Hypatia d'Alexandrie

Créé il y a maintenant dix-huit ans, Pleine Page associe une activité d’imprimerie avec celle d’éditeur dans le quartier Bacalan à Bordeaux. Depuis deux ans, les deux domaines sont différenciés et la maison d’édition connaît un certain essor au niveau régional.

Le catalogue compte une soixantaine de titres allant du polar aux beaux-arts en passant par la poésie et la philosophie. Directeur de Pleine Page, Didier Periz dit avec humour : « Je fais l’imprimeur pour gagner ma vie, et l’éditeur pour la perdre ».

Pleine Page pratique régulièrement la coédition, notamment avec Zorba à Toulouse. Mais suite à la cessation d’activité des éditions Opales à Bordeaux, c’est Pleine Page qui assure la diffusion de son catalogue à dominante poétique.

Ainsi, en 2006, était sorti en coédition avec l’association des Savoir-faire d’Aquitaine, 20 chansons d’Aquitaine (qu’il faut savoir), ouvrage accompagné d’un CD de David Olaizola. Ce livre avait même connu un certain succès. Et dans la même collection L’Aquitaine qu’il faut savoir, 15 maisons d’écrivains d’Aquitaine qu’il faut connaître paraîtra en avril prochain.

Des romans policiers...

Au niveau des polars, on retrouve la collection « Rouge nuit » au sein de laquelle on retrouve des récits policiers locaux. Parmi les livres publiés, on peut retenir Bordeaux blues, Bordel à Bordeaux, Bouillie bordelaise. Ces titres évocateurs donnent à voir ce qui constitue cette part du catalogue de l’éditeur.

... mais aussi un amour de la poésie

La poésie reste une des spécialités de la maison d’édition. Pourtant, comme dit Didier Periz, « la poésie ça ne se vend pas ». Il ajoute toutefois qu’ « il faut publier des choses difficiles parce qu’elles sont belles ».

  En suivant ses ambitions, Pleine Page organise, en collaboration avec la librairie Olympique et l’éditeur toulousain Noir et Blanc, le Prix Olympique de poésie, qui récompense un manuscrit. La maison d’édition gère en outre le fonds Opales, qui propose un catalogue exclusivement poétique, avec notamment plusieurs recueils de Thierry Metz, disparu en 1997.

Vous pouvez retrouver le catalogue complet de la maison Plein Page sur son site internet. Cet éditeur bordelais sera présent au Salon du Livre à Paris mais aussi à l’Escale du livreà Bordeaux les 4, 5 et 6 avril 2008. Un agenda très complet est également disponible sur le site de Pleine Page.

Le philosophe et écrivain Thierry Wolton (connu aussi sous son pseudonyme Léo Fourneau) a récemment profité d'une tribune livre offerte par Le Monde.

En quelques points, il alimente la polémique où le Syndicat de la Librairie Française et Amazon, le cybermarchand s'opposent. Avec le risque de « pénaliser ceux qui, dans ce pays, pensent encore que le livre est un objet essentiel de loisir et de culture », Thierry juge que c'est « la faute au Syndicat » si le livre court un risque aujourd'hui.

Car, on l'a déjà signalé, la France sera le seul pays au monde à ne pas pratiquer la gratuité sur les frais de port. Et si la justice a donné raison au SLF, cela « ne vise plus tant à mettre en valeur ce "produit" unique qu'à protéger une profession [...] principaux bénéficiaires de l'économie du livre ».

Une profession privilégiée

Un livre se divise en trois formes de revenus : l'éditeur et l'auteur s'en partagent un, la distribution prend le deuxième et le libraire ce qui reste. « En clair, les producteurs de livres, l'auteur d'abord, l'éditeur ensuite, sont les parents pauvres du secteur. »

D'autant que les libraires sont, selon lui, « protégés de toute concurrence » du fait qu'ils ne payent à l'éditeur que les exemplaires vendus, renvoyant le stock restant. Ainsi, « ils n'ont aucun problème d'invendus, le risque inhérent à tout commerce » conclut-il. Et là où l'on arguera du service rendu, lui répond que l'on trouve le conseil aussi sur le site d'Amazon. Le SLF ne pratiquerait finalement qu'un « corporatisme qui n'a rien à voir avec la défense du livre ». La gratuité des frais de port chez le cybermarchand est une réduction de la marge commerciale, mais les libraires accepteraient-ils de diminuer la leur ?

Amazon : la solution à tout ?

