Cécile Meynard, Thomas Lebarbé, Sandra Costa

Restons dans la poésie avec, cette fois, un extrait de l’œuvre de François Maynard (1582-1646). Je vous propose de relire « A une belle vieille », écrit en 1638.

Derrière ce titre se retrouve une pièce particulièrement lyrique. Le cœur du poète parle avec un forme de sincère mélancolie qui rappelle certains sonnets de Ronsard à Hélène ou encore les stances de Corneille à Marquise.

Cécile Ladjali s’inscrit à contre-courant d’un mouvement de pensée qui encense la culture de la cité au point de l’instaurer en tant que mode, qui se réjouit de voir enfin le verbe « kiffer » entrer dans le dictionnaire (alors qu’on ne mentionne jamais le nombre de mots qui sortent du langage courant pour lui faire une place…). Professeure engagée dans un lycée de la Seine-Saint-Denis, elle nous propose, au travers de cet essai, une riche réflexion nourrie de ses expériences de terrain sur la transmission et le devenir de la langue française.

L’enfant doit être remis à sa place au sein du système éducatif et Cécile se glorifie davantage d’arriver à faire apprendre des vers de Racine ou Corneille, à élaborer et monter une tragédie à ses élèves de seconde plutôt que de leur faire pondre un poème à base de langage de la rue (« Eh ! Grosse cochonne ! Quand tu veux, j’te prends ! »…comme dit le pauvre Alphonse dans la célèbre chanson !). Autrement dit : une mise au point sur certaines idées reçues sans démagogie avec l’envie toute simple de transmettre une culture digne de ce nom à tous. S’avoir s’exprimer avec bonheur, goûter les chefs-d’œuvre de la littérature ou se divertir les oreilles au son d’une symphonie de Beethoven ne doit pas rester l’apanage d’une élite, et cette culture ne peut pas se laisser emprisonner dans l’adjectif « bourgeois ».

Si les jeunes des quartiers portent aux nues les marques qui font le quotidien des gens fortunés, il faut qu’ils puissent avec la même hargne s’éprendre de la Culture. Toutefois, pour arriver à cette fin, c’est une culture de l’effort qui reste à transmettre par le ministère de l’Instruction publique (bien nommée avant qu’on ne lui préfère le nom d’Éducation…). S’il suffit, force est de le constater, de sortir quelques billets de cent euros pour s’offrir du Armani, Dior ou Gucci, la culture, elle, ne se monnaie pas tout à fait dans la même devise et vos billets resteront sans valeur lorsque vous souhaiterez acquérir un langage des plus châtiés… Il faut bien souvent laisser perdre un fromage pour faire entendre sa plus belle voix…

Ce livre est un chant d’espoir, montrant aussi à tout professeur qui débute sa carrière qu’il est encore possible d’apporter quelque chose à ceux qui semblent tout refuser. Essentiellement là où le terme de mission de service public prend pleinement son sens, c’est-à-dire dans les établissements situés au bas des hautes tours grises. Néanmoins, ce propos est à mitiger quand l’on intervient au collège. Cécile enseigne les Lettres à des lycéens et un écrémage certain a déjà été réalisé. C’est aussi pourquoi elle est amenée à convoquer dans sa réflexion l’expérience d’une de ses collègues qui apprend le français à des élèves suivants des filières professionnelles.

Cécile en appelle à un transfert culturel : la culture des élites doit rester un point de convergence dans notre société si l’on veut éviter d’aggraver encore une fracture sociale existante. Il faut tendre vers elle, amener les élèves de tous lieux à pouvoir l’admirer, l’apprécier. Autrement dit, il faut regarder vers le haut pour avancer, et plus on regarde haut, plus on élève les exigences, plus on gagne en marge de progression.

Je ne saurais trop vous conseiller la lecture de ce bref essai qui ouvre des pistes de réflexion intéressantes et plutôt de haute volée… N’est-ce pas là aussi ce que l’on attend d’un essai ? Cécile sublime le beau langage et réactualise la hiérarchie des niveaux de langue. Sans être mauvaise langue et sans langue de bois, elle nous donne à lire, ligne après ligne, son amour de la langue française. Cette affection pour les mots, pour l’écriture, c’est elle aussi qui la pousse à se battre pour que ses élèves n’en soient jamais frustrés.

