1000 milliards de princesses

Quand un expert politique a donné quelques chiffres sur le coût de la guerre en Iraq, le nombre de zéro faisait tourner la tête : 1.000.000.000.000 $. Difficile à conceptualiser. Et pour l'écrivain Rob Simpson, on frise carrément l'indécence : « Pourquoi les gens ne se sont pas indignés à ce propos ? » Réponse : « Personne ne sait ce que représente un billion de dollars. »

Sa réaction a alors été de se lancer dans un projet inhabituel et intrigant, selon ses termes, pour tenter de mettre en perspective cette dépense et la rendre compréhensible pour ses compatriotes. Le résultat est édifiant et s'intitule What We Could Have Done With the Money: 50 Ways to Spend the Trillion Dollars We've Spent on Iraq. En gros, ce qu'on aurait pu faire avec l'argent de la guerre.

Mais Rob n'est pas un expert en macro-économie, pas plus qu'un géopoliticien : il s'est simplement entouré de personnes ayant les compétences pour parvenir à une étude concrète. Au hasard de ses conclusions, on trouve alors que le pays aurait pu engager 1,9 million d'enseignants, ou encore lancer une caisse de retraite qui s'occuperait pourrait d'ores et déjà gérer tout enfant né aux États-Unis à compter d'aujourd'hui.

Ce million de millions aurait pu être écoulé dans un plan de sauvetage financier pour le pays...

Du livre au site... Shopping en ligne

On retrouvera également sur le site internet qui accompagne la promotion du livre une boutique en ligne pour réaliser la séance de shopping du millénaire et probablement plus encore. On dispose en effet d'un million de millions et différents articles sont mis à disposition, depuis des voitures de luxe, jusqu'à des équipes de base-ball. Pour 325.595.000 $, on s'achètera même Air Force One.

Pour 2160 $, on peut aussi subventionner une association humanitaire nommée Feed a Starving child, de na naissance à ses 18 ans... Personnellement, après l'achat d'une centaine d'aéroports, nous avons laissé tomber...

Comme une chanson, le texte énumère toutes les sortes de familles qui existent dans le monde : « familles de gens, familles de bêtes, familles très chouettes », mais aussi familles de chaussettes ou de couverts, de frigo, de confitures ou d'orteils ! Un refrain vient régulièrement ponctuer la comptine qui met en parallèle toutes ces drôles de familles, et celle de l'enfant, qu'il crée en naissant : en venant au monde, le bébé donne naissance à des parents, à des grands parents, à des aînés, …

est un album très touchant, tendre et drôle à la fois, éclairé par les magnifiques illustrations de Marc Boutavant. Des illustrations qui fourmillent de détails à retrouver tous ensemble, des dessins dynamiques, qui éclatent de joie et de couleur.

Dans un village de Corée, se trouve une très belle jeune fille. Vraiment, sa beauté est sans pareille. Mais cette jeune fille pète tout le temps ! Et lorsqu'elle se rend chez son époux, elle a beau se retenir durant quelques temps, elle est obligée de péter, péter, péter... tant et si bien qu'elle envoie valser toute la maison! Pour la belle famille, pas question d'avoir une belle fille péteuse! Chassée, la jeune fille est bien triste. Sera-t-elle un jour de nouveau acceptée?

Évidemment, aujourd'hui et dans notre société, les mariages ne sont plus arrangés, les êtres ne sont pas jugés sur leurs défauts et la cupidité n'est pas vantée. Mais les valeurs sont différentes dans les contes traditionnels de Corée et il est intéressant de découvrir d'autres mœurs grâce à cette histoire pleine d'humour racontée par . Les illustrations nous plongent rapidement dans cette civilisation différente et le rire est alors bien présent à chaque prout de la jeune femme. En lisant Princesse Prout, dépaysement et rires garantis!

Il y a fort à parier que notre président de la République trouvera le temps nécessaire afin de se rendre prochainement dans les salles obscures pour y apprécier la justesse, ou la maladresse, de l’adaptation cinématographique de La Princesse de Montpensier, roman de Madame de Lafayette (1634-1693). Connaissant l’amour de Nicolas Sarkozy pour cette auteure classique, il ne pourra rester indifférent à la vision que nous en propose le réalisateur Bertrand Tavernier.

Plus sérieusement, si chacun d’entre nous a plus ou moins eu l’occasion de tenir en main une fois dans sa vie un exemplaire de La Princesse de Clèves (1678), ils sont beaucoup moins nombreux ceux qui ont lu avec application les aventures de La Princesse de Montpensier. Sans doute pour d’étranges raisons que l’on s’explique mal, cette dernière œuvre est nettement moins proposée à l’étude aux élèves.

