Nous avons profité de notre escale à Bordeaux pour rencontrer l'auteure de La voie humide, Coralie Trinh Thi. L'écrivaine, derrière le stand de la librairie La mauvaise réputation, répond avec enthousiasme et sérieux aux questions des lecteurs venus la rencontrer.
Avant toutes choses Coralie Trinh Thi tenait à revenir sur notre critique de son autobiographie. L'auteure apparemment piquée au vif, ne l'a pas appréciée. Du tout. Pas du tout du tout, pour ne rien vous cacher
Ce qui m'a beaucoup choquée dans la chronique de mon livre sur votre site c'est que son auteur commence par s'excuser. En fait, il n'arrête pas de s'excuser d'avoir aimé le livre, et ça lui arracherait la gueule de dire que c'est bien écrit alors que des critiques littéraires reconnus en conviennent après l'avoir lu. Il a honte de dire qu'il trouve ça bien écrit vraiment. J'ai un panel de critiques et c'est une des plus moralistes que j'ai lues sur mon livre.
Euh... pour l'interview, on revient un peu plus tard nous... Non ? On reste, on s'assoit et on bouge plus une oreille ? D'accord.
ActuaLitté.com : (On va y aller soft alors...) Qu'est-ce qui vous a motivé à écrire une autobiographie ?
Coralie Trinh Thi : La littérature c'est ma première passion, avant même la musique. Je savais lire et écrire à l'âge de 3 ans. Et je n’ai jamais arrêté de lire depuis. J'étais donc prédisposée à l'écriture. Par contre ma première activité professionnelle c'était la pornographie et pour moi c'était deux zones totalement indépendantes et séparées de ma vie. Pour moi, il était donc hors de question d'écrire sur le porno. De plus le genre documentaire ou essai autobiographique n'appartient pas à la littérature telle que je la vois. Mais je n'ai rien contre le genre, j'en lis même énormément. J'ai écrit un premier roman, Betty Monde, qui m'a permis de mieux comprendre les mécanismes et les enjeux de l'écriture. Après de très longues et douloureuses introspections, j'ai fini par comprendre que c'était ridicule quand on est auteur d'avoir une expérience de vie et une matière première telle que mon expérience dans le porno et de ne pas l'utiliser pour écrire.
ActuaLitté.com : (Ah, elle sourit, on se lance alors !) Est-ce que ça a été difficile la transition d'actrice de X à écrivaine ?
Coralie Trinh Thi : Il n'y a pas de transition. La difficulté se situait plutôt dans la tête des gens pour accepter différentes facettes chez une même personne. Les gens ont des esprits plutôt étroits et cloisonnés.
ActuaLitté.com : (Euh, c'est pour moi que tu dis ça ?) Vous êtes une touche-à-tout (Mince, elle va mal le prendre). On vous a connu comme réalisatrice*, scénariste de BD*, romancière* et essayiste en quelque sorte avec Osez la sodomie. Est-ce une réelle volonté de votre part de tout essayer ?
Coralie Trinh Thi : Ce n’est pas une volonté dans le sens où ce n'est pas une stratégie. Par contre pour moi c'est très naturel d'avoir des envies de formes d'expressions différentes. Cela dit je fais la même chose que lorsque j'étais actrice de porno. Je donne du plaisir à mon public. Même si la forme et différente et que ça peut paraître comme une certaine forme d'évolution, pour moi c'est exactement la même démarche.