Lirtuel, la plateforme de prêt numérique des bibliothèques publiques de Wallonie et de Bruxelles faisait son apparition dans le paysage belge. Sept mois plus tard, l’heure est aux premiers bilans avec Alexandre Lemaire, gestionnaire de l’outil, qui fait le point sur Lirtuel, mais aussi, plus globalement, sur le projet PNB (Prêt Numérique en Bibliothèque).
Lirtuel et PNB, quel fonctionnement, déjà ?
Avec Lettres numériques
Avant toute chose, Alexandre Lemaire nous rappelle brièvement le fonctionnement de Lirtuel et du projet PNB dans son ensemble. « Chaque mois, nous demandons au Consortium d’acquisition numérique, qui est un partenariat entre la bibliothèque centrale et le service de la lecture publique, de procéder à des achats pour le catalogue Lirtuel. Nous créons une liste commune de livres pour éviter les doublons, laquelle se transforme en panier de commande en fin de mois. »
La bibliothèque achète donc un nombre de jetons qui équivaut au nombre de prêts disponibles pour un même titre. Ces achats sont effectués sur une librairie, en l’occurrence Librel pour le moment, qui transfère la commande au Hub Dilicom, lequel transmet ensuite cette commande aux distributeurs concernés par les livres en question. Le Hub envoie les métadonnées des titres à Lirtuel qui apparaissent finalement dans le catalogue de la plateforme. Lorsqu’un usager souhaite emprunter un titre du catalogue Lirtuel, la plateforme introduit la demande auprès du Hub Dilicom qui valide ou non la commande, en fonction du nombre de jetons restants (équivalent au nombre de prêts disponibles pour les usagers de la bibliothèque) et de la durée de la licence (en moyenne 5 ans). Pour vous rafraîchir la mémoire, lire notre précédent article sur le sujet.
Il est vrai que le fonctionnement de PNB paraît un peu complexe. Mais Alexandre Lemaire insiste sur la simplicité du dispositif pour le lecteur. « Le principal, c’est que ce ne soit pas un parcours du combattant pour l’usager. L’utilisateur sélectionne un titre sur Lirtuel, l’emprunte et reçoit un lien pour le télécharger. C’est surtout pour les libraires, éditeurs et bibliothécaires que c’est plus complexe. »
PNB, des améliorations à envisager ?
Bien que le dispositif soit simple pour l’usager, il reste néanmoins la question du DRM chronodégradable d’Adobe qui demeure un problème lors du téléchargement du premier ebook. « L’obstacle se situe au niveau de la création d’un compte Adobe. Une fois créé, cela devient assez facile pour le lecteur. Nous avons moins de soucis qu’on ne le craignait par rapport à cela. Par contre, nous rencontrons une difficulté au niveau du paramétrage de la durée du prêt. En effet, nous avons restreint le délai à 30 jours. Au-delà, si l’usager souhaite prolonger l’emprunt, nous devons utiliser un jeton supplémentaire et l’usager qui introduit la demande de prolongation n’est pas prioritaire sur un autre ayant choisi le même titre. Le DRM est également coûteux, 0,10 centime par prêt. Nous espérons qu’une solution moins chère et moins contraignante, le DRM de Readium peut-être, fera prochainement son apparition. »
L’autre élément souligné par Alexandre Lemaire est le fait que certains éditeurs ne semblent pas jouer le jeu de proposer tous leurs titres sur PNB. « Ce n’est pas généralisé, mais certains ne proposent parfois que 20 à 30 % de leur catalogue, ce qui limite la capacité d’achat des bibliothèques. D’autres n’ont pas encore d’accord avec Dilicom ou la technologie pour verser leurs titres dans le catalogue d’achat. » Alexandre Lemaire regrette également de ne pas pouvoir accéder à l’ensemble de la production belge. « Il y a certains éditeurs que nous aimerions introduire dans le catalogue de Lirtuel, mais que nous n’avons pas, soit parce qu’ils ne proposent pas leur catalogue sur PNB, soit parce que les conditions des licences sont problématiques (prix, durée), comme c’est notamment le cas avec plusieurs éditeurs qui proposent pour leurs titres des délais de 3 ans seulement pour écouler 40 jetons. »
D’ici 2016, Hachette devrait rejoindre PNB, ce qui donnerait un bon coup de pouce, car le nombre de titres du catalogue (environ 21 500, actuellement) augmenterait considérablement. Mais encore une fois, d’après Alexandre Lemaire, l’offre risque de poser problème aux bibliothèques puisque l’éditeur, fortement calqué sur les caractéristiques du livre papier, n’autorise apparemment pas le prêt simultané d’un même titre. Dans les prochains mois, Immatériel devrait également être intégré au catalogue, amenant avec lui plusieurs éditeurs indépendants, dans des créneaux assez spécifiques (Bragelonne, etc.)
Lirtuel, une plateforme en pleine croissance
Nous poursuivons l’état des lieux avec quelques chiffres communiqués en direct par Alexandre Lemaire à propos de la plateforme Lirtuel : « Après sept mois, Lirtuel c’est plus de 1200 usagers, 3963 prêts totaux, soit en moyenne 3 prêts par usager, 7357 accès à la plateforme, 847 prêts en septembre (contre 242 en mars dernier) et environ 500 titres disponibles. Nous devrions atteindre les 1000 d’ici la fin de l’année. » La plateforme connaît donc une croissance en accélération plutôt intéressante, en témoigne le nombre de prêts par mois qui a plus que triplé. « Nous sommes très satisfaits de l’outil technologique conçu par De Marque. Il est ergonomique, fonctionnel et propose de bons tutoriels d’utilisation. Nous avons d’ailleurs eu pas mal de retours positifs de la part des usagers » observe Alexandre Lemaire.
Mais après sept mois, les choses ne s’arrêtent pas là puisque de nombreux projets sont prévus ou en cours de réalisation. En mars dernier, De Marque a proposé de lancer l’outil tel qu’il existait depuis 4 ans déjà. Le distributeur s’est donc engagé à intégrer progressivement de nouvelles fonctionnalités :
un outil de correction des métadonnées pour enrichir celles que les éditeurs transmettent (mots-clés, catégories, etc.) ;
la possibilité de laisser les avis des bibliothécaires sur Lirtuel, de créer des sélections thématiques, dans un souci d’amélioration de la médiation numérique et du service aux usagers (actuellement en cours de développement).
Alexandre Lemaire insiste sur le travail réalisé auprès des usagers qui rencontrent des difficultés techniques, mais aussi auprès des bibliothécaires pour les convaincre de partager le projet PNB et Lirtuel au public. Et dans les améliorations de Lirtuel à venir ? « Nous allons prochainement proposer un nouveau formulaire d’inscription simplifié et tenter de réduire le délai d’attente de validation de l’inscription de l’usager par sa bibliothèque. »
Le vendredi 13 novembre prochain, un état des lieux de l’offre PNB un an après sera présenté à l’occasion des Assises du Livre numérique organisées par le SNE. Plus d’infos dans un prochain billet de Lettres Numériques.
— Gaëlle Noëson