Zagros, fils de Chronos

La 18ème édition du a réuni 35 058 jurés, de la maternelle à l'âge adulte. Rendez-vous à l'Hôtel de Ville de Paris le 13 juin 2013 à partir de 13h30 pour la remise des Prix. Créé en 1996 par la Fondation Nationale de Gérontologie (centre de ressources sur les questions relatives à la vieillesse), l'évènement comptait à l'époque 220 jeunes jurés. Le succès va donc crescendo ! Ce prix de littérature sans tabou séduit les petits et les grands.

Le but ? Faire réfléchir les jeunes en particulier sur la valeur de tous les âges de la vie. Une citation dit d'ailleurs « Tout âge porte ses fruits, il faut savoir les cueillir ». C'est un peu cet état d'esprit qui anime les organisateurs et les participants de cet évènement. On parle souvent du thème de la jeunesse, mais qu'en est-il du vieillissement ? Si on en entend moins parler, est-ce parce qu'il fait peur ? Le Prix Chronos compte bien mettre à bas ces préjugés, avec son thème unique « Grandir, c'est vieillir et vieillir, c'est grandir ».

Car finalement qu'est-ce que le vieillissement ? La vie tout simplement ! Chaque livre nous raconte une histoire, une autre vision du monde, des modes de vies différents. A travers les albums et les romans sélectionnés, les participants ont lu des thèmes récurrents tels que les relations entre générations, la transmission des savoirs, la mort, les secrets de famille… Des sujets de réflexion à l'infini ! Pour les lecteurs les plus assidus, le Prix Chronos Vacances existe aussi. Un jury composé de 6 000 jeunes peut ainsi choisir les lauréats de l'été.

Les lauréats 2013 sont désormais connus. La liste est accessible sur le site internet prix-chronos.org. Originaires de toutes les régions de France et de cinq autres pays, les jurés ont été répartis en 6 catégories de lecture selon leur niveau scolaire et leur âge. La catégorie "Maternelle/CP" a réuni le plus d'inscrits : 13 249. Le livre Les Baisers de Cornelius d'Agnès de Lestrade et Charlotte Cottereau est le lauréat de cette catégorie. Les CE1/CE2 ont regroupé 9 370 votants dont la majorité a choisi Le Vieux berger, de Géraldine Elschner et Jonas Lauströer.

Les autres catégories sont : "CM1/CM2", "6e/5e", "4e/3e"  et "Lycéens, 20 ans et plus" qui ont eux aussi élu leur lauréat. Premier chagrin, d'Eva Kavian, et Et puis, Paulette… de Barbara Constantine, sont les deux ouvrages illustrant la solidarité entre les âges qui ont reçu le Prix spécial Chronos, organisé en partenariat avec la CNAV (caisse nationale d'assurance vieillesse). 

Le Prix Chronos s'est développé dans les écoles, les médiathèques et les bibliothèques. En plus d'être une démarche littéraire et philosophique, l'évènement favorise l'éducation à la vie citoyenne des plus jeunes : les jurés disposent de cartes d'électeurs et de vrais bureaux de vote. C'est aussi l'occasion pour les adultes d'assister à des colloques organisées par la Fondation Nationale de Gérontologie à l'UNESCO, avec des analyses sur la manière dont les enfants envisagent leur parcours, leur vie et leur vieillesse.

Le Prix Chronos de Littérature est labellisé "Agir ensemble contre l'illettrisme : Grande Cause Nationale 2013". Pour lutter contre l'illettrisme, il n'y a pas d'âge non plus.

«Khronos » est le 5e album et dernier album qui vient clore la série U4, adaptée des romans du même nom publiés aux éditions Syros en 2015. Après avoir raconté l'odyssée de quatre ados dans la France dévastée par un virus, les voici réunis, avec quelques autres, pour un final en forme de confrontation musclée en plein cœur de Paris.

Petit rappel : lorsque l'histoire débute, un mystérieux virus a mystérieusement éliminé 90% de la population française en une semaine à peine. Seuls des ados entre 15 et 18 ans semblent ne pas être affectés par la maladie. Il faudrait trouver un vaccin et une explication, mais les assidus d'un jeu vidéo en ligne ont reçu l'appel d'un des animateur du jeu, qui cherche à les rassembler sur l'île de la Cité, en plein Paris.

Toujours dessiné par Adriàn Huelva et mis en couleur par Crespo Cardenete, ce dernier tome permet aux personnages de vivres des émotions intenses. Les enjeux sont placés très haut, la mort est au bout de la planche, mais les ados ne veulent pas se résoudre à baisser les bras. Ils iront jusqu'au bout de leur destin ou... du piège qu'on leur a tendu ?

L'adaptation des 4 romans entrelacés (signés Yves Grevet, Florence Hinckel, Carole Trébor et Vincent Villeminot) est à présent terminée. Elle s'achève dans le fracas des armes à feu et le silence éthéré de la magie bretonne.

Cinq tomes souples qui peuvent se glisser facilement dans le sac à dos, ou la valise d'un ado.

