Dans un récent entretien, l'admirable Érik Orsenna revient sur l'évolution des technologies en matière de livre électronique et tout particulièrement du Cybook, qu'il avait lancé avec Jacques Attali en 2000.
Malgré la faillite de son entreprise, il reste confiant en l'avenir, persuadé que « l'e-book va révolutionner le secteur. Prenez les livres juridiques. Sous forme papier, ils peuvent contenir jusqu'à 8000 ou 9000 signes par page, ce qui les rend quasiment illisibles. De surcroît, ils ne sont jamais à jour : il y a toujours un décret qui est dépassé. Le livre électronique permet d'éviter ces inconvénients majeurs ».
Un secteur peut-être trop ciblé, mais qui sera valable également pour la littérature puisque « vous avez tous les livres dans un seul livre. C'est le rêve de Borges qui devient réalité : une bibliothèque de Babel à portée de la main, que vous soyez au large du cap Horn ou au fin fond du Kamtchatka ».
«
Le livre électronique permet d'éviter [des] inconvénients majeurs. »
Érik Orsenna
Et pour ce qui est de l'avenir du livre de papier ? Eh bien « les éditeurs devront revenir à de belles maquettes, de beaux papiers, offrir un vrai service ». Mais selon lui, le premier touché devrait être le livre de poche, concurrent direct du « Hibou, avec un Q », comme disait Alain Rey. Et pour ce qui est du charme de l'objet, Érik ne s'arrête pas à si peu.
De la Sensualité de l'Hibou-Q
« Les éditeurs ont longtemps prétendu que l'e-book ne marcherait jamais parce que ce n'était pas fait pour un public cultivé, que ce n'était pas “sensuel”. Pour moi, un SMS, c'est aussi sensuel qu'une lettre ». Le contenu reste primordial, et l'emporte largement sur le contenant, ajoute l'écrivain.
En revanche, pas d'inquiétude, on ne doit pas parler d'une crise même si « des gens vont très probablement pirater dans tous les sens » et qu'il « faudra être très vigilant sur les questions de droits d'auteur ». Et de rappeler que la télévision n'a pas tué la radio.
Non. Mais salement amoché, peut-être...