Il avait achevé sa propre Odyssée le 19 mars dernier, Arthur C. Clarke, probablement parmi les auteurs les plus visionnaires dans le domaine de la science-fiction. Mais quatre mois après sa mort sort son dernier livre, inachevé. Ou du moins, fini de la main de Frederik Pohl, à qui HarperCollins a donné la responsabilité de l'achever, après l'avoir acheté pour une somme à six chiffres en début d'année.
Le roman raconte une invasion par des aliens de notre planète, l'obsession d'un étudiant pour le dernier théorème de Fermat, une campagne de bombardement, et un ascenseur spatial, un des thèmes favoris de l'auteur. « Je me suis souvent demandé quand un ascenseur spatial serait construit, se demandait-il dans un dernier entretien. Ma réponse est environ dans 10 ans, quand tout le monde arrêtera d'en rire. »
Dans son esprit, cela prenait la forme d'un énorme câble reliant la Terre à une station orbitale, le long duquel transitent des véhicules électromagnétiques.
Selon Pohl, le conflit entre les Tigres de libération de l'Eelam Tamoul et le gouvernement sri-lankais fut une source d'inspiration majeure pour le roman. Il se rappelle d'ailleurs les paroles de Clarke : « Vous n'écrivez pas de la science-fiction sur du vide ; on ne peut ignorer ce qui se passe autour de soi. »
Écrire avec le maître
Le travail de reconstitution fut mené à partir d'un squelette et de deux années de notes. Tout fut discuté et examiné entre les deux auteurs. « Un matin, Arthur s'est réveillé et m'a dit qu'il ne savait pas comment écrire l'un des livres qu'il avait juste signé. Les nouvelles lui étaient sorties de la tête », témoigne Pohl.
Peu avant sa mort, l'écrivain avait eu ces paroles : « Parfois, je me demande comment j'aimerais que l'on se souvienne de moi. J'ai eu diverses carrières en tant qu'auteur, explorateur sous-marin ou adepte de la conquête spatiale. De tout cela, je crois que je préférerais rester en qualité d'auteur. »
The Last Theorem, d'Arthur C. Clarke et Frederik Pohl sort le 5 août en librairie, en Angleterre et aux États-Unis.