L’angoisse en matière littéraire est un art difficile. On la confond souvent avec l’horreur, plus facile à définir, à susciter. Il suffit pour cela de quelques scènes de tortures bien décrites, dans le cadre d’une histoire pleine de suspens où le lecteur s’est identifié à la victime, et le tour est joué : j’exagère à peine. Mais l’angoisse, ce sentiment diffus qui ne sait où se poser, cette impression d’être en déséquilibre permanent, comment la susciter en littérature ? Car l’angoisse, ce n’est pas la peur. On sait ce qui vous fait peur, le mal est identifié, maîtrisé dès lors qu’il s’éloigne, tandis que l’angoisse demeure, au sein même de ce qui peut sembler rassurant.