En effet, l’annonce du gouvernement australien qui voudrait faire sauter la loi selon laquelle les éditeurs locaux ont l’exclusivité de la commercialisation pendant 30 jours sur les œuvres éditées à l’étranger, les autres éditeurs devant attendre ce délai pour pouvoir les mettre en vente sur le territoire australien, devrait plaire aux lecteurs.
Certaines œuvrent, en particulier les meilleures ventes en livres de poche devraient être par conséquent plus abordables. D’autres livres, en particulier ceux contrôlés par les éditeurs britanniques qui s’importent au compte-gouttes sur le marché australien à des prix excessifs devraient arriver plus rapidement et à un tarif plus raisonnable.
C’était sans compter les associations d’auteurs en bons prédicateurs de la fin de la culture littéraire locale qui affirment que la loi actuelle permet de soutenir un écosystème dans lequel les écrivains locaux peuvent vivre décemment uniquement grâce aux éditeurs locaux qui bénéficient de cette protection.
Un combat de longue haleine
Comme il y a toujours des opposants et des défenseurs à une idée, l’Association des Bouquinistes Australiens est montée créneau pour rappeler à tous que ce sont toujours les contrats qui décident de savoir par qui et dans quels pays les œuvres seront publiées.
Une utopie selon Garth Nix, écrivain de fictions renommé. « N’importe quel éditeur local ne pourra pas lutter contre les invendus américains et britanniques ou simplement un éditeur indien vendant en langue anglaise 90% de ses impressions en Australie ». Avec la bataille sur les prix, comment les éditeurs locaux pourraient-ils encore prendre le risque de publier un nouvel auteur australien inconnu ? De plus, il n’y a aucune garantie que les prix iront forcément à la baisse.
Des réductions plus que conséquentes pour les lecteurs
Reste que les lecteurs avec cette loi pourraient s’attendre à payer 20 $ pour un livre de poche et 30 $ pour une édition reliée au lieu des respectivement 33 $ et 50 $ actuels. Il faut tout de même prendre en compte le passé de l’Australie au niveau de la publication. On peut ainsi comprendre la réaction presque trop émotive des opposants à la réforme. Là où aujourd’hui, on compte plusieurs grosses entreprises d’éditions et des petites presses d’universités indépendantes, il n’y avait avant que des filiales britanniques qui contrôlaient le marché.
Négocier avant de faire n'importe quoi
David Gaunt, dirigeant de Gleebooks à Sydney voit plus loin et désire que les différents partis se posent autour d’une table pour réfléchir à d’autres modes financement pour la littérature locale, car tôt ou tard, le marché devra s’ouvrir. À l’heure actuelle, il est presque d’ailleurs aussi rentable d’acheter un livre sur Amazon.com malgré des frais de livraison onéreux.
Mr Grover, porte-parole pour le distributeur australien Dymocks and Angus & Robertson signale que les lecteurs de plus en plus attachés aux prix sont plus enclins à acheter en ligne. « Nos prix sont 30 à 40 % plus chers que ce qu’un éditeur proposerait à un distributeur en ligne. Comment les éditeurs peuvent faire cela et s’attendre à ce que je sois content de cette situation ? »
« Les bénéfices du dollar fort ne se répercutent pas sur le consommateur et je ne pense pas que les initiateurs de cette limitation avaient cette idée en tête. Si nous n’agissons pas maintenant, le problème (des livres trop chers) ne cessera de s’amplifier », ajoute Mr Grover.