Un fauve pour les Chrono Kids ? Mais que signifie cette phrase qui peut paraître pour le moins obscure aux non-initiés ?Expliquons-nous donc un peu ... Le tome 3 des , bande-dessinée avec aux commandes Zep, Stan et Vince vient de remporter le Fauve 2011 dans la catégorie Jeunesse du célèbre Festival de BD d'Angoulème.

Cette série qui narre les pérégrinations spatio-temporelles de 2 enfants, Adèle et Marvin, dans un ton décalé et résolument humoristique succède ainsi à la série Lou de Julien Neel récompensée en 2010. C'est Elie Semoun qui a remis le prix prestigieux à Vince, Stan et Zep, les 3 papas des Chrono Kids.

Par ailleurs, pour les plus curieux d'entre vous, n'hésitez pas à retrouver Stan [&] Vince dans une interview que nous avions réalisée lors de la sortie du 1er tome des aventures d'Adèle et Marvin.

Tous nos voeux de bonheur aux désormais heureux propriétaire d'un Fauve !

Leïla Pelfresne

Le L@b inauguré pour le 40e anniversaire de la Foire du livre de Bruxelles, qui se tient du 4 au 8 mars... à Bruxelles, place clairement cette manifestation sous un nouveau regard, celui du numérique, pour que cessent les ambiguïtés et que tout un chacun puisse se renseigner sur les évolutions, les contenus et les créations nouvelles.

À ce titre, nous avons reçu un message de Nicolas Ancion parti bille en tête pour une performance proche du happening puisqu'il réalisera l'écriture d'un polar, durant 24h, un exercice contre la montre dont les lecteurs pourront suivre l'évolution en temps réel via Twitter, mais également Facebook.

« On pourra également lire le manuscrit en ligne au cours de sa rédaction : l'auteur publiera son texte brut, tranche par tranche, avant correction, pour les lecteurs intrépides et aventuriers. » Et pour ce faire, rendez-vous donc en direct sur internet, ou sur place, dès le mercredi 3 mars, à 21 h, et durant les 24 heures qui suivront.

Pour ajouter plus encore à la dimension interactive et à l'expérience unique, alors que d'un côté se déroulera la rédaction, l'exégèse aura lieu en même temps. « Pour l'anecdote, le blogueur et critique Pierre Maury (installé à Madagscar) couvrira lui aussi l'avancée de la rédaction sur son blog. De la critique littéraire en temps réel, donc. »

La touche finale sera mise le samedi, pour les ultimes corrections et le site de la Foire proposera de télécharger gratuitement l'ouvrage dès le dimanche 7 mars.

Courage, Nicolas, on est avec toi. Mais nous, on dormira probablement un peu durant l'intervalle...

Crédit photo : © Dominique Houcmant - Goldo

Difficile de faire plus efficace que le premier tome de « Lucifer Sam » en matière de thriller satanique : deux pages suffisent à intriguer le lecteur, les suivantes le happent dans un tourbillon qui s'accélère puis le laisse, aux abois, à la fin du premier tome. L'éditeur en annonce trois. Il va falloir s'armer de patience pour tenir le coup après cette mise en bouche haletante.

Syd Frazier est fils d'une romancière à succès américaine, auteure d'une série de romans satanistes vendus à plusieurs millions d'exemplaires. Syd a tout juste dix-huit lorsque sa mère lui offre un voyage à Paris, clef en main. L'avion, la tour Eiffel... comme si cela ne suffisait pas, voilà que le gaillard rencontre à l'aéroport Sylvie, un top modèle qu'il connaît par le calendrier Pirelli et qui se révèle être fan... des romans sataniques de Liz Frazier. Elle prend carrément la liberté de venir s'asseoir à côté de Syd, dans l'avion qui les transporte vers la France. Trop beau pour être vrai ? Bien entendu, le rêve ne va pas tarder à se transformer en cauchemar. 

Michelangelo La Neve a peaufiné un scénario diabolique, où les événements s'enchaînent implacablement et les horribles retournements de situation entraînent petit à petit son héros vers... l'enfer. L'auteur n'hésite pas à faire appel aux animaux pour appuyer sa cause. Les lecteurs se souviendront longtemps d'une meute de dobermans déchaînés, et bien plus encore des chats qui passent la porte de la cellule où le héros se retrouve enfermé.

Étonnamment, c'est à la fin de la lecture que j'ai découvert que l'album était traduit de l'italien. Je ne l'avais pas du tout pressenti au cours de la lecture. Bravo à Hélène Dauniol-Remaud, la traductrice, qui a accompli un travail remarquable. Le texte français est d'un naturel parfait.

Au dessin, Marco Nizzoli a choisi une représentation très réaliste et glacée, qui tranche avec la fièvre de l'histoire. Les personnages semblent un peu raides, parfois trop figés ou impassibles. Il parvient pourtant à se déchaîner dans quelques scènes d'action.

