La 3e édition de Partir en livre a été lancée ce matin au Parc d'attractions littéraires de Pantin : au programme, quelques jours durant lequels la littérature jeunesse sera mise en avant pour inciter les enfants et adolescents à lire. Une opération d'autant plus importante aujourd'hui que le gouvernement constate un décrochage de la jeunesse envers la lecture, que les organisateurs de Partir en Livre souhaitent combattre en favorisant l'aspect ludique.
Le 19/07/2017 à 17:21 par Laurène Bertelle
Publié le :
19/07/2017 à 17:21
Actualitté, CC BY SA 2.0
Du 19 au 30 juillet 2017 aura lieu la 3e édition de Partir en livre : pendant une dizaine de jours, des événements seront organisés dans toute la France pour inciter les enfants et adolescents à lire davantage. Mais c'est surtout vers Pantin que les yeux sont tournés, avec l'installation d'un Parc d'attractions littéraires inauguré ce mercredi 19 juillet au matin lors du lancement de l'édition 2017.
À 10h30, le lancement de la 3e édition de Partir en livre au Parc d'attractions littéraires de Pantin a commencé sous la pluie, avec l’arrivée de percussions et de danseurs qui associaient figures acrobatiques et livres. Après une courte introduction, un petit jeu a permis aux enfants de deviner des noms de romans jeunesse à partir d’une description. Si La cabane magique n’a pas eu beaucoup de réponses, de nombreuses voix se sont fait entendre quelques instants après, ravies de reconnaitre Astérix et Obélix, La petite sirène ou encore Harry Potter.
Puis ce fut l’heure d’accueillir les Kids United, venus non pas pour chanter — le public n’a eu le droit à aucune chanson —, mais pour parler lecture. Questionnés sur leurs livres préférés, les jeunes chanteurs ont pu conseiller des livres comme Le Petit Prince de Saint Exupéry, Un sac de billes de Joseph Joffo ou encore le seul livre clairement identifié « littérature jeunesse » : Ma vie en smiley — j'assure ou presque d'Anne Kalicki, même si cela ressemble à des réponses très préparées à l'avance, c'est une façon de convaincre les enfants de lire par le biais de modèles qu’ils admirent.
Enfin, après quelques mots de Vincent Monadé, président du Centre National du Livre, et de Sylvie Vassallo, directrice du salon du livre jeunesse de Montreuil, le public a assisté, comme l'an dernier, à un spectacle conçu et animé par l’auteur et compositeur Vincent Malone, le Roi des papas.
Suite à quoi les enfants ont pu découvrir les différentes installations du Parc, accessibles gratuitement et librement du 19 au 25 juillet, et imaginées par 24 auteurs : ateliers de dessin, jeux, livres jeunesse à disposition... Si les enfants ont de quoi s'occuper, et que ceux qui aiment déjà lire y trouvent leur bonheur, le parc permettra-t-il de guider les jeunes plus en difficulté, et de leur donner le goût de la lecture en les accompagnant ?
En effet, la nécessité de rapprocher les jeunes de la lecture se fait de plus en plus pressante. Il s’agit même d’un enjeu capital lorsque l’on sait que, dans une récente étude, le gouvernement a évalué à 10 % le nombre de jeunes Français de 16 à 25 ans en difficulté de lecture.
La situation est même pire dans les départements d’outre-mer, qui enregistrent les plus hauts taux d’illettrisme, avec près de 50 % des jeunes concernés à Mayotte. Heureusement, les organisateurs de Partir en livre semblent aujourd’hui vouloir réduire ce clivage en y proposant davantage d’actions. « On organise pas mal de choses en outre-mer : c’est la première année où tous les DOM TOM ont une opération Partir en livre, notamment avec le partenaire Labo des histoires », a expliqué Vincent Monadé à ActuaLitté.
Cette année également, Partir en Livre commence à s’adresser, non plus seulement aux enfants, mais aussi aux adolescents, davantage touchés par le décrochage de la lecture, avec un événement national prévu à Bordeaux le 27 et 28 juillet entièrement dédié aux ados, Lire en bande organisée. « C’est un test qui va permettre de voir comment on peut s’adresser aux adolescents. », précise Vincent Monadé.
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Alors, comment empêcher ce décrochage des jeunes, et comment les rapprocher de la lecture ? La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a annoncé vouloir travailler conjointement avec le ministère de l’Éducation nationale. Une discussion à laquelle ne participe pas le CNL, qui se dit toutefois prêt à travailler avec l’Éducation nationale.
« L’éducation nationale est la bienvenue [...] » affirme Vincent Monadé. « Le problème, c’est que les rythmes scolaires ne correspondent pas à ce qu’on fait. Nous avons décidé de privilégier le temps de loisir. Par définition le temps de loisir ce n’est pas le temps de l’école. »
Car pour les organisateurs de Partir en livre, le but est d’utiliser une autre approche pour inciter les jeunes à lire : celui de la lecture libre et ludique.
« Ce qu’on privilégie, ce n’est pas l’apprentissage de la lecture, c’est le plaisir de lire », ajoute-t-il. « C’est une approche qui ne peut pas être celle de l’école, ce qui est tout à fait normal, parce que l’école doit apprendre à lire. Nous sommes là pour apprendre à devenir lecteur, ce qui est très différent. »
Une lecture qui doit donc être un plaisir, et jamais une obligation, c’est sur ce point qu’a insisté le président du CNL lors du lancement, s’adressant directement aux enfants : « Surtout, lisez ce que vous avez envie de lire. Ne laissez pas les gens vous dicter ce que vous devez lire. » Un conseil qui faisait écho aux Droits imprescriptibles du lecteur de Daniel Pennac, lu en introduction de l’événement : « Vous avez le droit de relire. Vous avez le droit de ne pas lire... »
Toutefois, défendre la culture et la lecture a un prix, d’autant plus lorsque l’État demande aux collectivités de faire des économies de près de 13 milliards d’euros. Peut-on craindre une baisse des opérations organisées par les collectivités dans le futur ? Pour Vincent Monadé, paraphrasant légèrement Abraham Lincoln, un effort doit être réalisé pour que les coupes budgétaires ne touchent pas le secteur culturel.
« Il faut toujours faire des choix. Moi je dis aux gens qui pensent que la culture coûte cher d’essayer l’ignorance, et de voir ce qui coûte le plus cher. Il ne me parait jamais bon de couper dans les budgets culture. »
Le CNL, qui organise l'opération Partir en livre, soutient les actions des collectivités, d’un point de vue financier, mais aussi en termes de visibilité. « Il y a 68 événements qui sont financés par le CNL, et ensuite les autres sont accompagnés en communication par des affiches, des choses comme ça. » Un budget légèrement en hausse selon le président du CNL, qui l’estime « autour 900.000 € », pris directement dans la trésorerie du CNL.
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