Tendres silences

Enseignante en anglais, une langue de renégats, dans un collège mixte, refusant la port du voile et distillant avec conviction et persévérance un message de tolérance à mille lieux des discours et des acte de haine et d’exclusion qui fleurissent dans cette Algérie de la fin du XXème siècle, la narratrice a bien pris conscience du fait que sa vie est en sursis, que ceux qui se sont « donné le droit de tuer » ne peuvent qu’être en train de préparer l’occasion.

Début octobre, la communauté jeunesse était durement frappée : le décès d’Axl Cendres survenait comme un coup de poing, asséné par une force invisible. La mort frappe, toujours détestablement. En concertation avec la famille, des professionnels ont choisi de lui rendre hommage, en donnant son nom à un prix littéraire. Le Prix Cendres. 

Parfois, il ne reste plus que le silence pour crier sa souffrance et son mal-être. Parce qu'on ne peut plus faire autrement, parce que les papas et mamans loup n'ont plus le pelage doux, mais des dents pointus, des crocs déchirants le cœur. Parce qu'il n'y a plus la moindre place pour un petit sourire. Et il n'y a rien à dire. Non, Madame, je vous assure, rien à dire. Les loups ne sont pas toujours des loups et les bleus de l'âme passent comme les nuages noirs au fond de mes yeux.
Mais la dame persiste et, petit à petit, les doigts de l'enfant murmurent des mots sur le papier. Et si la parole n'est pas encore présente, elle attend au bord des lèvres, prête à être délivré.

Cet album très subtil, suggère finement les choses. Le dessin baigné de rouges et de bordeaux est également d'une grande délicatesse. Benjamin Lacombe a su parfaitement capter ce silence insupportable par des traits fins, le regard triste et compatissant des oiseaux, le décor réduit à son minimum.

Un album qu'on ne peut oublier et qui se garde longtemps, longtemps…

Tout le monde y passe, et voici bien un livre qui va faire son petit scandale. Histoire de désacraliser l'ensemble de nos politiques, les éditions L'Archipel publient aujourd'hui un livre innocemment baptisé Le tout politique.

Années 1950. Le décor : Blancheville, village du sud de la baie de Somme. La brume, la pluie, et les fantômes qui peuplent ce coin de terre qui côtoie la mer. « En haut de la falaise, la morsure du vent était vive, comme l’éclat de l’eau et l’appel du vide ; en contrebas, les vagues fleurissaient en volutes d’écume, et leur murmure s’élevait vers le cimetière marin, mêlé aux cris des goélands. » Michel contemple le paysage, le cœur lourd : en lui, l’âme de celle qu’il a aimé avec une passion dévorante. Celle qu’il ne pourra jamais oublier.

14 mois après la mort de Zoé, leur « acrobate philosophe », brisés par leur chagrin, Étienne et Izia se séparent. Si lui se dévoile en pointillés, elle se raconte par petites touches, évoque des souvenirs d'une famille unie et d'une fillette lumineuse et singulière.

« Rien n’arrivait par hasard, Pedro en était persuadé. Si la vie donnait l’impression de punir certains sans raison, elle n’était en réalité qu’une succession de récompenses ou de retours de bâton. » Dans Les cœurs silencieux, Sophie Tal Men emporte ses personnages dans une quête de rédemption, pour échapper aux regrets. 

HIVER2024 - Robert Lynen, l'étoile montante du cinéma français des années 1930 reconnu pour son rôle dans Poil de carotte, reste dans la mémoire de quelques-uns, notamment Georges Perec qui lui rend hommage dans Je me souviens. 

Extrait Baisers de cendres de Etienne Palle

Entre vibrants hommages à une mère courageuse, les histoires de cœur pleine de tendresse, la violence polaire de Vargas et les rebondissements shakespeariens de la Guerre des trônes, la sélection Fnac de la semaine, avec ActuaLitté, verse dans l’éclectisme et garantit de vivre des histoires savoureuses.

Caroline VermalleL'avant-dernière chance

Le meilleur acteur est peut-être celui qui fait plus d'effet qu'un autre sans même prononcer un mot. Dans cette catégorie, Charles Bronson est un monstre. Un monstre sacré, comme il fut rapidement surnommé en France. En Italie, on l'appelait Il Brutto, au Royaume-Uni, The Ugly One : devant tous ces surnoms, l'acteur restait sûrement impassible. 

