Cette année, la Foire du livre de Francfort a connu une controverse rocambolesque, nourrie et gavée, même, par la Finlande. Ce pays devait en effet être un futur invité d'honneur, mais une annonce survint qui allait perturber tout ce bien-être...
L'Islande s'est alors vu accorder le titre honorifique pour 2011, alors que les Finlandais pensaient que cette place leur reviendrait. Un sentiment antifinnois qu'entretiennent les Allemands ? Non, il faut traquer la source plus loin, dans le secteur... de la téléphonie. Nokia a en effet délocalisé récemment son usine de Bochum, dans la vallée de la Ruhr vers la Roumanie, entraînant la perte de 3.000 emplois.
Un appel au boycott des produits finlandais fut lancé, et des politiciens détruisirent même leur téléphone en signe de protestation. Mais d'autres interprétations ont surgi, ne pouvant laisser un problème téléphonique gâcher la situation.
Un mic-mac politico-économico-littéraire
Iris Schwank, directeur de partie exportation de la littérature finlandaise a déclaré que le directeur de la Foire, Jürgen Boos, avait reconnu que l'attitude allemande à l'égard de la Finlande rendait complexe son invitation. « L'ambiance n'est pas favorable à la Finlande », lui confia-t-il, ce qui pour Iris représente « une grande déception ».
«
L'ambiance n'est pas favorable à la Finlande »
Jürgen Boos, directeur de la Foire de Francfort
Pourtant, nul n'ignore la qualité des romans policiers ni la subvention de 12 millions d'euros versée pour devenir partenaire privilégié. Mais un porte-parole a contesté que Nokia puisse être responsable de la situation. Le pays choisi « est élu en étroite collaboration avec le ministère des Affaires étrangères ». Qui prend la décision seul, bien évidemment.
Dont personne n'est dupe
D'ailleurs, côté allemand, des commentateurs ne se privent pas de considérer cette décision comme « n'ayant rien à voir avec la littérature ». On trouverait presque un écho troublant avec la situation et la confusion régnant en France autour du Salon du livre. Côté finlandais, on se voit comme des pestiférés aux yeux des Allemands et certains dénoncent la « petitesse d'esprit allemande », offrant en retour de boycotter les produits allemands.
Hufvudstadsbladet, un journal du pays, estime que la situation est « parfaitement claire » et que la fermeture de l'usine a une influence évidente sur la décision prise par Francfort, contredisant l'appel fait en octobre 2007.
Sale temps pour les Foires et Salons...