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Victor Klemperer

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Critique littéraire

Victor Klemperer. Repenser le langage totalitaire

Abondance d’abréviations donnant le sentiment d’appartenir à un groupe d’initiés, profusion de termes techniques mécanisant l’homme, emploi constant de superlatifs pour toute entreprise nazie, enflure sentimentale : c’est à l’aide de cette langue pauvre que le régime nazi s’insinue dans les esprits et modifient les manières de penser. C’est cette « novlangue » que recense au quotidien dans son journal l’écrivain et philologue Victor Klemperer (1881-1960). L’ouvrage dirigé par Laurence Aubry et Béatrice Turpin se nourrit de cette oeuvre novatrice pour en mesurer la portée à nouveau frais, la confronter à d’autres pensées comme celle d’Arendt, l’évaluer à l’aune de situations politiques contemporaines. Une réflexion stimulante qui montre comment les nazis et leurs épigones sont parvenus à asservir une langue, et donc la pensée elle-même, à l’oeuvre de manipulation des masses.

11/2012

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Critique littéraire

La langue confisquée. Lire Victor Klemperer aujourd'hui

Comment la langue façonne-t-elle l'esprit d'une époque ? Tout au long du règne de Hitler, Victor Klemperer étudia les graves distorsions infligées à la langue allemande par le nazisme. Les enseignants seront désormais soumis à une " révision nationale et politique " - comme les voitures, note-t-il en 1934. On parle désormais de " système " pour désigner le régime des années de Weimar, vilipendé en tant que régime parlementaire et démocratique " enjuivé ". Quant à l'adjectif " fanatique ", il passe du registre péjoratif au registre laudatif ; le terme " libéral ", lui, devient, à l'inverse, péjoratif, avant de disparaître tout à fait au profit de " libéraliste ". Klemperer assiste en fait à une sorte d'inversion sémantique généralisée, dont il note chaque manifestation dans son Journal. Il en tirera LTI, grand livre sur la manipulation de la langue par l'idéologie. La langue confisquée restitue sa démarche, ce geste critique qui aide à comprendre comment on adhère à un langage, quel qu'il soit. Car, comme l'écrit Klemperer, " on désigne l'esprit d'un temps par sa langue. " Elle est un révélateur, elle ne ment jamais : c'est elle, toujours, qui dit la vérité de son temps. Le lecteur croisera dans ces pages d'autres écrivains, ayant vécu et travaillé à de tout autres époques, en de tout autres lieux, et ayant affectionné, comme l'auteur de LTI, la forme du journal-essai, du carnet - des écrivains ayant tous pour point commun d'avoir écrit " en noir sur la page noire de la réalité ". Et qui nous aident comme lui, à travers leurs quêtes respectives de la vérité, à faire face à notre temps, ce temps de repli identitaire et de " post-vérité ", un temps d'inquiétantes résurgences sémantiques aussi, où se voit brouillée la distinction essentielle du vrai et du faux.

09/2019

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Linguistique

Le temoin jusqu'au bout. Une lecture de Victor Klemperer

Etre témoin : être sensible. En quel sens faut-il l'entendre ? Dans un procès, on ne demande au témoin que d'être précis, puisque ce sont des faits qu'il s'agit de rendre compte. Mais celui qui décide de témoigner contre vents et marées, sans que personne ne lui ait rien demandé, se tient dans une position différente : il porte aussi en lui l'exigence d'un partage de la sensibilité. Il considère implicitement que ses émotions constituent en elles-mêmes des faits d'histoire, voire des gestes politiques. C'est ce que montre une lecture du Journal de Victor Klemperer tenu clandestinement entre 1933 et 1945 depuis la ville de Dresde où il aura subi, comme Juif, tout l'enchaînement de l'oppression nazie. Témoignage extraordinaire par sa précision, en particulier dans l'analyse qu'y mena Klemperer - qui était philologue - du fonctionnement totalitaire de la langue. Mais aussi par sa sensibilité. Par son ouverture littéraire à la complexité des affects, avec la position éthique - celle du partage - que cette sensibilité supposait. Entre la langue totalitaire, qui ne se prive jamais d'en appeler aux émotions sans partage, et l'écriture de ce Journal, ce sont donc deux positions que l'on voit ici s'affronter autour des faits d'affects. Combat politique lisible dans chaque repli, dans chaque inflexion de ce chef-d'oeuvre d'écriture et de témoignage.