Dans les prix les plus importants en Grande-Bretagne, depuis 1971, le fait figure de proue. Cinq catégories : Meilleur roman, Meilleur premier roman, Meilleur livre jeunesse, Poésie et Biographie. Pour y participer, c'est simple, il faut que l'auteur vive au Royaume-Uni ou en Irlande.

Nous vous laissons allez vérifier avec vos petits yeux avides de renseignements les gagnants en littérature « adulte » et penchons-nous sur le lauréat jeunesse.

Cette année c'est Chris Riddell pour son dernier roman Goth Girl and the Ghost of a Mouse (Macmillan Children's Books). Prévu en France aux éditions Milan en octobre 2014, le roman raconte l'histoire d'Ada Goth qui vit avec son père Lord Goth dans une immense maison remplie de servante, mais surtout d'une demi-douzaine de fantômes. Bien seule dans cette grande maison, elle va cependant se faire amie avec une souris fantôme nommée Ishmael. Ensemble elles vont partir à la découverte de cette drôle de bâtisse…

Chris Riddell, avant d'être auteur, est surtout illustrateur, mais également caricaturiste politique pour plusieurs journaux anglais. C'est un habitué des prix littéraires, en France il est surtout connu pour sa série des Chroniques du bout du monde (Éd. Milan) écrit en collaboration avec Paul Stewart.   

De ce roman Goth Girl and the Ghost of a Mouse le jury a eu cette jolie phrase : « Déjà un classique pour tout âge ».

Le jeudi 7 novembre 2013, retrouvez Guillaume Reynard et Jean-Claude Taki à la librairie

108 av Parmentier

75011 Paris

pour une rencontre-dédicace sur le thème de Sotchi

à partir de 18h30

Jean-Claude Taki vient de publier Sotchi inventaire, son premier roman, aux éditions Intervalles, qui a été retenu dans la première sélection du Festival du premier roman de Chambéry.

Après une première collaboration en 2007 (Lettres kazakhes, éditions Intervalles) il cosigne avec Guillaume Reynard, illustrateur, Sotchi pour mémoire, un poème graphique qui propose un autre versant de l'histoire d'Olga, une jeune femme disparue à Sotchi, présente dans chacun de ces trois livres.

Une soirée qui proposera une image singulière et inattendue de la future ville olympique, un peu moins de cent jours avant le début des J.O.

Le prix Costa est l'un des plus importants en Grande-Bretagne. C'est certainement le prix le plus « cocooning » d'Angleterre qui pourrait se résumer à « un bon café, un bon bouquin ». Costa est une chaine de coffee shop dans lequel on aime passer un bon moment. Une sorte de Starbucks anglais, sans votre prénom sur le verre en carton…

Depuis 1971, les (qui s'appelaient avant 2006, Les Whitbread Literary Awards) remettent le prix du meilleur livre paru l'an dernier dans cinq catégories différentes : Premier roman, roman, Biographie / Autobiographie, Poésie, Jeunesse, Livre de l'année et nouvelle. Cela fait sept ? Pas faux… Livre de l'année et nouvelle sont des prix qui englobent les autres…

Concentrons-nous sur le prix jeunesse, nous vous laissons regarder les prix « adultes »…

Les trois membres du jury, dont l'auteur anglais Jonathan Stroud, on triés parmi une quantité astronomique de livres jeunesse dédiés aux 9-13 ans, pour cette année remettre le prix, mardi soir, à Kate Saunders pour son roman Five Children on the Western Front une histoire magique sur fond de première guerre mondiale.

Le jury a été ému par cette histoire : « Cette histoire, magique et profondément émouvante, aborde les grands thèmes de l'amour, de la famille et de l'amitié contre les horreurs de La Première Guerre mondiale.
C'est une incroyable prouesse pour Kate Saunders que d'avoir su créer un chef-d'œuvre moderne qui capture aussi bien l'esprit de beaucoup de classiques. »

Assez peu connue en France, l'auteur a été publié en 2001 chez Nathan Jeunesse pour sa série Les sorcières du beffroi. Les cinq tomes épuisés sont de nouveau disponibles en librairie depuis mai 2014.