Suiciders Tome 1 : Des hauteurs de l'abîme

Décidément, cette fonctionnalité de synthèse vocale implémentée dans le Kindle 2 soulève plus de questions qu'il n'y paraîtrait. Outre, comme l'a souligné l'un de nos lecteurs, qu'il deviendrait, en poussant un peu, aberrant d'interdire la lecture faite aux enfants par leurs parents, la question de la violation du droit d'auteur ne manquait pas de pertinence.

Mais nous avions souligné qu'Amazon s'était rendu bien vite dans cette histoire, en acceptant, moins de 15 jours après le début de la polémique d'en modifier les conditions d'utilisation, au gré des éditeurs. Mais si sur le court terme, la Guilde des auteurs a gagné, qu'en est-il du long terme ? N'est-ce pas là le meilleur alibi pour qu'Amazon renforce une politique de verrouillage des fichiers, à prompt renfort de DRM ?

Si en théorie, le Kindle, selon les dires de Jeff Bizos, est agnostique sur la question des DRM, cette histoire de violation de droits donnerait un atout supplémentaire pour une généralisation des verrous. De fait, pour protéger plus encore le droit des auteurs, au-delà de la fonctionnalité de lecture, Amazon pourra désormais prêcher la bonne parole du DRM auprès des éditeurs, et ainsi lier plus encore les ebooks au Kindle, empêchant dès lors qu'ils soient utilisés sur d'autres supports.

Est-ce possible plus qu'à l'heure actuelle, alors que les fichiers disposent déjà d'une extension propre au Kindle ? La suppression de Microsoft Reader et PDF décidée par le marchand abonderait en ce sens, puisque seuls les ebooks dotés de DRM seront encore vendus dans ces formats.

La Guilde s'est donc tiré une balle dans le pied, ou plus précisément, a tiré droit dans la tête des consommateurs. Plutôt que d'accuser la fonction Read To Me, forcer Amazon à s'ouvrir aux autres formats aurait probablement été une meilleure idée. Et puisque la bataille sur la synthèse vocale est gagnée, quoique perdue semble plus réaliste, la gestion des droits par Amazon pourrait largement basculer en faveur des DRM.

Reste à attendre et voir venir les modifications apportées par le cybervendeur...

Dans Red Garden tome 2 de Kirihito Ayamura (d'après l'animé des studios Gonzo) les rouages de l'intrigue commencent à se mettre en place et Kate décide de sa battre pour retrouver ce qu'elle a perdu, mais n'est-il pas déjà trop tard...?

Alors qu'elles essaient de retrouver un semblant de normalité dans leurs vies, les filles sont régulièrement interrompues par l'apparition de papillons. Pour elles, ces papillons sont synonymes d'un retour au cauchemar et d'un affrontement dangereux et éprouvant. Lors du premier combat de ce tome Rose effrayée tente de s'enfuir, mais le monstre la prend en chasse. Heureusement, elle tombe sur un autre groupe de jeunes filles dans la même situation qu'elle. Celles-ci lui sauvent la vie.

Deux clans s'opposent

Si dans le premier tome, on pouvait se sentir un peu perdu, dans le deuxième la situation s'éclaire quelque peu, et de nouvelles interrogations arrivent. On découvre les forces en présence. On apprend notamment que les filles sont ce que l'on appelle des « Animus » et qu'elle s'oppose aux « Delors » qui frappés par une étrange maladie se transforment tous petit à petit en monstres. Cela dit l'opposition entre les « Animus » et les « Delors » semble ne pas dater de l'apparition de cette maladie.

La finesse de l'intrigue réside dans le fait que les deux clans sont montrés sous des aspects positifs et négatifs. Tous deux ont leurs motivations et semblent englués dans une guerre dont ils ne connaissent plus la raison. Et finalement, le lecteur ne peut pas réellement prendre parti. Il s'attache plus à certains personnages.

Des personnages bien travaillés

Et c'est là que se trouve le deuxième point fort de ce manga. La psychologie des personnages est très bien travaillée. En quelques scènes on arrive à les comprendre et à s'attacher à eux, que ce soit dans le camp des « Delors » ou dans celui des « Animus ». Ils semblent tous dépassés par les événements, et essayent de survivre et de trouver à leur manière une solution à leurs problèmes.