« Elsa filait sans se retourner. Le dos droit, concentrée pour trouver la bonne cadence, elle regardait ses skis afin de les maintenir dans les traces. » Neuf ans, encore innocente et pleine de fougue, Elsa se rend à l’enclos des rennes – seule, comme une grande. Il fait déjà un peu sombre dehors, mais elle sait qu’elle sera de retour avant la tombée de la nuit. Le cœur gonflé d’impatience, l’horreur remplace le bonheur : là, au cœur de la forêt, elle découvre Robert Isaksson, un couteau ensanglanté à la main. 

Au cœur de la Colombie, dans les tourments d’une guerre civile plus ou moins contemporaine, deux enfants dans une course sans fin avec leur mère. Ils fuient des guérilleros sans foi ni loi, croisent des soldats et des fermiers plus ou moins brutaux, des enfants indiens enlevés et livrés à des gardes-chiourmes passablement inquiétants, des « Pères savants » qui ont une idée bien à eux de la pédagogie à appliquer aux adolescents.

Incontestablement, la préface de Colum McCann ajoutée à la nouvelle édition du roman de Frank McCourt (traduit par Daniel Bismuth), paru initialement il y a un peu plus de vingt ans, offre aux Cendres d’Angela, une nouvelle lecture, plus contemporaine mais confirme en même temps que la pauvreté, l’exil demeurent des situations tragiquement intemporelles qu’aucune société ne semble en mesure d’abolir, encore aujourd’hui.

Depuis quelques années, les arbres aux livres, bibliothèques gratuites et en plein air, fleurissent dans les rues de Nancy. Le plus récent, la cabine téléphonique « Dylan Pelot », avait été installée le 24 mars dernier. Le concept n’a pas dû séduire tous les habitants du quartier puisqu’elle a été réduite en cendres dans la nuit de mercredi à jeudi, à peine trois semaines après son inauguration...

Les multiples conflits qui ont laissé le pays traumatisé marquent encore largement le paysage culturel. Pour les Irakiens, des pertes considérables ont été encaissées — comme la collection détruite de 70 000 ouvrages du Collège d’Arts de l’université de Bagdad. Incendié et pillé en 2003, le bâtiment est aujourd’hui en reconstruction.

Professeur de littérature, Juozas Brazaitis prit la tête de la Lituanie au cours de l'été 1941 juste après le départ des forces soviétiques. Mais, après l'arrivée des Allemands, il fut rapidement accusé de collaborer avec les Nazis dans les importants massacres de Juifs qu'ils conduisirent au sein de ce petit pays balte.

Alors qu'un hommage public a été rendu durant la journée de mercredi à l'écrivain Carlos Fuentes, dont la dépouille était au Palais des Beaux Arts de Mexico, des centaines de personnes sont venir dire adieu à l'écrivain mexicain. 

Le jury du Prix Cendres a récompensé, pour sa troisième édition, Audrey Bischoff pour le tome 1 des Mésanges, Abi, paru au Rouergue. Il décerne également une mention spéciale à Doux mots dits de Clou, aux éditions Rageot. La remise du Prix aura lieu le 22 octobre à 17h30, à l’Hôtel de Ville de Tours pendant la Quinzaine du livre Jeunesse, en partenariat avec la librairie Libr’enfant, la SOFIA, et la librairie Récréalivres. 

; ils nous encerclaient, se nourrissant de notre chair, quasi invulnérables, dotés d'une volonté implacable et d'un but unique : manger

ROMAN ETRANGER - L'on connaît Luke Rhinehart pour L’Homme dé (traduit par James Du Mourier en 2014, chez L’Olivier). Il était temps d’approfondir cette rencontre avec l’auteur à l’imaginaire débridé. Son histoire de boules de poils, avec Invasion, montre combien il est salutaire d’ouvrir les yeux sur nos sociétés aseptisées…

BONNES FEUILLES - Que faire lorsqu’on apprend que sa vie va s’arrêter à 40 ans ? Et que l’on est père de trois enfants. L’auteur-narrateur, qui a gardé son âme de gosse, fait le choix de l’imaginaire et de la malice. Lorsque le cancer lui interdit tout avenir, tel un magicien, il décide de se jouer du temps.

La Foire du Livre de Francfort assumait pleinement sa dimension politique en donnant la parole à trois écrivains turques, dont la liberté d'expression est menacée dans leur pays. Asli Erdogan, Can Dündar et Burhan Sönmez ont entamé une conversation avec Juergen Boos, directeur de la Foire, leur permettant d'évoquer la situation de la Turquie et du reste du monde.

L’encre électronique coule, mais ne tache pas. Et les férus de technologie s’amusent toujours dans leur coin à trouver des applications inédites, ou à repousser les limites de ces appareils. Récemment, c’est en jouant sur la vitesse de rafraîchissement que Ben Krasnow est devenu une star du web...