Nous vous annoncions la suppression de la bourse au mérite il y a quelques semaines déjà. Sur le moment, les réactions étaient surtout venues des femmes et des hommes politiques de droite. Aujourd’hui, les étudiants commencent à en prendre conscience. D’où une certaine effervescence sur les réseaux sociaux.
Sur Facebook, une page a été créée le 7 juillet dernier ; elle s’appelle « Touche pas à ma bourse, je la mérite ». À l’origine de l’initiative, Thaïs Cesto et Julie-Anne Kervella. Les deux jeunes femmes, ayant obtenu leur bac avec mention très bien, s’attendaient à recevoir la fameuse bourse. Thaïs Cesto s’est exprimé sur le sujet dans « Ouest-France » : « Il y a des élèves issus de la classe moyenne ou de familles moins favorisées qui ont travaillé dur pour avoir la mention très bien, ce n’est pas normal de ne pas les récompenser ». La page en question compte pas moins de 2000 « like».
Par ailleurs, Thaïs et Julie-Anne font circuler une pétition, qui a d’ores et déjà récolté 3 820 signatures. L’affaire s’est aussi emparée de Twitter.
Les futurs étudiants qui s’estiment lésés peuvent compter sur des soutiens de poids. Le 30 juillet, Bruno Lemaire a apporté son soutien sur RTL. Valérie Pécresse, ex-ministre de l’Enseignement supérieur, s’est elle aussi insurgée contre cette mesure du gouvernement. Sur Twitter, le 24 juillet, elle déclarait : « Le gouvernement supprime les bourses au mérite que j’avais créées pour les étudiants. Effort, mérite des mots qui dérangent ? #assistanat ».
Rappel. Les bourses au mérite fonctionnaient comme un complément de bourse de 1 800 euros par an pendant trois à destination des étudiants boursiers ayant décroché une mention très bien. La bourse fonctionnait aussi pour les meilleurs étudiants de licence, en vue de leur entrée en master.
LE GOUVERNEMENT NE RECULE PAS
L’année dernière, le gouvernement avait renoncé à mettre en place la mesure face aux réactions provoquées. Cette fois-ci, le gouvernement semble vouloir tenir sa position. Les arguments avancés sont au nombre de deux : le nombre de boursiers au mérite ne cessait de croître d’année en année ; réévaluer l’attribution des bourses sur critères sociaux. À quoi il faut ajouter un problème de suivi des élèves tout au long de leurs études.
Le ministère de l’Enseignement supérieur ne dit pas autre chose. Les Échos rapportent les propos suivants de la secrétaire d’État Geneviève Fioraso : « Mon souci, c’est l’efficacité et la remise en route de l’ascenseur social, en panne ces dernières années. Or, nous avons constaté que les universités, réticentes, ne fournissent pas forcément les résultats des meilleurs étudiants, considérant que les notations sont non seulement différentes entre les matières, mais aussi entre les établissements. Et avec l’augmentation de mentions très bien au bas, l’aide était de moins en moins ciblée ».
À noter enfin que cette suppression n’est pas rétroactive. Les titulaires de la bourse au mérite la conserveront jusqu’à la fin de la période concernée.
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