 : Mercenaire particulier

L'énorme avantage d'être réalisateur / producteur et éditeur, c'est que quand on a besoin d'adapter telle ou telle œuvre papier, pas besoin d'aller chercher bien loin, on a les droits sous la main.

On se souvient, en 2005, que le projet séduisait Luc Besson. Le producteur créait une branche « ado » de sa maison d'édition Intervista intitulée « 15-20 », dont le but était d'observer le succès de tel ou tel livre pour pouvoir l'adapter plus facilement par la suite…

Bon, la suite n'a duré que 5 ans, mais a permis à différents auteurs de produire d'excellents textes ou à de jeunes auteurs comme de se faire connaître à plus grande échelle avec les deux premiers tomes de sa trilogie « La quête des livres-monde* »

Il y a exactement trois ans, une petite maison d'édition, les éditions de la Balle, faisait paraître Jamie a des tentacules (Julien Bizat & Aurore Damant), un chouette album aux graphismes très dessins animés… tiens, tiens…

Qui peut-être le responsable des Éditions de la Balle ? On cherche un peu et l'on tombe sur un nom, Samuel Kaminka. 

Samuel Kaminka est producteur, réalisateur et adaptateur. Il a participé entre autres à différentes série animées comme Les Zinzins de l'espace, Marsupilami Houba houba hop ! et les Aventures d'une mouche, adaptation de la bande dessinée créée par Lewis Trondheim.

Suite à l'annonce faite il y a quelques semaines sur des sites spécialisés que Jamie a des tentacules, l'un des premiers titres de la maison d'édition, allait arriver sur France Télévisions à partir de Noël 2013, nous avons contacté le producteur pour en savoir un peu plus et lui demander pourquoi il avait créer une maison d'édition :

« Ce sont des métiers qui sont différents, mais complémentaires. J'adore le livre depuis toujours et le livre jeunesse en particulier. Il y a de vraies complémentarités à trouver entre l'audiovisuel et le livre. Dans l'édition, il y a plus de liberté créative. »

À la remarque (perfide ? possible…) du début de l'article, sur la facilité pour l'achat de droit, le producteur nous répond : « Il y a un souci de maitriser l'ensemble des droits. Il y a un côté pratique, c'est vrai, mais ce n'est pas la motivation première aux Éditions de la Balle, plus de la moitié des livres que nous avons publiés n'ont aucune vocation à être adaptée en audiovisuel. »

Pour Jamie a des tentacules, les livres – trois albums à ce jour – et la série télé ont été développés parallèlement, ce n'est pas donc pas à proprement parlé une adaptation.

Samuel Kaminka enfile alors sa casquette d'éditeur : « Les livres sont sortis en premier parce que nous avons la pleine maîtrise de leur fabrication et de leur production. Mais nous avons conçu Jamie d'abord comme un univers dont on fait des déclinaisons parallèles. […] Les créateurs du projet ont écrit seuls les trois premiers albums et l'écriture [de la série d'animation] a été confiée à une équipe pour la télévision. »

Comme pour les dessins animés, une adaptation permet de replacer en librairie les livres pour lui donner une nouvelle exposition, l'éditeur confirme : « On va ressortir les trois premiers albums et l'on a en prévision de sortir aussi de nouveaux titres. »

Bon, sur la vingtaine de titres qu'il y a au catalogue des Éditions de la Balle, on peut se demander alors s'il va y avoir d'autres titres qui vont avoir le même traitement : « Nous avons Jamie et un autre projet qui s'appelle Chatofou pour lequel nous avons publié trois albums également et qui s'adresse à un public un peu plus jeune. Pour celui-ci, nous savions dés le départ que nous allions poursuivre simultanément le développement « papier » et le développement audiovisuel.

En revanche sur les autres, il y a soit de l'adaptation de titres étrangers dont nous avons acheté les droits, soit des « objets » purement littéraires où il n'y aura jamais de mécanisme de série. Mais il y a aussi d'autres titres pour lesquels il y a un potentiel possible et là, tout dépend de la relation avec les auteurs, de l'envie commune de développer la série et éventuellement du succès commercial de la vente des livres… »

Tout ceci nous a donné très envie d'aller un peu plus loin, dans quelques semaines nous partirons à la rencontre de Samuel Kaminka dans ses studios, pour une interview vidéo.