C'est la colorisation de l'album – signée par le custom Art Studio Chenxin – qui est la plus inégale. Certaines planches sont très réussies, brûlant d'une ardeur quasi maléfique, tandis que d'autres, trop ternes viennent alourdir le trait déjà raide de Nizzoli.

Ces petits défauts ne suffisent pas à entamer l'efficacité du récit : on reste scotché par la noirceur qui s'empare de l'histoire et par la machination redoutable dans laquelle le héros semble avoir mis le pied bien malgré lui... depuis très très longtemps. Vivement la parution du tome 2 pour qu'on entrouvre un peu plus les portes de l'enfer !

Le suspense est à son comble ... plus que 3 mois ½ d'attente et l'on saura enfin la vérité ... Non, il ne s'agit pas du dernier tome de Twilight ni d'un scoop sur Harry Potter et Hermione Granger mais bien de Naruto, le ninja le plus célèbre du monde.

Ainsi divers sites internet viennent de nous apprendre qu'un nouveau long métrage de la série réalisé par Masahiko Murata et écrit par sortira le 31 juillet prochain au cinéma ... au Japon.

Il n'empêche, ce quatrième volet des aventures de l'adolescent est attendu avec impatience par les fans du monde entier de part notamment les révélations qui devraient y être faites.

Une dernière petite info tout de même, mon petit doigt me dit que son père s'appelle ... non, finalement, gardons le suspense intact, ça fait partie du plaisir!

Souvent ancrés dans des problématiques sociétales contemporaines, les romans de conservent toujours une part de rêve, une fine sensibilité, n’enferment pas le jeune lecteur dans des histoires tragiques même si la réalité mise en scène s’intéresse souvent aux plus fragiles, aux conditions de vie des plus précaires, aux laissés pour compte.

Chaque fois lumineux, empreints d’une douce humanité, sans révolte agressive, ils éveillent les consciences, dévoilent des vies attachantes. Curieux de l’Autre, toujours bienveillants, ils dépeignent des cultures, des modes de vie différents,  ouvrent au monde. Ni naïfs, ni mièvres, infiniment nuancés. Engagés dans l’intérêt de l’enfant, par-dessus tout !

Ciprian est rom et fils d’Ursari (ou montreur d’ours). Sa famille est nomade, très pauvre mais unie. Mal aimée, souvent rejetée, elle exerce difficilement son activité foraine et sans Dimetriu, le fils aîné, habile voleur (“le champion des emprunteurs”), elle ne mangerait pas tous les jours à sa faim.

Aussi,  lorsqu’une filière mafieuse propose au père de quitter le pays pour aller en France et connaître avec les siens, de meilleures conditions d’existence, ce dernier accepte, malgré l’engagement financier exorbitant qui le lie désormais à ces criminels.

L’arrivée en banlieue éloignée de Paris et l’installation dans un camp sordide sans hygiène ôtent toute illusion de bonheur à Daddu et aux siens. “Des ruelles bourbeuses, encombrées d’ordures, de sacs plastique et d’objets qui semblaient abandonnés là depuis toujours. Bouts de ferraille, palettes de chantier, chaises défoncées… ”

Exploités par leurs tortionnaires, ils mènent une vie de voleurs et d’esclaves en un véritable enfer jusqu’au jour où Ciprian découvre, au jardin du Luxembourg, deux joueurs d’échecs pas tout à fait ordinaires et se rend compte qu’à ce jeu de stratégie, il déploie un don remarquable qui pourrait bien changer sa vie.

Une intrigue alerte et sans temps mort, où la réalité la plus noire et la plus désespérée malmène durement les personnages et indispose çà et là le lecteur, même si la tonalité n’est jamais pesante, toujours délicate et même, parfois drôle.

Ce dernier découvre alors de l’intérieur et à travers le regard d’un enfant, un camp de réfugiés en France. Sans misérabilisme, sans avoir besoin de forcer le trait, Xavier-Laurent Petit, progressivement, amène le lecteur vers une prise de conscience plus éclairée sur ces minorités, l’éloigne de certains préjugés, l’interpelle avec justesse et pour longtemps.

Avec la même précision, il décrit les échecs, les tournois et championnats, exprime l’effervescence autour des apprentissages, transmet avec bonheur la passion qui anime Ciprian et ses initiateurs. Moments presque magiques qui contrebalancent avec émotion la dureté des existences décrites, traduisent avec habileté et grâce l’espoir et la joie, l’énergie qui animent le jeune héros et la solidarité stimulante des personnages secondaires.

Cette histoire, pourtant sombre à bien des égards, fortifie celui qui lit. Pleine d’éclats de vie, elle confirme que l’intégration des plus démunis passe d’abord par l’indispensable solidarité des habitants,  leur proximité et leur attention, se poursuit par l’éducation, le soutien et l’amour familial, et n’a rien d’utopique, ni d’insurmontable. Mieux encore, elle donne à chacun la possibilité d’un rôle à jouer dans cet accueil des minorités. Un désir d’engagement sincère.

A lire dès 13 ans.