Francis Combes, pourriez-vous vous présenter pour les trois lecteurs du fond qui n'ont pas la chance de vous connaître ?
Francis Combes : Francis Combes, poète et directeur du Temps des Cerises, éditeur. Je fais partie des fondateurs de l'association de l'autre livre qui réunit une centaine d'éditeurs. Son but est la défense des intérêts moraux et matériels des éditeurs indépendants.
ActuaLitté : Le Salon cette année arrive alors que l'édition indépendante fait face aux problèmes financiers du Salon de la porte de Versailles que l'on connaît. Dans quel état d'esprit abordez-vous cette manifestation ?
Francis Combes : Nous allons tenir cette année, la 7e édition du Salon de l'autre livre à l'espace des Blancs Manteaux du 20 au 22 novembre. Ce salon se tient dans un moment délicat pour tous les acteurs du livre qui n'échappent pas aux conséquences de la crise économique. Celle-ci se traduit par un recul des ventes, plus marqué pour les petits éditeurs que pour les gros, d'où l'importance d'initiatives collectives de ce type qui assurent une meilleure visibilité à la création éditoriale des uns et des autres.
ActuaLitté : Quelles sont aujourd'hui les attentes des éditeurs qui se rendent au Salon ? Et surtout, comment perçoivent-ils le Salon de Versailles ?
Francis Combes : La préparation du Salon du livre de Paris porte de Versailles a suscité cette année beaucoup d'inquiétudes et de controverses. Les organisateurs avaient cru pouvoir augmenter de manière très importante les prix des stands destinés aux petits éditeurs. Cela a provoqué des réactions, notamment une pétition que nous avons soutenue. Et je suis heureux de constater que la raison l'a emporté et que nous sommes revenus à la situation antérieure. Notre salon est évidemment très différent du Salon du livre de Paris. Il est beaucoup plus modeste. L'entrée est libre. C'est un salon qui permet aux auteurs et aux éditeurs de rencontrer leurs lecteurs et c'est aussi l'occasion de débats avec les uns et les autres sur les problèmes du livre.
ActuaLitté : La mort du livre papier provoquée par le numérique est sur toutes les Unes de journaux : qu'en pensez-vous ? (personnellement, je trouve cela ridicule...)
Francis Combes : Il y a effectivement beaucoup de débats sur le sujet, jusque dans notre association. Pour ma part, je suis certain que le développement du numérique qui a déjà bouleversé nos métiers va entraîner d'autres bouleversements. Mais de la même façon que l'invention de la roue n'a pas supprimé la marche à pied, le numérique ne supprimera pas le livre papier. Le vrai risque est que celui-ci devienne l'apanage d'une petite minorité culturellement privilégiée.
ActuaLitté : Existera-t-il une plateforme numérique montée par les éditeurs indépendants pour la vente d'ebooks ?
Francis Combes : Nous n'en sommes pas là, mais nous réfléchissons à la façon dont nous pouvons coopérer pour faire face aux défis du numérique.
ActuaLitté : Quelle est à ce titre la part de numérique dans l'édition de cette année ?
Francis Combes : La part du livre numérique est encore marginale, à part au Japon et aux États-Unis où il représente 5 % du marché.
ActuaLitté : Que changeriez-vous à l'industrie du livre si l'on vous en donnait le pouvoir ? [NdR : ne me regardez pas ainsi, vous me faites peur...]
Francis Combes : Dans le contexte de concentration de l'édition française, la difficulté pour les petits éditeurs n'est pas d'éditer, mais d'atteindre les lecteurs. S'il y avait une réforme à faire, ce serait celle de la diffusion-distribution ; il faudrait créer un grand outil mutualisé et parapublic.