5 petits doigts vont à l'école

Adèle tient le café du village. Dans ce hameau du bout du monde, qui fait face aux vents et à l'océan, le « Tablier à pois » est toujours ouvert ; c'est le centre du village, le lieu de vie où tout le monde se retrouve et où l'on peut faire ses courses le mercredi, jour où Lucas, l'épicier, apporte son petit étal. Adèle est toujours vive et pétillante... sauf les jours de pluie. Là, elle reste seule chez elle, déprimée et malheureuse. Mais un mercredi, après le départ de tous les clients, elle trouve deux jolies bottes de pluie roses, juste à sa pointure, qui semblent oubliées là. La semaine suivante, c'est un imperméable délicatement cintré. Puis un adorable parapluie rose à pois. Toutes ces affaires semblent lui être destinées. Mais par qui ? Pourquoi ?

Pour son premier livre, nous offre une histoire d'amour pleine de grâce et de tendresse. Dès la première page de l'album, il n'y a aucun doute sur le dénouement, mais comment résister à cette histoire pleine de bons sentiments qui ne sombre jamais dans la mièvrerie ? On se sent tellement bien dans cette ambiance feutrée où il fait bon vivre.

Les illustrations de Rose à petits pois sont largement à la hauteur du texte. Que de délicatesse et de poésie, là aussi. Avec ses tons pastel, Geneviève Godbout crée une atmosphère chaleureuse qui nous plonge dans un monde emprunt d'une douce nostalgie.

En espérant que ces deux jeunes femmes de talent continueront leur collaboration pour nous faire à nouveau rêver.

L'autobiographie d'un tout jeune auteur est un sujet casse-gueule par excellence. Quand on a à peine entamé la vingtaine, que peut-on raconter, sinon son enfance, ses études et les affres de l'adolescence ?

Avec Sur le bout des doigts, Colin Attgar prouve qu'on peut rendre captivant le parcours le plus banal, à condition que le narrateur - qui est dans le cas présent également scénariste et dessinateur de ce premier album - ait une personnalité hors du commun. Or, c'est largement le cas.

Colin vit avec le dessin depuis son plus jeune âge, il a les cheveux roux, des lunettes et adore porter des tenues extravagantes. S'il ne passe jamais inaperçu, il est bien souvent la victime innocente de la méchanceté anonyme : insultes en rue, crachats... Loin de vivre ces altercations comme des horreurs, Colin en a fait, en quelque sorte, sa marque de fabrique...

Flanqué d'un alter-ego qui prend la forme d'un chat et tenue de super-héros, le jeune Colin raconte ses (més)aventures avec humour et un goût immodéré pour les cases à la mise en scène hyper dynamique. Plongées, contre-plongées, zooms et autres découpages hardis ponctuent les planches de ce récit très rythmé.

Si la question de la transidentité surgit dans l'histoire, on découvre avec ravissement que l'auteur n'en a pas fait l'enjeu central de son album. C'est un simple fait, qui surgit pile au bon moment, et l'on ne peut que saluer la maturité de l'auteur qui parvient sans mal à traiter ce sujet, comme tant d'autres, avec finesse, humour et habileté. 

A quelques jours de la rentrée scolaire, les éditions Nathan proposent aux jeunes lecteurs à partir de 8 ans de (re)découvrir la série documentaire de France 5, elle-même réalisée à la suite du film à succès de . Déclinée en volumes indépendants  (quatre à ce jour), la collection raconte les périples d'un enfant issu des quatre coins du monde pour se rendre à l'école.

Quand l'accès à la connaissance reste une aventure.

Sous la plume de Nicolas Digard et Myriam Dahman, les courts textes, racontés à la première personne, empruntent la voix d'un enfant et relatent, avec sensibilité et un réalisme passionnant, les difficultés mais aussi la joie qui conduisent à l'école ces élèves isolés des grandes villes. La route est souvent longue et parfois périlleuse mais n'altère pas la détermination et l'enthousiasme de ces jeunes héros.

