Dans cette première biographie en français du fondateur de l’arme blindée allemande, le Directeur de la rédaction de Guerres & Histoire, Jean Lopez, dresse le portrait d’un stratège hors pair, aussi ambitieux que redoutable...
C’est Heinz Guderian : le nom ressemble à l'Arménie, il provient d’une vieille famille prussienne. II demeure le visage martial de la Blitzkrieg : casque incliné, bottes lustrées, silhouette de fer dans son uniforme noir de Panzerführer.
#[pub-1]
Ses troupes blindées mènent la percée foudroyante à Sedan en mai 1940, « crucifiant la France » et incarnant la mécanique infernale des divisions Panzer, avant de rouler vers Moscou... Plus tard, en 1944, alors que le IIIe Reich chancelle, Hitler se tourne une nouvelle fois vers cet homme providentiel, espérant conjurer le désastre militaire.
Génie tactique, père de la guerre éclair, mais aussi personnage brutal, manipulateur et détesté de ses pairs, Heinz Guderian incarne les contradictions d’un système qu’il a servi jusqu’au bout sans jamais en payer le prix. Malgré son rôle central dans les campagnes les plus dévastatrices du régime nazi, il échappe sans encombre aux procès de Nuremberg — une impunité qui interroge, et que Jean Lopez explore...
#[pub-2]
L'historien écorne plus généralement la légende d'un homme qui, dans ses Mémoires, Erinnerungen eines Soldaten, se présentait comme capable de défier Hitler d’un claquement de talon...
Loin d’être apolitique ou simplement obsédé par la mécanique guerrière, Guderian adhère dès 1919 aux idées de l’extrême droite allemande et participe à des actions insurrectionnelles. Ambitieux, guidé par un opportunisme glacial, il ne fut pas le génial fondateur des Panzer, mais leur meilleur propagandiste, celui qui sut en incarner l’image, jusqu’à se faire passer pour leur père spirituel.
#[pub-3]
Dans les campagnes de Pologne, de France ou d’Union soviétique, son audace est réelle mais ses méthodes questionnent : individualiste, égocentrique, parfois hors de contrôle, il transgresse les ordres, manipule les faits, agit en électron libre — ce qui séduit autant qu’il inquiète. Auprès de Hitler, il joue un jeu dangereux, se laisse flatter, corrompre, caresser dans le sens de l’uniforme. Et si son nom inspire la jeunesse du Reich et certains officiers alliés, c’est aussi parce qu’il incarne, malgré lui, une modernité tactique efficace, une guerre propre dans une guerre sale.
À Nuremberg, il échappe à toute condamnation. Pourquoi ? Parce que les Alliés, fascinés par sa figure de général « professionnel », préfèrent oublier ses compromissions. Parce qu’on a voulu croire au mythe du militaire patriote et non idéologue. Parce que l’histoire avait besoin d’un héros technique, non d’un officier fanatisé.
#[pub-4]
Fondée sur des sources inédites, notamment une correspondance de plus de 3000 pages entre le militaire et son épouse Margarete, cette enquête biographique éclaire d’un jour nouveau les illusions d’une Allemagne qui, à deux reprises, a cru pouvoir imposer sa domination au monde.
À travers une narration alerte et une connaissance impressionnante des sources, Jean Lopez restitue la complexité d’un personnage qui, de la boue de Verdun aux plaines russes, incarne l’ambiguïté de l’Allemagne en guerre : fascinée par la modernité, aveuglée par la démesure. Un visionnaire et un complice d’un régime criminel.