Romuald Lepers, Alain Martin

Entendre parler de l'Académie française devrait rappeler à tout un chacun le Tribunal des flagrants délires, où Pierre Desporges avait épinglé « sur le banc vermoulu de l'infamie populaire » Jean D'Ormesson, fraîchement intronisé ou presque. « Quand il a fini d'écrire des conneries dans le dictionnaire, à quoi sert un Académicien français ? ... À rien... À rien du tout... »

Reste que les Académiciens ont une actualité eux aussi, et qu'à l'instar de tout groupe, entreprise ou même syndicat, on pense sérieusement à recruter. Car parmi les 40 Immortels des sièges vacants sont tâchés font tâche.

Et l'on apprécierait que de jeunes loups entrent dans le sein des Saints (pardon...) à l'instar d'Érik Orsenna, qui aura 61 ans en mars, estimant que certes, « l'âge n'a pas tellement d'importance… mais ce serait bien que je ne sois plus le plus jeune académicien. Ce que je suis depuis mon élection en 1998. »

Les Immortels face à l'urne rient noir...

Du sang neuf, donc dans les veines des « quarante plésiosaures grabataires grabataires qui souillent le quai Conti du chevrotement comateux de leur pensée sénile », n'est-ce pas un peu vampiresque ? Point du tout. Car les six sièges disponibles demain ne le seront plus : on votera pour remplacer Henri Troyat et de Bertrand Poirot-Delpech.

D'ailleurs, l'un des postes est plus absent que vacant, puisque Robbe-Grillet fut certes élu, mais ne daigna jamais s'y rendre. Ou presque... Une autre élection aura lieu le 10 avril prochain pour le siège de Pierre Moinot.

Les Immortels décèdent-ils ?

Depuis 2000, c'est en effet l'hécatombe, puisque l'on recense 17 morts, dont 6 en 2007. Sale temps. Mais l'on apprécierait en plus du sang neuf, de compter plus de gens de Lettres, parce qu'après tout, il faut bien que cette « bande de vieux galopins », comme dit Yourcenar, première dame à entrer dans l'arène, écrive son dictionnaire... Or, Alain Decaux « reste un traditionnel, et fidèle à l'esprit du cardinal : il faut qu'il y ait des représentants de toute la société. »

Des candidats à la louche

On s'agite de la Coupole et sous la Coupole, et les candidats se pressent, tels Gonzague-Saint-Bris, Amin Maalouf, ou Édouard Balladur qui aiment eux aussi beaucoup le vert et faire mumuse avec une épée en bois. Mais Simone Veil, avec Une vie, qui séduit tant le lectorat ne serait-elle pas une candidate idéale, tout autant ?

Tout comme les débats qui agitaient les membres du jury Goncourt, l'Académie et ses « papis la tremblote » doivent renouveler leurs effectifs, et la jeunesse permettra peut-être de résoudre l'énigme : « savoir s'il y a un ou deux "n" à zigounette... »

NdR : toutes les vilaines choses écrites au sujet des Immortels sont tirées du CD des Réquisitoires, où Pierre Desproges dit des méchancetés sur tout le monde.

Ecosociété, une maison d'édition montréalaise, a annoncé qu'elle publiera bien Noir Canada malgré les menaces de procès qui lui sont faites et qu'elle juge abusives.

Le livre en question dénonce les abus des compagnies minières canadiennes en Afrique. À la lecture du premier chapitre et du résumé sur le site de l'éditeur, la compagnie Barrick gold s'est insurgée. Et a menacé Ecosociété et les auteurs du livre, Alain Deneault, Delphine Abadie et William Sacher d'un recours en justice pour faire interdire le livre et obtenir des dédommagements pour diffamation. Dans la mise en demeure qu'elle leur a adressée, elle indique qu’« À la lecture du matériel promotionnel diffusé sur le site web d'Écosociété, il ne fait aucun doute que ce livre véhicule des allégations fausses et grandement diffamatoires au sujet de Barrick ». Elle précise aussi que si « ne serait-ce qu'une copie du livre » en contient, elle saisira la Cour supérieure.

La maison d'édition ne se dégonfle pas

Après un mouvement d'hésitation, l'éditeur a quand même décidé de lancer la publication de l'objet de l’ire de Barrick gold. Il est donc paru hier avec un jour de retard sur la date de publication initialement prévue. Anne-Lise Gautier, coordonnatrice éditoriale d'Écosociété déclare que « Ce n'est pas avec de l'intimidation qu'ils peuvent empêcher la sortie d'un livre. Surtout qu'il s'agit d'un livre sérieux, rigoureux, sur lequel il y a eu des années de travail. Ils ne peuvent pas s'autoproclamer censeurs ». D'autant plus que Noir Canada ne parle pas que de Barrick gold mais aussi d'une bonne quinzaine d'autres compagnies.

Barrick gold est en terrain connu

Il faut dire que Barrick gold n'en est pas à son premier coup. En effet la compagnie minière avait déjà poursuivi The London Observer, le rendez-vous dominical des lecteurs de The Guardian, qui avait reproduit de telles allégations dans un reportage en s'appuyant sur rapport d'Amnistie internationale. Et la compagnie qui se trouve être la plus grande productrice d'or au monde avait obtenu gain de cause.