Les dessins sont toujours aussi sombres notamment durant les combats. Les trames sont encore très présentes dans ce tome, ce qui donne l'impression que le temps est toujours gris et le brouillard omniprésent dans une ville pleine de mystère et de dangers. Le temps est aussi en parfaite adéquation avec l'humeur des personnages. Les seules planches qui semblent plus lumineuses sont celles où Kate rencontre Anna et son frère Hervé. Ensemble, ils vivent une journée pleine de bonheur et d'insouciance.

Bref, ce second volet de Red Garden est encore une réussite à tous les niveaux. L'intrigue se développe bien, les personnages sont profonds et les dessins soutiennent le tout admirablement. La série ne compte que quatre volumes alors il faut espérer que les deux prochains soient du même niveau et on devrait connaître de bons moments de lecture.

Red Garden tome 2 de Kirihito Ayamura et des studios Gonzo est édité par 12bis. Et vous pourrez vous laisser subjuguer par ses 208 pages pour 6,50€. Le tome 3 devrait paraître le 28 août.

Vous êtes plutôt mercenaire sanguinaire ou souveraine oubliée ? Grâce à la saga du Trône de cristal, plus besoin de se poser la question !

Suivez Keleana dans sa quête de vengeance et d'amour, à travers le royaume d'Adarlan d'où toute forme de magie a été proscrite...

On a longtemps attendu la suite française et elle est enfin là ! Merci à La Martinière Jeunesse pour ces rééditions très réussies ! Rendez-vous le 2 juin prochain pour le tome 6 !

Par Cloé & Daniel de la Librairie Heroes de Saint Etienne

Formée aux arts de la guerre, de l’espionnage et de la séduction, Lara est l’arme secrète de son père, le souverain de Maridrina. Elle est animée par deux convictions : le roi Aren d’Ithicana est son ennemi mortel, et c’est en le faisant tomber qu’elle sauvera son royaume de la famine.

Dans cet archipel déchiré par les tempêtes dévastatrices, le pont d’Ithicana représente l’unique route commerciale. Et Ithicana ne se gêne pas pour exploiter cette position stratégique, et s’enrichir sur le dos de ses voisins affaiblis, qui luttent pour survivre face aux maladies et au manque de nourriture. 

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Lara arrive dans le royaume de son époux avec une seule idée en tête : l’espionner pour l’achever. Elle doit trouver un moyen de communiquer à son père les failles du pont d’Ithicana, réputé imprenable.

Cependant, à mesure qu’elle découvre cet endroit aussi dangereux que fascinant, et l’homme qui le dirige, elle se met à douter de ce que lui a répété son père toutes ces années. Alors, qui croire ? Aren est-il le seul responsable de la famine qui sévit à Maridrina ? Envers qui être loyale ? 

Déjà très réputée sur les réseaux sociaux, cette romantasy (genre hybride entre romance et fantasy), qui en réalité correspond plus au genre de la fantasy, honore sa réputation réussit tous ses paris. Non seulement le lecteur est transporté dans un univers verdoyant décrit avec précision et beaucoup d’imagination, mais il suit avec nervosité les péripéties de son personnage principal, Lara.

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Dans cette aventure où trahison et vengeance guident les cœurs, le lecteur se surprend à frissonner en même temps que son héroïne.

L’autrice réunit tous les codes d’un véritable roman « tourne-pages » : une fois en main, on ne peut plus s’en lasser. Les intrigues politiques et les complots peuplent ces pages et, pour notre plus grand plaisir, nous surprennent à coup de retournements de situations à tous va. 

La romance, quant à elle, est bien dosée. Bien qu’un peu stéréotypée, elle emporte le lecteur dans un tourbillon d’amour sur base d’un « ennemies-to-lover », comme on les aime.

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Le rythme est rapide, ne laisse pas de place au temps mort. La place accordée à la description permet une immersion totale au cœur des querelles d’Ithicana, et nous trouve une place parmi les nombreuses scènes de combat.

Une fois le roman achevé (sur une traduction de Laurence Boischot), une seule question se pose : comment se procurer le tome 2 ?