Écrivain lui-même, il reconnaît l'importance de la place du livre sur les étals, condition primordiale de sa vente. « Peu importe, l'essentiel pour moi, comme pour tous les amateurs de livres sans doute, est de pouvoir trouver quand je veux, où je veux, les ouvrages qui m'intéressent. »

Nous n'avons pas encore réussi à contacter le SLF pour connaître leur réaction. Mais le risque est grand que de voir l'escalade se poursuivre entre les pro et les antis. Dans l'interview qu'elle nous avait accordée, Noémie Rivet précisait que les libraires « se regroupent afin de travailler sur l’offre d’un « portail » de la librairie indépendante qui proposera ce service de vente en ligne ou de mise à disposition dans les librairies, dans le respect de la loi ». Une réaction qui pourrait remettre les pendules à l'heure ?

La remise en question du monde de la vente concrète, par l'économie virtuelle n'est définitivement pas prête de s'achever...

Le Conseil des Etats est revenu hier sur le prix du livre en Suisse. Une loi qui a déjà été examinée 7 fois et sur laquelle libraires et politiques se déchirent.

Hier, les sénateurs suisses n'ont pas souhaité mettre en application le système du prix réglementé aux livres importés (80% des livres). « Cela contreviendrait à l’accord de libre-échange avec l’Union européenne », a déclaré le démocrate-chrétien Bruno Frick.

Peut-être, mais en face, la voix de la raison (commerciale) se fait entendre : « C’est un encouragement aux consommateurs à acheter leurs livres à l’étranger, notamment les best-sellers », estime la socialiste bernoise Simonetta Sommaruga.

Le Conseil des Etats a jugé que cette loi n'était pas applicable pour la vente en ligne de livres. « C’est une folie que de livrer ainsi les librairies à la concurrence sauvage d’internet, qui ne détient pour l’heure que 8% de parts de marché », a affirmé Géraldine Savary, journaliste politique et membre du Parti socialiste.

Roger Huber, porte-parole d’Ex Libris évoque « une condamnation à mort pour les petites librairies qui n’ont pas les moyens de tenir un site internet. » Difficile de satisfaire libraires et lecteurs.

Pour parvenir à un accord, le Parlement a sollicité Monsieur Prix afin de fixer les différences tolérables entre le prix d'un livre vendu en Suisse par rapport au tarif en vigueur à l'étranger. Les libraires, qui n'ont pu obtenir gain de cause, devront s’accommoder d’un arbitrage de Monsieur Prix. L

e Conseil national se prononcera en juin 2010.

Depuis toujours Amazon pousse les éditeurs américains à proposer la version ebook de tout livre proposé (évidemment, en version Kindle exclusive) et n'a pas hésité à solliciter les consommateurs en leur donnant la possibilité de signaler aux éditeurs l'absence du livre numérique. Charge ensuite à Amazon de faire remonter les demandes pour faire pression sur les maisons encore réticentes...

Sauf qu'en parallèle, les éditeurs tirent la tronche et on les comprend lorsqu'ils voient leurs ouvrages numériques vendus à 9,99 $ en moyenne. Alors, en réaction, certains ont décidé de retarder la sortie de l'ebook, pour privilégier la version papier, elle-même déjà bien impactée par les ristournes d'Amazon.

Eh bien c'est Amazon qui semble avoir le dernier mot dans cette histoire. En assurant que c'était une erreur de la part des éditeurs que de ne pas donner au public ce qu'il attend, le cybermarchand avait sous-entendu que cela se retournerait contre eux.

Coup de fouet des consommateurs

Ça n'a pas tardé... Et très concrètement. Autour du livre Game Change, qui dévoilait les secrets de l'élection présidentielle de 2008. La moyenne obtenue est de deux étoiles et demie avec 188 avis de consommateurs.

L'un des chroniqueurs donne une étoile (et ils sont 118 autres à l'avoir fait), simplement parce qu'il n'existe pas de version Kindle du livre. HarperCollins se fait donc sanctionner par les consommateurs directement, alors que d'une part Game Change a été épuisé très rapidement, que d'autre part, la version numérique n'est prévue que six semaines après la sortie du papier...

Mais certains réagissent tout de même

Sauf que parmi ces utilisateurs, nombre d'entre eux assurent à l'éditeur que, du fait de l'absence de version numérique, il a simplement perdu une vente.

Dans le cadre de cet ouvrage précisément, le rapport à l'actualité est prépondérant, et bilan des courses, on comprend mieux encore le besoin d'un livre disponible très largement. Et par là même, la version numérique, pour compenser la rupture de stock...