Abondamment illustrés par les photographies de la série, ces petits ouvrages au format poche attirent le regard et invitent à la lecture sans effort. Le jeune lecteur est immédiatement plongé dans un environnement exotique et inattendu, tellement éloigné de son quotidien, qu'il est emporté par la curiosité, invité au voyage. Les textes sont simples et très vivants, parsemés de dialogues, et suffisamment évocateurs et instructifs pour susciter l'intérêt et le plaisir.

Que ce soit l'histoire du jeune Franclyn, contraint, pour rejoindre l'école, de traverser le Malaingadra, vaste forêt à Madagascar où vivent encore des brigands ; celle d'Erbol, qui chaque matin emprunte à cheval les chemins enneigés de Kirghizie ou encore  le récit d'Ani, qui traverse la mer à la rame dans un petit canoë et doit éviter les piqures de méduses, redoutables… Tous délivrent des anecdotes insolites, rendent compte de leurs peurs et de la difficulté pour accéder au savoir, tellement éloignée de notre confort occidental.

L'achat de ces quatre ouvrages attachants et éducatifs à la fois permet également à l'association Sur le chemin de l'école  de se développer. Plus de renseignements sur www.surlechemindelecole.org

Titres disponibles :

- Francklyn, Madagascar

- Erbol, Kirghizie

- Ani, Malaisie

- Devi, Inde

Le rapport note une détérioration du « vivre ensemble » (c’est dans le dico ça ?). L’enquête qui sera remise au ministre de l’Éducation nationale Luc Chatel en septembre en remet une couche : « De nombreux intervenants ont mis l'accent sur la détérioration du vivre ensemble qui amène­rait de plus en plus de situations de violences à caractère raciste, sexiste, homophobe ». C’est grave, mais surtout je n’arrive pas à me faire au « vivre ensemble » dans un rapport qui sera remis à un ministre. Vie en communauté ?

Si nous détournons notre regard désabusé de la forme pour voir le contenu, l’enquête fait état d’une banalisation des injures et actes racistes, et ce, malgré « une prise de conscience progressive ». Le fait est clair, et rassurant. La prise de conscience progressive est bel et bien soulignée par l’augmentation des injures. Ce n’est qu’une fois que les différences sont acceptées, digérées, que ce qui relève de la blague pour les élèves, et des injures pour leurs enseignants outrés fuse. Dans tous les milieux un tant soit peu mixtes, les nationalités, accents, noms de famille sont sujets à des « vannes ». C’est bon signe.

La suite ne joue pas en faveur du Monde. Ainsi, selon le quotidien, le sexisme persiste : « Les filles seraient, par nature, plus dociles, plus tournées vers la littérature et la communication, les garçons, par nature, seraient plus dissipés, plus doués pour les sciences ». Pour des gens qui travaillent dans un milieu tel que le journalisme, il est difficile de ne pas voir qu’ici n’est pas un fait spécifique à l’école.

On ne peut pas avoir tout faux, et la préoccupation dont fait part le rapport sur l’homophobie est intéressante : « Les manifestations homophobes ont tendance à se banaliser », rapporte l'AFP. Même si là encore, c’est un phénomène qui ne s’applique pas qu’à l’école, c’est peut-être là qu’il faut le combattre.

Si j'aurais su...

Comble de l’honnêteté, l’enquête souligne ses erreurs : « La discrimination est (…) portée sans doute par la “peur” dont ne se sont pas libérés les adultes et qui la transmettent à leurs propres enfants ». On y arrive, ne remettons pas la responsabilité de nos errements sur nos chères petites têtes blondes, brunes, bleues (pour les gothiques) ou vertes.

Pour finir en beauté, il manquait tout de même ceci : « Le rapport prône de mieux mesurer ces phénomènes, via des indicateurs de leur réalité et des enquêtes de vécu ». En gros, rapport inutile, édifié par des « experts » qui n’ont plus la moindre idée de ce qu’ils se passent dans nos cours de récrés.