Torak doit abandonner son père mourant. Il n'a pas le choix, l'Ours approche. Son père lui a confié une mission: il doit rejoindre la Montagne de l'Esprit. Torak ignore ce qu'il attend. Sur sa route, il rencontrera Loup – un louveteau qui le guidera sur le bon chemin –Renn et son peuple: des êtres différents mais qui sauront, chacun à leur manière, l'aider à accomplir sa mission. Car la survit de la forêt dépend de la destinée de Torak. Le jeune garçon sera-t-il à la hauteur?
C'est avec un grand plaisir que vous savourerez la lecture de ce roman qui nous emporte vers une époque et un lieu lointains. Durant quelques semaines, vous partagerez le quotidien de Torak et du jeune louveteau: la survie dans la forêt, la lutte contre le froid, la chasse, les dangers des agresseurs... L'univers vous captivera et vous enchantera. Quant à l'intrigue, l'intense suspense comblera votre intérêt jusqu'au dénouement.
Premier tome en livre de poche de cette série à succès. À peine le livre initial des achevé, vous serez ravis de savoir que la suite est déjà disponible!

Bambina, déesse de l'Amour est un manga bourré d'humour et de jolies filles légèrement vêtues, plutôt original dans un genre qui a pourtant était exploité maintes et maintes fois et qui a déjà connu ses grands maîtres.

Minamoto Yûtarô est un jeune lycéen travaillé comme tout bon adolescent puceau par ses hormones. Avec ses amis, il a fondé le groupe des « pure lovers » dont le seul objectif est de conduire ses membres jusqu'à l'expérience ultime, le dépucelage. Et Yûtarô semble en bonne voix pour être le premier membre de son groupe à franchir ce pas décisif. En effet, il a reçu un message de Yumeko lui donnant rendez-vous sur le toit après les cours. Malheureusement, ce qu'il va y voir dépasse tout ce qu'il aurait pu imaginer.

Plus tard dans la soirée, il fera la connaissance de Bambina, une déesse de l'Amour apparue nue comme par enchantement dans sa chambre avec pour mission d'exaucer un de ses voeux. Le jeune garçon qui ne peut s'empêcher de fantasmer ne sait pas encore à quel point elle va changer son quotidien...

Bambina face à Vidéo Girl Aï

Notre grande crainte en ouvrant ce premier tome de Bambina était de tomber sur une pâle copie de Vidéo Girl Aï, un titre incontournable du genre que l'on doit au grand Maskazu Katsura. Et il faut bien l'avouer au premier coup d'oeil les similitudes sont frappantes : Un jeune garçon maladroit et timide avec les filles, très facilement impressionnable par un petit bout de tissus pourvu qu'ils soient bien placés, un ami qui lui a du succès auprès de la gente féminine mais qui ne s'en soucis guerre et enfin une fille plate avec des pouvoirs magiques faisant irruption dans la vie du premier pour régler ses problèmes de coeur. Vidéo Girl Aï est un titre qui a fait date dans l'histoire du manga et le surpasser sur son propre terrain est quasiment impossible tant l'intrigue est complexe et bien amenée.

Cela dit Bambina propose une alternative assez originale. Si l'oeuvre da Masakazu Katsura était plutôt sage avec un peu de fan service juste pour la forme, Bambina lui est un titre beaucoup plus trash. Le personnage principal n'est pas un amoureux transi mais un branleur invétéré, la fille dont il est amoureux est prête à assouvir les fantasmes les plus cochons de celui qu'elle aime, et la déesse Bambina est encore plus décomplexée et plus souvent dénudée qu’Aï Amano (l'héroïne de Vidéo Girl Aï). L'analogie s'arrête donc à la situation de base et c'est tant mieux.

Humour et fan service

Dans Bambina, déesse de l'Amour, le ton est clairement donné et c'est l'humour avant tout. Les pauvres membres des « pure lovers » sont maltraités tout au long du volume et finalement on est attendri par ces garçons qui n'arrivent même pas à parler à une fille sans bégayer et devenir tout rouges. Et que dire d'eux lorsqu'ils se retrouvent à la plage. Évidemment, le fan service est aussi très présent mais il est rarement utilisé sans raison. La plupart du temps, il est au service d'un comique de situation qui malmène notre héros.

