Des larmes et des saints d'Emil Cioran

Emil Cioran

Emil Cioran, philosophe roumain qui a vécu une grande partie de sa vie à Paris, est le plus fun des auteurs tristes. Inspiré par Nietzsche, il observe avec sincérité un monde désenchanté où Dieu est mort, avec les consolations qu'il apportait. On pourrait le décrire comme l'écrivain le plus suicidaire de tous ceux qui ne se sont pas suicidés, mais en vérité Cioran c'est « la passion de l'absolu dans une âme sceptique ».

Il ne peut pas s'empêcher de vivre, Cioran, malgré tout. Dans Des larmes et des saints, que l'Herne réédite ce 7 février, le philosophe tourne autour de la question de Dieu et de la sainteté, de la transcendance, de la vitalité et de l'immanence.

La force de Cioran, c'est la finesse de sa plume accordée à la puissance de sa pensée. Il vole comme le papillon et pique comme l'abeille. Il est le spécialiste des douces phrases qui mettent K.O. En voici quelques unes, tirées de ce texte écrit à l'âge de 24 ans, et retravaillé en 1987 pour son édition française :

« Ce n'est pas la connaissance qui nous rapproche des saints, mais le réveil des larmes qui dorment au plus profond de nous-mêmes. »

« La mort n'a de sens que pour ceux qui ont aimé la vie passionnément. Mourir sans avoir rien à quitter ! Le détachement est la négation de la vie comme de la mort. »

« Cette plénitude de l'éphémère... Les saints sont inexcusables de n'avoir pas versé une seule larme en signe de reconnaissance envers les choses périssables. »
 

Une michronique de
Ugo Loumé

Publiée le
05/02/2024 à 14:59

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Des larmes et des saints

Emil Cioran trad. Sanda Stolojan

Paru le 07/02/2024

112 pages

L'Herne

12,00 €