Exceptionnels

Ne passez pas à côté de ce court roman, sorti l'an dernier et qui paraît aujourd'hui en poche.  Il se lit d'une traite, a une force étonnante, place le lecteur en tension permanente, et le laisse K.O, au final, abasourdi et en colère, révolté et amer. Des sanglots de rage et d'amour mêlés qui disent combien cette histoire est à la fois cruelle et infiniment belle.

Mei est jeune ouvrière dans une fabrique de textile en Chine. Pour répondre aux besoins de la mondialisation, à dix-sept-ans, elle vit, dort et travaille dans l'usine comme ses collègues. Une vie rythmée par les cadences infernales, le bruit des machines et des ventilateurs, les slogans patriotiques "en forme d'horoscopes" renouvelés à chaque nouvelle commande et les nouilles quotidiennes prises à la va-vite, parfois debout ("on mange mécaniquement. On ne sait même plus si on a faim".), l'automatisme des gestes répétés, alourdis quand la journée s'étire, le contrôle permanent du contremaître, inflexible et impitoyable, qui ne tolère aucune remarque, aucune fantaisie, aucun débordement.

Se soumettre en silence, s'évertuer au travail sans une plainte pour mériter son salaire et subvenir ainsi aux besoins d'une famille éloignée, d'un frère que l'on a destiné aux études (pour une sœur sacrifiée). "Une petite Chinoise de dix-sept ans, une paysanne, partie à l'usine parce que son grand frère entrait à l'université. Quantité des plus négligeables, petite abeille laborieuse prise au piège de sa ruche."

L'existence de Mei est ainsi conditionnée et aliénée, échappe à toute liberté, à tout épanouissement, à toute intimité. Elle est un enfermement. Seule la lecture permet encore l'évasion, le rêve. Et voilà qu'une parole un peu plus effrontée que l'autre la rattrape et la prive de salaire, empêchée alors de rejoindre sa famille pour les fêtes de fin d'année.

Quatre jours à vivre dans une usine désertée où les machines sont arrêtées. Solitaire et coupable. Quatre jours qui échappent brusquement à son destin, où l'amour surgit au détour d'un couloir.

Oubliés de la fête, elle et le nouveau contremaître vont vivre une intense passion, s'éprendre de liberté et rêver d'une vie meilleure, encore interdite la veille. ("Avant, il n'y avait pas d'avenir, je ne me posais pas de questions, je vivais au jour le jour.") Jusqu'à la reprise brutale, si intolérable du cours normal des activités. Une cassure nette et foudroyante.

A travers une écriture rapide, saccadée, haletante et même parfois suffocante, exprime avec talent l'impossible épanouissement de Mei, les liens qui la contraignent (sa famille, son travail, sa condition de femme), l'emprisonnent dans une vie qu'elle n'a pas rêvée ni même décidée et se veut menaçante tant sa personnalité la pousse à s'échapper, à se révolter. Eprise de liberté, jeune et exaltée, tout en elle bouillonne et séduit.

Le lecteur est emporté par sa fougue, sa jeunesse et sa spontanéité, s'emballe également  lorsqu'elle rencontre le contremaître même s'il a  du mal  à succomber d'emblée au charme du jeune homme, reste  méfiant, doute de sa sincérité, craint pour l'équilibre mental de la narratrice, veut veiller à sa protection et il tourne alors  les pages avec une certaine tension, agité et anxieux. Et s'ils se faisaient surprendre, et si le contremaître la manipulait ?

Mais le voilà  bientôt pris dans le souffle romantique du roman, presque oublieux du milieu hostile où évolue Mei. Le bruit des machines de l'atelier de confection s'est momentanément éteint, le souffle des ventilateurs s'est coupé, le rire de ses compagnes d'usine s'est tu.