Le charac-design est vraiment bien réussi autant pour les « pure lovers » qui ont vraiment des têtes pas faciles les pauvres, que pour les filles qui sont vraiment mignonnes. Ou encore pour Bambina, qui arbore un look un peu trash pour une déesse mais tout à fait en accord avec son caractère. Les décors sont un peu pauvres, il y a même quelques vignettes qui n'en ont pas du tout mais qu'importe, on ne s'en aperçoit quasiment pas tant l'histoire est prenante.

Bambina, déesse de l'Amour de Kanzaki Masaomi est un titre vraiment agréable à lire. C'est un pur moment de détente qui vous déconnectera en trente secondes de tous vos soucis. Le mangaka, qui était spécialisé jusqu'à présent dans l'action avoue à propos de Bambina : « c'est le genre d'oeuvres qui me rend heureux ». Ça se sent, et nous on prend vraiment du plaisir à le lire.

Bambina, déesse de l'Amour, tome 1 de Kanzaki Masaomi est édité par Doki-Doki. Et vous pourrez vous plonger dans ses 208 pages de délires pour 6,95 €.

Prix des maisons de la presse 2021, le roman d’Éric Fouassier a de nombreuses qualités, pour trop peu de défauts. Ancré dans l’histoire de France — et plus spécifiquement, le retour de la royauté en 1830 — ce polar traque un certain Vicaire, créature de l’ombre autant que terrifiante.

Valentin Verne, rentier, a choisi de travailler pour la police (et avec quel sens de l’observation et de l’analyse !), mû par une véritable passion. Plus : un sacerdoce. Quand ses collègues se contentent de profiter de leur statut, lui travaille avec de nouveaux outils : la médecine, la chimie, la déduction. Car, si les méthodes policières évoluent, celles des malfrats suivent la même tendance.

Le Vicaire, criminel qui l’obsède, laisse derrière lui des traces. Mais Verne aura quelques morts à élucider avant que de mettre la main sur cette nouvelle race de malfaiteur. Au point de prendre la tête du Bureau des affaires occultes, où l’ésotérisme et les mystères se fraient dans le réel une étrange place.

Doubt tome 1 de Yoshiki Tonogai aux éditions Ki-oon est un seinen dans la veine de Saw qui vous fera frissonner. Au menu de ce titre prometteur, horreur, suspens et suspicion. Le jeu commence, saurez-vous trouver le loup qui se cache parmi les lapins.

Yu, Eiji, Haruka, Rei et Hajime jouent tous ensemble à un jeu sur téléphone portable appelé Rabbit Doubt. Dans ce jeu, chaque jour est représenté par un lapin et ils participent à des minijeux. Mais parmi les joueurs se cache un loup déguisé en lapin. Le but du jeu pour celui-ci est de désorienter les lapins pour les manger. Le but du jeu pour les lapins est de démasquer le loup avant qu'il ne le dévore tous. Les joueurs qui ne se connaissent pas du tout décident un jour de se rencontrer dans le monde réel.

Alors qu'il attend les autres joueurs Yu croise une amie Mitusuki. La jeune fille fait connaissance avec les autres joueurs excepté Hajime qui s'est décommandé au dernier moment. Le petit groupe décide d'aller faire un karaoke. La rencontre se passe plutôt bien excepté quelques anicroches jusqu'à ce que Yu décide d'aller voir ce que fait Eiji parti depuis un long moment aux toilettes. Là, il se fait assommer. À son réveil, il est emprisonné avec Hajime et Mitsuki dans un endroit mystérieux. Bientôt tout trois découvrent que Rei a été assassinée. Eiji et Haruka, les rejoignent. Une constatation s'impose, ils sont dans une espèce de reconstitution grandeur nature et macabre de Rabbit Doubt et le meurtrier est peut-être parmi eux.

Un loup déguisé en lapin

Quand on commence à lire Doubt il devient très difficile de s'arrêter tant le scénario est bien amené et le suspens savamment distillé. Petit à petit le lecteur va se faire méfiant envers tous les personnages, les suspectant tour à tour d'être « le loup ». Personne n'est épargné ni Yu, le personnage principal, ni les personnages qui semblent les plus inoffensifs comme Mitsuki. Surtout pas ceux-là d'ailleurs. Pourtant après avoir lu le premier tome, il est complètement impossible de suspecter un personnage plutôt qu'un autre. Quoique, Hajime, par son calme et son attitude de meneur de jeu, et Eiji par son impulsivité et son agressivité semblent faire des suspects idéaux. Cela dit, ils sont trop faciles à suspecter, on s'attend à quelque chose de plus tordu.