À suivre, donc…

* La trilogie est désormais disponible aux éditions de l'Atalante.

Dans moins de quelques semaines, je serai devenu un vieux - entendez par là un trentenaire que les jeunes regarderont avec un sourcil aussi plissé que les rides que j'ai au front. Alors, en voyant le petit encart sur Read Write Web, il m'est revenu en mémoire une petite anecdote, tirée d'une interview et d'une rencontre.

Leur réflexion est impertinente, peut-être, mais juste : depuis l'avènement du numérique, il n'existe plus de créateurs, plus de musiciens, ni de romanciers, de cinéastes ni de chanteurs. On ne trouve plus que des créateurs de contenu.

Durant cette rencontre, nous évoquions avec un proche qui préférera rester anonyme, parce que lui, il est éditeur de contenu, puisqu'il faut ainsi parler dans ce siècle informatico-trouducutal (et comme nous avons parfois le malheur de le faire : être dans le vent, une ambition de feuille morte)...

Il me disait avec cynisme que dans tous les cas, personne, en achetant un livre ne possédait le contenu. L'achat d'un ouvrage papier, de même qu'un fichier numérique, ne nous donne accès qu'à la détention du contenant. Et de cracher par terre toute sa haine d'un terme minable à ses yeux : le contenu.

« Contenu, ça ne veut rien dire. C'est ce que l'on mettait dans mes problèmes mathématiques en 4e pour me demander de me casser la tête sur les liquides ou autre, qui remplissaient tel ou tel volume... »

Contenu, chose due ? J'imagine facilement le jour où un ami vous dira : « J'ai acheté un superbe contenant d'une reproduction d'un contenu de Picasso. » Étrange étrangeté.

En tout cas, le dessin de RWW redonnera peut-être à certains un léger sourire. Et nous, promis, on essaye de trouver autre chose que contenu. Fichue paresse intellectuelle émigrée des États-Unis...

Noise to Signal

De ses jeunes années passées en Tunisie, le scénariste Appollo garde un souvenir ému, contemplant la mer depuis l'emplacement de la mythique citée de Carthage. Si vous ajoutez l'envie d'en dire plus sur ce lieu cosmopolite, regorgeant de mercenaires au service des marchands carthaginois et rassemblant des lieux de culte variés, vous obtenez Les voleurs de Carthage (Dargaud) avec Tanquerelle au dessin. 

chronique BD avec BDfugue

Nous sommes à l'époque des guerres puniques, le siècle où Romeest en guerre contre Carthage. 

L'empire romain est menacé dans son hégémonie par les Carthaginois, peuple d'entreprenants voyageurs et hardis commerçants. Il faut détruire Carthage... Scipion l'Africain organise le siège, qui traîne en longueur. Autour des remparts, c'est le bazar, avec son cortège de brigands cherchant à profiter de la confusion pour détrousser les voyageurs. Parmi eux, Horodamus le Gaulois et Berkan le Numide. 

Deux mercenaires ayant déserté et qui surveillent l'un des points de passage pour les caravanes. Crasseux et minables, on les imagine attendre longtemps sans succès... Ah ! Un convoi s'approche. Ah, flûte !!! Une troupe de mercenaires numides les prend de vitesse - ce qui n'est pas difficile - et tue tout le monde sauf une jolie fille qui, s'étant enfuie, tombe entre leurs mains.

Les voleurs de Carthage - Tome 1 -

Le serment du Tophet

sur BDfugue

Décidés à la violer d'abord et à la vendre comme esclave ensuite, ils changent d'avis en l'entendant raconter son histoire. 

Tara fait partie de la Famille d'Utique, une guilde de voleurs dont le projet est de faire main basse sur les richesses du temple de Tanit. Comment ?

En la faisant rentrer comme vestale dans l'enceinte sacrée, ce qui lui donne accès à la salle du trésor. De là, on peut s'échapper en utilisant le réseau des égouts et attendre la chute de Carthage, imminente, pour fuir en profitant du chaos inévitable. 

