Florence Pirard, Sylvie Rayna, Gilles Brougère

Dédicaces - Mercredi 5 novembre 2014 à 19h30 - A la librairie

FLORENCE AUBENAS publie
aux éditions de l’Olivier.

Reportages
En librairie le 16 octobre 2014

"Les lecteurs se demandent souvent comment un journaliste choisit ses sujets. C’est une question qui revient sans cesse : pourquoi cette histoire et pas une autre ? Pourquoi ce village-là ?
Pourquoi cette usine ? Et pourquoi cet homme ? Les explications ne manquent pas. On se rend à cet endroit-là parce qu’un événement s’y est déroulé, incendie ou élection, meurtre ou mariage, peu importe, quelque chose. Ça paraît simple, non ? Écrits et publiés dans Le Monde, où je suis reporter, les textes rassemblés dans ce livre ont en commun d’être nés dans cette zone d’opacité-là, entre des questions et des réponses qui ne coïncident pas."
F.A.

Fidèle à l’esprit du Quai de Ouistreham, ce livre nous fait entendre la voix de ceux et celles que Florence Aubenas a rencontrés ces deux dernières années au fil de ses reportages. À travers ces récits de vies multiples se dessine une France prise dans l’aventure du quotidien.

Florence Aubenas est grand reporter pour Le Monde, après l’avoir été pour Libération (de 1986 à 2006), puis Le Nouvel Observateur (de 2006 à 2012). Elle a publié notamment La Méprise. L’affaire d’Outreau (Seuil, 2005) et Le Quai de Ouistreham (L’Olivier, 2010), qui a rencontré un immense succès, en France et à l’étranger.

Aujourd’hui je vous propose de redécouvrir l’admirable recueil de nouvelles Les Filles du feu de Nerval (1808-1855). Voici un extrait de la nouvelle intitulée « Sylvie ».

Comme l’auteur le fera plus tard dans son récit Aurélia, il explore déjà les rapports entre illusion et réalité. On retrouve dans cette page l’évocation d’une actrice qui représente la femme idéale pour le narrateur. Le rêve intervient pour transcender un quotidien banal. Et la sage et réservée Sylvie est vite oubliée au profit de la fascination qu’exerce sur le narrateur l’actrice Aurélie qu’il a l’occasion d’admirer au théâtre.

À l'occasion de la sortie de son dernier livre, Sylvie Crossman s'est prêtée au jeu des questions réponses.

Sylvie Crossman est éditrice, écrivaine, et journaliste. C'est au travers d'un poste de correspondante à Sydney pour Le Monde qu'elle a découvert les sociétés aborigènes, qui l'ont inspirée pour son roman.

L'écrivaine affirme lors de l'interview que son ouvrage n'est pas un « roman ethnographique ». Quand on lui demande pourquoi elle n'a pas plutôt écrit un essai elle explique que « A l'inverse de l'essai, le roman permet de rentrer en émotion avec quelqu'un, dévoilant ainsi quelque chose de la conscience » mais surtout que « Moi, je ne pouvais rentrer en contact, développer un lien sincère avec les aborigènes qu'à travers la forme romanesque ».

Bref, vous trouverez une interview très riche sur le site de nos confrères de evene.fr et pour vous y rendre au plus vite il suffit de glisser sur le lien vers l'interview de Sylvie Crossman chez evene

Hildegarde de Bingen , je n’ai pas pris le temps de faire des recherches sur le net pour m’en assurer, fut réellement une sainte du XIe siècle qui rédigea une encyclopédie nommée Physica. Permettez alors que je m’adresse aux végétaux amorphes que sont les étudiants en lettres, en général, et ceux qui font leurs humanités en particulier (bien qu’ils ignorent totalement ce que cela signifie). Physica n’a rien à voir avec un groupe de cette musique dépravée que vous nommez Tektonik. En grec, phûsis signifie la nature. Donc Physica, ce sont les choses de la nature, quoi. Pardonnez-moi, je vieillis, je ne supporte plus les jeunes…

Et puisque l’on s’entretenait de plantes, Hildegarde en avait découvert une fameuse. Non, Victor, elle ne se fume pas, n’insiste pas. En fait, nombre de laboratoires pharmaceutiques aimeraient mettre la main dessus, et sur ses molécules plus précisément. Les labos, et d’autres, hein. Il leur faut donc mettre la main en premier lieu sur le livre Physica d’Hildegarde. Et pour ce faire, d’ailleurs, on n’hésite pas une seconde à assassiner violemment des bibliothécaires… Américaines, certes, mais tout de même.

Laurette, elle, travaille au Museum d’histoire naturelle de Paris. Dans sa prochaine exposition, elle brûle de révéler au public l’existence de cette plante, certes, mais surtout de pouvoir en exposer un spécimen. La voici donc empêtrée dans une affaire de botanique et de rangement alphabétique. Car Hildegarde, comme si elle l’avait senti, a planqué les références de ses plantes dans les méandres d’un idiome complexe : la lingua ignota. Même à l’attention des non-latinistes, je n’ose traduire.