Par le côté un peu horreur, angoissant et surtout par le fait que l'on ne sait pas à quoi tout cela rime, on se retrouve dans une ambiance proche de Saw. Et surtout, il semblerait que « le loup » ait quelque chose à reprocher à chaque joueur. D'un autre côté, cette manière de laisser planer le doute sur tous les personnages et d'impliquer le lecteur dans la recherche du meurtrier, rappelle l'ambiance qui plane dans les romans d'Agatha Christie.

On notera aussi une note d'humour et de légèreté au début du tome qui détone franchement avec le reste de l'ouvrage. Une façon de marquer avec plus de brutalité encore le choc de l'enfermement des personnages. Ceux-ci sont d'ailleurs très bien travaillés. Tous ont un caractère différent, bien marqué, et le génie du mangaka est d'être arrivé à les rendre tous suspects, même ceux qui semblent doux ou très à cheval sur les lois.

Une ambiance sombre et oppressante

Au niveau du dessin, rien de bien excentrique. Le charac design est somme toute assez classique mais la tension et autres émotions sur le visage des personnages sont bien lisibles. Le découpage lui aussi est assez classique et sans grande folie. Les cases sont plutôt claires pour tant, l'atmosphère est sombre et pesante. Ainsi quoique sans grande originalité les dessins soutiennent parfaitement l'ambiance du titre et permettront au lecteur une immersion totale.

Doubt tome 1 de Yoshiki Tongai aux éditions Ki-oon est un titre très prometteur dont on a hâte de découvrir les prochains tomes. Pour information, Doubt ne compte que quatre tomes. Le lecteur sera vite capturé par le suspens et se prendra au jeu des hypothèses. L'ambiance sombre, oppressante et macabre du titre qui ravira les amateurs d'oeuvres dans le genre de Saw, est parfaitement soutenue par le dessin.

Une petite mention aussi pour la couverture qui est très réussie avec une belle illustration et une petite astuce. En effet si vous soulevez la jaquette, vous pourrez découvrir une deuxième couverture reprenant l'illustration de la première mais de manière légèrement différente.

Sawako de Karuho Shiina fait partie de ces titres qui nous font penser que le shojo a encore de beaux jours devant lui. Ce manga dont les bases sont pourtant tout ce qu'il y a de plus classique propose un point de vue différent de ce que l'on peut voir dans pas mal de shojo.

Sawako Kuronuma est une collégienne de 15 ans, victime d'un physique proche du personnage de Sadako dans The ring (de Hideo Nakata), elle est fuie par tout ses camarades de classe. Elle est surnommée Sadako et tout le monde est convaincu qu'elle possède des pouvoirs maléfiques. Rester à proximité d'elle trop longtemps, lui parler ou tout simplement soutenir son regard entraînerait le malheur.

Pourtant Sawako est une fille tout ce qu'il y a de plus gentille. Elle est heureuse quand elle peut faire une bonne action et n'a jamais souhaité de mal à ses camarades qui passent leur temps à la fuir. Le problème c'est qu'elle est relativement timide et ne sait pas vraiment montrer ses sentiments. Alors, elle ne fait rien pour dissiper les malentendus sur son identité. Seulement ce n'est pas du goût de Kazehaya, le garçon le plus populaire du collège qui va tout faire pour se rapprocher d'elle et l'aider à se faire des amis.

Un point de vue différent

Le grand classique dans les shojo c'est d'avoir comme personnage principal une fille timide transie d'amour pour un garçon super beau et populaire auprès des filles. Bien évidemment, l'héroïne n'ose pas avouer son amour tellement, elle est impressionnée par le garçon, ce qui est dommage parce que le garçon lui aussi est amoureux d'elle. Quand on lit le résumé de Sawako, on se dit que l'on pourrait bien être en face de ce genre d'ouvrage. Et bien rassurez-vous, il n'en est rien !

Sawako part sur des bases très classiques du genre shojo mais toute son originalité réside dans le fait que l'intrigue amoureuse est loin d'être le plus important. En effet, dans ce manga, il est plus question de partir à la découverte de soi, des choses qui sont cachées en nous et qui ne demandent qu'à sortir pour nous rendre meilleurs. Il est aussi question du regard des autres, et de ce que l'on peut faire pour dissiper les malentendus sur qui l'on est.