Problème, les complices de Tara sont maintenant réduits à l'état de cadavres. Horodamus et Berkan sont bien conscients qu'ils ont tout intérêt à les remplacer dans la combine, même s'ils se méfient de cette jeune fille déterminée et retorse, qui leur propose de faire part à trois en oubliant les commanditaires. 

Tout ce petit monde réussit à s'introduire dans Carthage assiégée, où leurs contacts les attendent. Antigone Monophtalmos et Melquart, respectivement gardien du temple et riche oisif aux puissantes relations sont prêts à jouer leur rôle le moment venu.

Mais pas si bêtes, ils comprennent que les plans ont changé et se voient bien faire part à cinq ! 

Sept voleurs

sur BDfugue

Les choses prennent gentiment tournure, jusqu'à ce que les Romains décident d'attaquer pour en finir avec ces fichus carthaginois... On a donc tous les ingrédients qui composent les histoires de "casse", mais transposés dans l'antiquité !!! Les répliques nous paraissent très actuelles, mais sans incongruités. 

Il n'y a pas la volonté de décalage que l'on trouve dans l'hilarante série Kaamelott (Casterman), plutôt une impression de familiarité réjouissante. Surtout, c'est très drôle et le dessin est magnifique, autant chaleureux qu'expressif.

L'album d'Appollo et Tanquerelle m'en évoque d'ailleurs un autre, excellent : Sept voleurs (Delcourt) de David Chauvel et Jérôme Lereculey. Dans un univers de Dark Fantasy, deux brigands de faible envergure doivent s'allier à des comparses hétéroclites - dont deux Orcs - pour dérober le trésor du peuple des nains.

Le dessin est précis, évocateur, et les dialogues très vivants pour servir un habile divertissement !

Né à Montréal et vivant actuellement au Québec, il a passé son enfance à voyager (Egypte, France et Maroc où il tire ses origines familiales) au gré des mutations professionnelles de son père.

Aujourd'hui reconnu comme un des auteurs les plus intéressants de sa génération, Jamil a bien connu les coulisses du showbusiness avant de se lancer dans une carrière d’artiste. C'est d'ailleurs pour épauler sa compagne, Catherine Karnas, qu'il se fait agent de promotion, en 1985.

Avant de se produire sur scène, Jamil Azzaoui dit Jamil a été agent d’artistes, accompagnant ainsi le succès de stars internationales comme Isabelle Boulay ou Lara Fabian. Il s’est aussi occupé des carrières musicales québécoises de Francis Cabrel ou des Gipsy Kings puis de Garou.

Ses premiers textes qui tiennent déjà de la libre-pensée et d'une certaine irrévérence dénotent une réelle passion pour les mots, ces mots qu'il vénère presque autant que la gent féminine.

Des textes poétiques et humoristiques

Héritier d'un Brassens et d'un Père Gédéon, ce frondeur sympathique a séduit le public québécois, à la parution de son album Pitié pour les femmes, début 2004. Certaines de ses chansons, comme Les moitiés joue avec plaisir et réussite sur un texte d’un comique corrosif.

Cet album allie sonorités modernes et influences méditerranéennes avec des thèmes à l’humour anecdotique (Je ronfle, Je pète au lit). Mais d’autres titres jouent sur des propos plus acerbes (Pitié pour les femmes ou Quand on est vieux). A la suite de cet album, Jamil entame une tournée dans tout le Québec, emportant le succès du public.

Jamil pose sa voix comme sa plume sur tous les sujets

Dans son dernier album, Pitié pour les bums (2006), ses cibles sont à chercher dans notre modernité. Internet, marché du travail (Mon curriculum vitae) et la montée de la mondialisation. Tout cela est mêlé à des titres d’une certaine tendresse (Des bébés partout ou Un bouquet de fleurs).

De passage à Paris, au théâtre de Dix heures, depuis le 12 février, pour présenter un one man show musical qui a déjà fait ses preuves de l’autre côté de l’Atlantique, Jamil rencontre un franc succès autant auprès du public qu’auprès des critiques.

Vous avez jusqu’au 23 mars pour aller assister aux esclandres de cet artiste à l’humour décapant. Si vous souhaitez trouver davantage d’informations sur l’artiste et son spectacle, rendez-vous directement sur son site.