L'avis de Vince Borg

C'est en se reposant sur ce passé victorieux, que Vince Borg, vice-président aux communications de Barrick gold déclare : « Des enquêtes ont été menées sur ces allégations et il a été déterminé qu'elles n'avaient aucune base factuelle. La répétition de ces allégations malgré les résultats de l'enquête, est dommageable. »

La réponse de la maison d'édition

Ce à quoi la coordonnatrice éditoriale d'Écosociété répond par : « Toutes les allégations que nous reprenons sont liées à des rapports internationaux et elles sont toutes écrites au conditionnel. Un rapport d'enquête et un jugement ont complètement libéré Barrick de toute responsabilité, et c'est écrit dans le livre. Il n'en demeure pas moins que des doutes restent. »

Alors gros mensonge à cacher ou bouc émissaire...? Rien ne permettra apparemment de se prononcer dans le livre Noir Canada, mais la question reste en suspens et la possibilité d'un procès aussi. Affaire à suivre donc.

Dans la série , deux nouveaux titres paraissent et vont permettre au jeune lecteur dès 4 ans de retrouver l'ambiance tendre et très colorée de l'illustrateur Marc Boutavant.

Par un matin ensoleillé mais venteux, l'ours Edouard convainc son ami Edmond l'écureuil d'aller passer une journée à la plage. Au fur et à mesure de la promenade qui doit les mener vers la mer, le temps se montre de plus en plus incertain mais ne décourage pourtant pas Edouard, même lorsque la pluie s'en mêle et menace le pique-nique organisé par Edmond.

Si les contrariétés agitent la journée, elles ne parviennent pas à inquiéter l'amitié qui lie les deux compères mais fortifient et renforcent, bien au contraire, les sentiments d'attachement et de tendresse et livrent alors une jolie histoire, sensible et subtile qu'une écriture poétique et délicate intensifie juste comme il faut.

Les illustrations aux coloris variés et nuancés, empreintes de douceur, jamais sombres ni réellement tristes,  sans excès, expriment  parfaitement la complicité entre les deux personnages, tout l'équilibre de la relation qui les rend si nécessaires l'un à l'autre.

Cette absence de rivalité, le dessin la saisit avec une justesse précise et touchante. Le lecteur ressent immédiatement et au fil des pages le sentiment d'amitié qui crée l'harmonie et le bonheur. Il est confortablement installé dans une histoire où il se sent bien, la savoure comme une gourmandise. Ses parents aussi, assurément.

Aussi, pour prolonger le plaisir, l’album La Chose, des mêmes auteurs et issu de la même série, en publication simultanée.

La tour Eiffel en a marre : pourquoi devrait-elle voir défiler des touristes du monde entier sans jamais partir en vacances ? Alors, ce soir, c'est décidé, elle aussi, elle part ! Elle propose à l'Arc de Triomphe de venir avec elle, mais, à la veille du 14 juillet, il ne peut pas vraiment se le permettre. Tant pis ! elle ira voir du pays toute seule. En route, donc, pour la Normandie, ses vaches, et ses plages.

Après une petite baignade – avec l'aide de quelques phoques, car nager quand on pèse le poids de 1 500 éléphants n'est pas chose aisée –, notre tour Eiffel nationale se transforme en phare pour sauver un bateau à la dérive, puis en pont pour faciliter la tâche aux coureurs du Tour de France. Au petit matin, un petit vol – eh oui ! la tour Eiffel a des ailes – lui permet de regagner Paris à temps pour faire rêver des millions de touriste sous les lumières du feu d'artifice de la fête nationale. Et si la nuit suivante, elle allait faire du ski sur le mont Blanc ?

nous embarque dans une histoire farfelue dans laquelle le monument le plus célèbre de Paris décide d'aller faire du tourisme. Cette nuit loin de la capitale lui fera vivre de nombreuses péripéties et lui donnera des envies de nouveaux voyages.

Après le succès de la version Premières Lectures, les éditions Nathan proposent la version album de La tour Eiffel a des ailes afin que les plus petits profitent de cette histoire pleine de fantaisie et d'humour, joliment illustrée par Aurélien Débat.

Le prochain festival de bande dessinée d'Angoulême aura lieu du 29 janvier au 1er février 2015. Cette année le président sera , le génial créateur du duo .

Le problème, c'est que Bill Waterson a officiellement arrêté de dessiner en 1996, qu'il vit avec sa femme dans le petit village de Chagrin Falls (4113 habitants) au nord-est de l'Ohio et qu'il n'a pas l'intention une seule seconde de venir en France.

Bon. Ça, c'est pour la mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle est simple : même si Bill Watterson ne viendra pas s'asseoir sur son fauteuil de président du festival, cela ne l'a pas empêché de faire l'affiche de celui-ci et c'est déjà pas mal du tout.

Ainsi, ce mercredi matin, nos confrères du journal gratuit 20 minutes, ont révélé l'affiche et ont eu l'exclusivité de faire l'interview du Grand Prix du Festival 2014.

En plus de l'affiche, au moment du festival, il y a aura une exposition du travail de Bill Watterson, c'est donc le moment de réserver quelques jours pour aller contempler les originaux du dessinateur.

Pour cette affiche, Bill Watterson affirme qu'il a voulu rendre hommage à lecture des strips dans la presse et il a choisi de ne pas y inclure de le rendre muet pour rendre le tout plus « universel » : « Raconter une histoire uniquement en images est l'une des grandes forces –et des grands plaisirs — qu'offre la bande dessinée. En ce sens, j'espère avoir réussi à exprimer à la fois mon travail et la bande dessinée en général. »