Bref, le propos tient plus dans les questions que peuvent se poser les adolescents que dans la romance à rallonge. Bon, évidemment on sent bien la construction d'une histoire d'amour répondant aux codes du shojo mais elle est amenée subtilement et fait partie d'un ensemble plus grand.

Une bonne dose d'humour

Une autre des grandes forces de Sawako tient dans la grande place accordée à l'humour. En effet, on retrouvera pas mal de comique de situation dans ce premier tome, mettant régulièrement la pauvre Sawako en scène dans des attitudes qui ne lui rendent pas justice. Ces camarades n'ont plus ne seront pas épargnés, un peu ridicule dans leur peur d'une simple collégienne timide aux longs cheveux noirs. Tout cet humour et cette dérision permettent de relativiser. Et là, on se surprend à examiner certains passages de sa vie, et à se dire que finalement certaines situations vécues à l'origine comme de petits drames paraissent bien drôles quand on relativise.

Le charac-design est très bien adapté à l'histoire. Non seulement Sawako change de tête suivant qui la regarde pour être perçue comme une Sadako en herbe mais elle a aussi des mimiques très mignonnes. Un autre bon point la mangaka, n'abuse pas des petites étoiles autour des personnages et ça c'est bien !

Bref, Sawako est un shojo intelligent qui part sur des bases très classiques pour proposer quelque chose de différent, drôle et édifiant à la fois. Les problématiques proposées sont intéressantes et sont traitées toutes en finesse. Il faut noter que les deux premiers tomes sont à petits prix, 4,50 euros. Avec tout ça on aurait tort de s'en priver.

Sawako tome 1 de Karuho Shiina est édité par Kana. Et les 208 pages du tome 1 sont au prix exceptionnel de 4,50 €.

« J'ai encore fait un rêve avec ces types bizarres en combinaison d'astronaute… ça paraît fou mais j'ai l'impression qu'ils me surveillent quand je dors ! »

Andy est narcoleptique. Il s'endort tout le temps, une vraie plaie pour lui. Un jour, il s'endort et rencontre une créature… étrange. Et plus encore, il y trouve La Fabrique des rêves : l'endroit où tous les rêves de tous les humains sont produits. Il y découvre alors toute une mécanique quant à la construction des siens. Mais quand la Fabrique s'aperçoit qu'il a disparu de son propre rêve, tout le monde se lance à sa recherche. La situation d'Andy risque de devenir très dangereuse…

Des couleurs qui en jettent, une histoire réconfortante et amusante, un scénario très bien écrit et des illustrations qui nous emmènent dans la tête - et dans les rêves - d'Andy. Tout est là pour remplir les conditions d'une bonne BD. Tout se mélange et laisse place à une lecture que nous ne voulons pas arrêter et qu'on aimerait qui continue pour longtemps.

Une belle oeuvre qui parle de l'amitié, avec des références réconfortantes des films de notre enfance comme Monstres et Cie, des graphismes qui nous plongent dans un univers mélangeant douceur et énergie tout en parlant de la narcolepsie : une maladie du sommeil qui complique la vie de tous les jours, et qui n'est pas forcément facile à accepter…

Cette semaine j’ai lu Révolutionnaires ! Tome 2 : Le grand désordre de l’an 1

De Régis Hautière (scénario) et Xavier Fourquemin (dessin)

Célénie est toujours pourchassée par son assassin d’oncle. Mange-doigt, (chef d’une bande de voleurs et de tueurs à Nantes) missionné précédemment par ce dernier pour la tuer, réussit à la capturer.

Les enfants de la rue vont tenter malgré tout de tout faire pour la libérer. Ils s’adressent à nouveau au commissaire Turpin, chef de la police du district, mais l’entourage de celui-ci ne s’avère pas si loyal que cela.

Dans un contexte où la France est en pleine recomposition, les allégeances des uns et des autres varient en fonction des intérêts personnels de chacun…

Pour les plus curieux, les dernières pages de la BD soufflent quelques repères historiques de l'histoire française du XVIIIe siècle !