La vie est un rêve, un projet à construire, une possibilité d'évasion. Sa crainte se dissipe un moment, sur quelques pages, pendant ces quatre jours volés à l'insupportable réalité. Et cette passion amoureuse, intense et émouvante, absorbe la dureté du quotidien, arrache la jeune fille et le lecteur à l'ambiance laborieuse, suffocante et destructrice des premières pages. "La vie nous réserve parfois mieux  que les rêves".

Une respiration à contre-courant, une délivrance douloureusement éphémère qui renforce l'insoutenable réalité de l'existence de Mei et surtout, l'impossibilité d'y échapper. Ainsi la romance se dilue inexorablement dans la tragédie.

Les 30 auteurs français et les 30 auteurs étrangers ont été sélectionnés par un jury composé des partenaires du Salon - France Télévisions, Radio France, Télérama, le Centre national du livre, le ministère des Affaires étrangères et européennes, ainsi que son opérateur Culturesfrance, le Syndicat national de l’édition et le Salon du livre.

Qu’ils s’inscrivent dans le domaine de la fiction (littérature générale, poésie, théâtre, BD, jeunesse…) ou des sciences humaines (philosophie, histoire…), tous sont représentatifs de la diversité et de la richesse éditoriale française et étrangère.

La sélection de ces 30 auteurs français et des 30 auteurs étrangers s’est effectuée selon des critères transparents et une procédure similaire à celle de l’invitation des auteurs des pays invités d’honneur par le passé.

Les éditeurs ont été invités par mail, dès les mois de juin et juillet, à faire part de leurs propositions d’auteurs correspondant aux critères suivants :

Une liste de 400 auteurs a été proposée à titre indicatif au Jury, afin d’établir une sélection de 30 auteurs français et de 30 auteurs étrangers, avec, pour chaque catégorie, une liste complémentaire de 20 auteurs, de façon à remplacer ceux qui déclineraient l’invitation.

Outre les critères de sélection mentionnés plus haut, les membres du jury se sont également efforcés de respecter un équilibre entre les pays (pour les auteurs étrangers), entre les différents genres éditoriaux, ainsi, autant que possible, qu’entre les maisons d’édition.
Les 30 auteurs invités par le Centre national du livre ont été sélectionnés en collaboration avec un conseiller littéraire dédié à cette édition. Le public les retrouvera Salle Julien Gracq à proximité du Pavillon des 30 ans.

Projet phare du Salon, un pavillon de près de 1 000 m organisé en quatre secteurs avec une scène dédiée de 300 m , favorisera les rencontres entre auteurs et publics :

L’agora, des rencontres y seront organisées dans le but de croiser les regards de ces créateurs, de comparer leurs univers romanesques et conceptuels, et de dresser un état des lieux de la vitalité intellectuelle et littéraire.

La librairie multilingue Gibert Joseph permettra au public de découvrir l’ensemble de l’oeuvre – originale et traduite – des auteurs invités.
Un espace muséal exposera des objets personnels appartenant à chacun des auteurs français ayant façonné leur esprit créatif.
Le Lecteur studio programmera des enregistrements des lectures à voix haute par des personnalités.

Nouveau visuel du Salon du livre de Paris
La mascotte du Salon du livre de Paris, Booki, ne pouvait manquer l’événement. Pour cette occasion exceptionnelle, Booki étrenne son noeud papillon sur tapis rouge et se met sur son trente-et-un.
Dynamique et facétieux, il vous guidera dans les allées du Salon à la découverte des nombreuses manifestations, animations et coups de coeur de cette 30e édition.

Le site internet fait peau neuve
Nouvelles couleurs, nouvelle organisation, tout contribue à rendre plus lisibles et plus accessibles les informations mises sur le net.
Chacun peut trouver l’animation qui lui convient, l’auteur ou la conférence qu’il recherche.

Avec également des animations en vidéo, toutes les informations pratiques à connaître pour profiter à fond de l’événement.
Un instrument incontournable pour que chacun puisse se créer son propre Salon et préparer sa visite.