Il fallut six jours pour qu'advienne la Création, et presque autant d'heures pour lire... la totalité de la Bible. Dimanche prochain, le pape Benoît XVI démarrera la lecture de la Genèse pour ce qui sera un exercice de 139 heures, au terme duquel le cardinal Tarcisio Bertone achèvera le livre de l'Apocalypse, le 11 octobre.
Près de 1250 lecteurs se succéderont dans cette lecture non-stop de la Bible qui sera diffusée dans ce qui pourrait être un Biblothon, sur la chaîne RAI. Mais Giuseppe De Carli le considère plus comme « un relais non-stop », qu'un marathon. « Ce n'est pas une course, après tout, mais une réflexion sur les voies du Seigneur. » Une opération culturelle d'envergure, certes et qui ne coûte pas cher... mais qui n'est pas non plus allé sans mal.
Tout le monde est invité
« Il ne suffit pas de dire que quelque chose est oecuménique pour le rendre tel » considère Riccardo Di Segni, le grand rabbin de Rome, qui a annoncé son intention de ne pas participer dans ce qu'il trouve être un mouvement au parti pris trop catholique. Pourtant, des chrétiens orthodoxes d'Orient et des lecteurs musulmans prendront part à cette lecture, dont Adnane Mokrani, professeur à l'université pontificale grégorienne. Il lira ainsi un passage du livre de Tobie. « Ses valeurs sont universelles et les questions que soulève le livre sont personnelles et vont donc au-delà des problématiques interreligions. »
Pas une première, mais un sens plus profond
L'intervention même d'Andrea Bocelli est prévue pour « des interludes musicaux », entre chaque lecture qui devrait durer de quatre à huit minutes. Et parmi les lecteurs on a pioché dans un ensemble social vaste : des chauffeurs de taxi aux prostituées, en passant par les étudiants...
D'autres événements semblables avaient eu lieu, notamment à Limoges en décembre 2005 où 700 lecteurs s'étaient retrouvés. Depuis, plusieurs pays ont connu de pareilles manifestations. Mais pour De Carli, Rome aura « une portée universelle, et elle aura en outre une plus large signification ». On pourra même consulter cette lecture sur Internet et sur son mobile...
Pas de répétition générale, cependant. Pour De Carli, l'important n'est pas que les gens cherchent à être de grands acteurs comme George Clooney : « Nous voulons simplement que les gens fassent de leur mieux. » L'émotion parlera pour eux, estime-t-il.