L’île d’Hôzuki de Kei Sanbe aux éditions Ki-oon est un thriller volontairement décalé aux limites du style horror avec quelques apparitions surnaturelles et un dessin surprenant. À L’image du physalis, Hozûki qui est censée être une guide pour les enfants selon les adultes, est perçue par ceux-ci comme une cage.

Cette épopée en quatre tomes promet de mystérieuses découvertes, on attend donc la sortie du tome 2 le 8 avril avec une impatience non dissimulée.

Kokoro et Yume sa petite sœur, orphelins arrivent sur une île pour suivre leur scolarité au sein d’un pensionnat ou ils seront logés avec 4 autres enfants et leurs professeurs. Très vite, les camarades de Kokoro lui feront d’inquiétantes révélations et d’étranges événements viendront menacer la tranquillité de nos deux héros.

D’autre part, qui est cette mystérieuse jeune fille qui apparaît aux autres élèves ? L’école est-elle réellement hantée ? Pourquoi les autres enfants sont-ils aussi suspicieux ? Quel est le secret de l’île Hozûki et quel terrible mystère se cache au-delà des grillages qui entourent le pensionnat ?

Un thriller énigmatique et surnaturel

Dans L’île d’Hôzuki le lecteur est pris à parti, des disparitions mystérieuses dans des circonstances douteuses poussent les enfants à ne plus faire confiance aux adultes et à mettre en place des théories sur les raisons de leur présence sur l’île et la cause de la disparition des autres personnages. On distingue nettement la formation de deux « camps » dans l’histoire celui des élèves et celui des professeurs.

Page après page le lecteur, est emporté malgré lui dans une partie de Cluedo à échelle fantastique, avec l’apparition d’une mystérieuse élève fantôme. Dès lors, l’école devient le théâtre de scènes de crimes sanglantes, de disparitions mystérieuses et des élèves de l’île se voient pris au piège dans ce drame hitchcockien dont ils pensent être les seuls à pouvoir se délivrer. D’un bout à l’autre du manga le lecteur est en présence de thème difficile, d’une atmosphère pesante, et ses émotions sont troublées par les suspicions des enfants, le tout sur un rythme lent qui contribue à une angoisse quasi permanente.

Un dessin surprenant

On reconnaît nettement une inspiration Tezuka dans le charac design avec des traits très arrondis, particulièrement au niveau du visage avec de grands yeux très expressifs.

De plus, nous sommes en présence de planches claires et ordonnées avec peu de speed lines, de grandes cases lumineuses, un style complètement inhabituel pour le dessin de manga du genre policier ou horror. Tous ces éléments couplés avec l’ambiance de l’intrigue contribuent à semer le trouble dans notre esprit.
L’île d’Hozûki est un mystérieux thriller proche du surnaturel, qui nous entraîne dès le premier regard vers une aventure décalée proche de l’horreur avec sa première de couverture voisine d’une affiche de film d’horreur japonais (Ring) et de sa quatrième très proche de l’univers graphique Tezuka.

On apprécie également la postface de l’auteur qui nous apporte des éléments complémentaires dans l’exploration de « l’île aux mystères »…

Le webtoon français qui rassemble déjà plus de 6 millions de vues fait finalement son entrée en librairie. Colossale, c’est l’histoire de Jade jeune aristocrate française qui a bien du mal à se plier aux obligations que son statut lui impose.

Fan de musculation, elle est loin des rêves de princesses et de mariages que sa mère échafaude pour elle.

Pour autant, c’est bien sur ses épaules musclées que repose l’avenir de son nom, c’est pourquoi elle doit tout faire pour ne pas ternir son image et que son secret soit bien gardé. De rallyes mondains en activités réservées aux jeunes femmes de son rang, la vie de Jade n’est pas de tout repos.

Romance féministe, drôle et engagée qui associe sans mal musculation et aristocratie, le récit vient remettre en cause les apparences, les stéréotypes de genre et les codes de la société le tout avec un texte pêchu et plein d’humour.

Le premier tome réunit une dizaine d’épisodes avec en prime un programme de musculation pour débutant et une interview des autrices. Avec un trait fluide, dynamique et très expressif pour Diane Truc au dessin et Rutile au scénario d’une rare fraîcheur, le duo est en passe de séduire plus d’un lecteur !