Bertrand Tavernier a jugé bon de nous la faire redécouvrir. Prenant une flopée d’acteurs célèbres (Lambert Wilson, qui joue le comte de Chabannes, ou encore Grégoire Leprince-Ringuet pour le rôle du prince de Montpensier), et d’actrices qui ne le sont pas moins (avec Mélanie Thierry dans le rôle de Marie de Montpensier), il semble s’assurer un succès facile pour une œuvre qui ne l’est pas tant. Pour ceux qui en auraient perdu la mémoire, vous pourrez la retrouver surHerodote.net.

Sachant que dans une édition de poche, le texte ne dépasse pas la centaine de pages, simplement quelques heures vous seront nécessaires pour mesurer l’écart entre l’adaptation cinématographique de Tavernier et l’histoire contée par Madame de Lafayette.

Pour vous remettre un peu dans le bain, donnons déjà le contexte. Parue en 1662, cette œuvre retrace les amours de la princesse de Montpensier qui voit autour d’elle un nombre important de prétendants. Parmi ces derniers, on retrouve son mari, le prince de Montpensier, Henri de Guise, un autre Henri, duc d’Anjou et futur Henri III (roi de France de 1574 à 1589) ou encore le comte de Chabannes.

Pour étoffer un peu cette histoire qui se déroule quelques années avant le massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572), Bertrand Tavernier a jugé utile de nous dépeindre ces hommes partagés, comme c’était souvent le cas à l’époque, entre la légèreté des intrigues amoureuses et la dureté des combats qui déchirent alors la France en pleine guerre civile.

On regrettera la lourdeur de certains dialogues mal portés par des acteurs et des actrices peu au fait de leur rôle, souvent trop jeunes pour endosser avec justesse le poids de leur costume. Au bénéfice de l’âge, c’est sans doute ici Lambert Wilson (âgé de 52 ans) qui s’en sort le mieux face à une Mélanie Thierry pas encore trentenaire et un frêle Grégoire Leprince-Ringuet qui n’a pas 23 ans…

est une version librement inspirée du conte : l'Histoire du Prince Calaf et de la Princesse de la Chine*. On y découvre comment un prince persan nommé Calaf est banni de son royaume ; comment il chevauche jusqu'à la cour de Pékin et tombe éperdument amoureux de la fille du roi de Chine : la princesse au cœur de glace, Turandot. Ayant juré de ne jamais se marier, cette dernière impose trois énigmes mortelles à tous ses prétendants (nombreux sont ceux qui y ont perdu la tête). Le confiant et courageux Calaf décide de partir à la conquête de son cœur en relevant chaque défi avec astuce.

Thierry Dedieu a pris le parti d'adapter ce conte merveilleux sous la forme d'un grand album extrêmement travaillé depuis la qualité d'impression jusqu'au découpage du récit. L'histoire est séquencée en quatre chapitres, un prologue, un épilogue, restituant la dimension épique des aventures de Calaf. Chaque nouvelle scène est introduite par un titre et une illustration aux influences orientales sur une double page dont le fond rouge, tel les deux rideaux en velours d'une scène, abrite le prochain acte. Sans s'encombrer de décors élaborés, les personnages aux traits vifs jaillissent en pleines pages sous les pinceaux de l'auteur, jouant une intrigue dramatique au milieu de grands espaces immaculés.

Drapée tout d'abord dans sa dignité et sa cruauté, la princesse Turandot refuse de se plier au mariage. C'est lorsque Calaf lui offre enfin la liberté de choisir que son cœur s'ouvre. La beauté du conte réside à la fois dans ses multiples retournements et dans ses personnages qui défient leurs destins. Tout d'abord rapporté par l'orientaliste François Pétis de La Croix au début du XVIIIème siècle, le conte a ensuite inspiré le dernier opéra inachevé de Pucini en 1924 : Turandot (et son fameux « Nessum dorma »). A son tour et avec brio, Thierry Dedieu donne sa version de Turandot, mettant à portée des plus jeune une histoire forte d'amour et de liberté.

*l'Histoire du prince Cafa et de la princesse de la Chine, de François Pétis de La Croix, disponible aux éditions l'Harmattan

Avec Toutes les princesses meurent après minuit, Quentin Zuttion retrouve les thèmes LGBT+, mais explore également l’amour sous toutes ses formes. Amour filial, familial, amour passionnel et adolescent, une perle pleine de tendresse et d’émotions plus justes les unes que les autres.

Zuttion sert également des graphismes poétiques et doux, aux couleurs savamment exploitées.

Remise en question, résilience, découverte de soi comme de l’autre sur des airs de tube de l’été 97, une incursion sensible dans le vie de cette famille unique et à laquelle il est pourtant si simple de s’identifier.