03/2022

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Critique littéraire

Littérature universelle et littérature européenne

"La littérature nationale n'a plus guère de sens à présent l'ère de la littérature universelle est à l'ordre du jour, et chacun doit à présent contribuer à accélérer l'avènement de cette ère". Ainsi s'exprimait Goethe dans un entretien avec Eckermann daté du 31 janvier 1831. Dans le contexte cosmopolite de la vie littéraire de l'époque, allemande à l'origine, et dont l'activité de traduction importante constitua un témoignage manifeste, Goethe écrivait, quelques année plus tôt, au traducteur des classiques italiens, Karl Steckfuss : "je suis persuadé qu'une littérature universelle va se constituer", et il se faisait prophète en disant "l'Allemand peut et doit y contribuer, il aura un beau rôle à jouer dans cette entreprise" Le concept, fluctuant et ambigu, de "Weltliteratur" ou de "littérature universelle" était né. Victor Klemperer (1881-196o), dans cet essai éclairant, écrit dans les moments de tribulations de quelqu'un qui voit se briser un à un les fondements de la culture européenne suit les avatars de l'évolution de cette idée, de l'humus qui l'a rendue possible à son sens dernier. En forgeant le terme et le concept de littérature universelle, Goethe fut le premier à pressentir, à nommer, à véritablement montrer et à porter ainsi à la conscience générale, quelque chose qui a une réalité ensuite : la littérature européenne. Klemperer fait ressortir les liens et les différences caractéristiques existant entre les concepts de littérature transnationale avant Goethe, à son époque et après lui. Un parcours dans lequel se retrouve, illuminée, une idée morale de l'Europe.

09/2011

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Histoire internationale

Je veux témoigner jusqu'au bout. Journal 1942-1945

" Obligation de rester chez soi après huit ou neuf heures du soir. Contrôle ! Chassés de notre propre maison. Interdiction d'écouter la radio, interdiction d'utiliser le téléphone. Interdiction d'aller au théâtre, au cinéma, au concert, au musée. Interdiction de s'abonner à des journaux ou d'en acheter. Interdiction d'utiliser tout moyen de transport [...] Interdiction d'acheter des fleurs. Interdiction d'aller chez le coiffeur. [...] Obligation de remettre aux autorités les machines à écrire, les fourrures et les couvertures en laine, les bicyclettes [...], les chaises longues, les chiens, les chats, les oiseaux. [...] Interdiction d'emprunter la pelouse municipale et les rues adjacentes du Grosser Garten, interdiction... [...] Voilà, le crois que c'est tout. Mais, pris tous ensemble, ces 31 points ne sont rien face au danger permanent de perquisition, de sévices, de prison, de camp de concentration et de mort violente. " V-K.

08/2000

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Histoire internationale

Mes soldats de papier. Journal 1933-1941

" Je veux porter témoignage. Tout ce que vous écrivez, on le sait déjà, et les grandes choses, [...] vous ne les connaissez pas. Ce ne sont pas les grandes choses qui importent, mais la tyrannie au jour le jour que l'on va oublier. Mille piqûres de moustiques sont pires qu'un coup sur la tête. J'observe, je note les piqûres de moustiques... Un peu plus tard : - J'ai lu quelque part que la peur de quelque chose est pire qu'ici chose elle-même. Quelle angoisse, avant la perquisition ! Et quand la Gestapo est venue, j'étais froid et résolu. Après, qu'est-ce qu'on a bien mangé ! Toutes les bonnes choses que nous avions cachées et qu'ils n'ont pas trouvées... - Vous voyez, voilà ce que je note. "

08/2000

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