Ancienne judokate, Kokoro trouve son premier emploi chez un éditeur de mangas. La voilà membre de la rédaction du magazine de prépublication "Vibes". Un milieu intense où on est sans cesse débordé, où il faut se plier aux exigences des mangakas et ne jamais perdre de vue sa passion première.

La série Réimp'! (5 tomes parus) nous plonge au cœur du monde de l'édition du manga au Japon. C'est l'occasion d'en apprendre beaucoup sur ce qui se passe en coulisse, mais Réimp' est aussi une série riche en émotions, pleine de rebondissements et de personnages attachants. Chaque volume est complété par une interview de professionnels français du manga.

Une magnifique série pour vibrer et tout savoir sur l'édition de mangas.

Tout juste lauréat du Prix Fauve patrimoine du festival d’Angoulême, Hisashi Sakaguchi renaît avec une nouvelle édition de son Ikkyu, parue en France pour la première fois en 1996.

Élève du grand maître Osamu Tezuka, papa d’Astro boy, Sakaguchi meurt en 1995 alors qu’il venait de finaliser la couverture du dernier Ikkyu. 

Ikkyu reprend l’histoire d’un célèbre moine japonais du XVe siècle. Les 4 tomes, selon l’édition Revival, retracent la vie entière de ce personnage anticonformiste.

Le premier album, sorti ce 15 février, narre l’enfance du héros, fils illégitime d'un empereur, et de son chemin vers le bouddhisme zen.

Scénariste aguerri, à qui l'on doit notamment Le dernier Atlas ou l'adaptation des racontars de Jorn Riel en BD, Gwen de Bonneval s'aventure cette fois sur les terres de l'autobiographie. Étonnamment, ce sont ses inquiétudes face au dérèglement climatique qui le poussent à fouiller son passé personnel pour mieux faire face au futur incertain.

Avec toute la sincérité qu'implique ce genre d'entreprise, de Bonneval expose les fêlures de son enfance et les doutes qui le traversent au moment où il doit endosser le rôle de père. Les scènes intenses et les interrogations du présent font ressurgir des épisodes anciens que la mémoire refuse d'oublier ou d'autres dont seule la soeur a gardé le souvenir détaillé.

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Incapable d'aborder avec déni ou distance l'effondrement dont parlent les collapsologues, le dessinateur-scénariste cherche quelle place il peut occuper dans un monde à réinventer. Précurseur à une époque où ces questions n'intéressaient pas grand-monde, il développe aujourd'hui sa pensée avec nuances et soulève autant d'interrogations chez les lecteurs que d'autres apportent de réponses toutes faites et inappropriées.

Mêlant habilement aux vertiges planétaires les silences familiaux (la place du père, la tyrannie de la mère, ou la figure héroïque du grand-père compagnon de route de De Gaulle), Gwen de Bonneval partage sa position de déboussolé, au sens propre, et les questionnements qui le travaillent.

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Le dessin au trait gras, avec ses barbus qui rappellent la bonne bouille de Tondu ou ses gros pifs hérités de Cestac, offre ce qu'il faut de distance pour que l'intime devienne universel. Le dessinateur n'hésite pas à faire appel à d'autres techniques comme les photos tramées ou de la quadrichromie presque non figurative, renouvelant régulièrement l'expérience de lecture.

On gardera longtemps en tête l'image de ce gamin figé dans les airs ou ce dessin réalisé à la maternelle dont l'auteur a un mal fou à se départir une fois adulte.

Le tome 2 nous dira-t-il comment l'auteur reprend pied sur cette terre de moins en moins ferme?

Au temps des palais de jade, des empereurs et des concubines, Mao Mao, jeune apothicaire fascinée par les poisons en tout genre, se retrouve engagée de force au cœur du palais impérial. Héroïne intelligente, drôle et attachante, elle devient goûteuse officielle... Mais à quel prix ?

Entre humour décalé et réflexions plus profondes sur la condition des femmes, les identités de genre ou encore le rôle des puissants, ce seinen aux enquêtes farfelues ne laisse pas une minute de répit !

Avec un animé prévu pour cette année, c'est le manga du moment, et le tome 11 est sorti le 4 mai dernier. À ne pas manquer !

Par Cloé & Daniel de la Librairie Heroes de Saint-Étienne