Retrouver l’exemplaire du Physica sera essentiel, mais ce dernier aura pas mal bourlingué depuis sa rédaction, se passant de mains en mains, parcourant l’Europe, et finalement pour peu que l’on sache où il se terre, il manquerait justement les passages qui suscitent tant d’enthousiasme. C’est que le marché du livre ancien draine son lot de crapules prêtes à toutes les basses pour s’emparer d’une denrée précieuse.

Aussi, au fil de son enquête à la façon de Miss Marple, elle côtoiera plusieurs personnages historiques qui ont croisé le chemin d’Hildegarde, ou de son livre. Elle parcourt les siècles, suivant un fil d’Ariane ténu et fragile, pour retrouver enfin le saint Graal botanique. Point commun à chacun ? Un goût prononcé pour la classification, le rangement et la mise au point d’une méthode de classement qui élabore finalement les fondements d’une science de l’information et de la documentation.

Or, tout cela est beau, se dit Dieu, mais franchement, n’est pas un peu cantonné aux spécialistes. Eh, bien, Seigneur, je trouve que vous jugez un peu à l’emporte-pièce. D’abord, ce roman est tout bonnement passionnant. Et ce n’est rien de le dire. Si son thème peut rebuter de prime abord, il faut au contraire passer outre et se lancer aux côtés de Laurette, à corps perdu, dans une aventure riche et dynamique. Quoiqu’un peu à l’eau de rose, de temps en temps. Désolé Sylvie, mais comprends ma position d’homme, c’est vrai que cette liaison, même justifiée et intégrée à ton histoire, elle est vécue un peu gnangnan…

Pour autant, Seigneur, vous n’avez pas tout à fait tort. En ce sens que le livre devient épuisant de par cet aller-retour permanent entre passé et présent. La foule d’information provenant du passé, et chargée d’illustrer le présent devient un peu écrasante, et l’on décroche – particulièrement le passage en Belgique, vraiment peu passionnant – sans une volonté de fer. Ou des insomnies chroniques. La table des matières est un roman épuisant. On en sort ravi et séduit pas ce style peu commun, autant que vidé de son énergie par le tour de force qu’il représente.

L’intrigue se poursuit avec son accumulation de détails, d’indices, qui nous poussent à spéculer sur les intentions de tel ou tel, les implications de l’un ou l’autre qui croiseraient les intérêts d’untel… Bref, on suit, non sans peine parfois, mais on palpite.

Après… je ne cache pas qu’en dépit de toutes ses qualités, le roman offre une accroche prenante, mais réclame une attention régulière. Et surtout, de ne pas s’arrêter en plein milieu d’un passage rétrospectif, et de reprendre trop longtemps après, sous peine de se refaire ledit passage. Comme la plume agile nous séduit, on se laisse porter. Et l’on parcourt nous aussi les jardins où l’on dénichera la plante mystique qui offre l’immortalité…

D’ailleurs, je vais m’acheter une pelle de ce pas.

Au 36 Quai des Orfèvres la 4e Brigade n’a pas une réputation des plus resplendissantes : les policiers qui la composent auraient plus leur place aux Alcooliques Anonymes ou dans des services psychiatriques. La Commandante Anne Capestan prend la tête de ce service d’inadaptés notoires dans ce contexte…

Nommée par le divisionnaire Buron, la commissaire a elle-même un sacré passif : cinq ans plus tôt, une regrettable bavure… son collègue a pris une balle qu’elle avait incidemment tirée. Mince. Mise à pied, la voici à diriger un service de bras cassés, plus proche de la Cour des Miracles que des brigades d’intervention d’élite.

Délicieux romans, d’humour et de bienveillance : ces pauvres hères nous attendrissent dès les premières pages. Le polar est bon, drôle, avec des répliques fulgurantes – des punchlines comme on dirait de nos jours.

Adapté sur France 3, sous la forme d’un téléfilm, avec Anne Capestan incarnée par Barbara Cabrita. Une seconde vie pour ce roman à ne pas manquer non plus.

Aristote (384 - 322 avant J.C.) est à la racine du dernier ouvrage que nous propose l'enseignante et chercheuse Florence Dupont. Aristote ou le vampire du théâtre occidental est avant tout un pamphlet, un livre qui se veut tranchant.

Une critique

Si vous êtes amateurs de théâtre, bien au-delà du seul théâtre antique dont Florence Dupont s'est fait une spécialité, je vous invite à lire notre étude critique de ce dernier opus d'une universitaire qui opte pour une prise de position claire jusque dans le titre quelque peu provocateur. Que l'on adhère ou non à sa thèse, cette relecture des grandes évolutions suvies par le théâtre occidental ne peut laisser indifférent.