Trop de fleurs !

L’universitaire Jacqueline Nipi-Robin propose la première édition critique de Fleurs d’ennui de Pierre Loti, publiée par Le Carrelet éditeur.

Publié pour la première fois en 1882, ce livre se tient aux frontières du roman, du recueil de nouvelles, du carnet de voyages mais est clairement à ranger dans l’autofiction. Ouvrage hybride, différent - cela ne nous surprendra pas de la part du futur Académicien - il est bien moins connu que les fameux Pêcheurs d’Islande (1886) ou encore que Aziyadé (1879 - son premier livre publié anonymement), mais déjà Pierre Loti se devine, exotisme, réflexion, rêve, invitation aux voyages qui ne sont pas sans rappeler Baudelaire tant dans le style que dans une forme de spleen.

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Mais cette idée, que le titre aurait tendance à nous confirmer (il n’y a parfois qu’un pas entre l’ennui et le mal) ne peut être qu’une illusion de notre part puisque de l’aveu même de Pierre Loti lors de son discours de réception à l’Académie française, il ne lisait jamais… à moins que ça n’est été là qu’une déclaration légèrement provocante et à coup sur taquine ? 

Je vous en parle d’ailleurs bientôt. 

Trevor entre en sixième et, le moins qu'on puisse dire, c'est que cette rentrée s'annonce très compliquée pour lui. Intelligent, un peu coincé et pour le moins angoissé, il se dit qu'il peut au moins compter sur le soutien indéfectible de sa meilleure amie Libby. Après tout, elle a toujours été là pour rattraper ses bévues et lui inventer des aventures héroïques justifiant ses bizarreries et autres ratés.

Mais voilà, Libby semble avoir décidé que cette étape marquerait le début d'une nouvelle ère : celle de l'émancipation de Trévor. Elle lui intime l'ordre de se faire un nouvel ami avant la fin de la journée et surtout, de dégoter une fille à inviter au bal du collège. Le hic, c'est que rien n'est jamais simple pour notre jeune héros... A part, évidemment, tomber au milieu de la cantine ou aller se soulager dans les toilettes réservées aux profs...

est un roman plutôt rigolo mais pas que. S'il retrace avec fidélité ce que nous avons tous pu ressentir à notre arrivée au collège, ce premier tome met également en exergue les étrangetés de notre petit monde. En effet, Trevor est un garçon attachant au possible mais franchement nevrosé et rigide, pris entre le marteau d'une mère envahissante (n'hésitant pas, par exemple, à téléphoner à Libby pour parler des difficultés de son fils) et l'enclume d'une amie prématurément compliquée en route vers la “pimbêchitude”. 

Cela étant, Robin Mellom réussit son pari et nous livre une galerie de portraits amusants et tout à fait vraisemblables. Le format est assez atypique puisque ses dessins et diverses annotations donnent un rendu quasi journalistique de cette immersion dans l'univers collégien.  Rendez-vous en terre inconnue pour certains, moins pour d'autres, chers lecteurs !

Sibelle était une jolie Border Mollie, une petite boule adorable aux poils noir et blanc, cadeau des parents de Romane pour sa longue attente et sa promesse de bien s'en occuper.

La nouvelle amitié avec Sibelle va donner des ailes à Romane qui va pousser l'aventure aux compétitions et concours de agility pour chiens. Ensemble, elles vont passer les obstacles, Sibelle apprenant petit à petit à se discipliner pour marquer les points attendus et Romane, du haut de ses douze ans, apprenant à se montrer patiente et responsable.

Cela rit, aboie, court. Les concours de agility, c'est tout de même pour les vieux, se dit Romane.

Faux ! D'ailleurs, le jeune Brian et son Beauceron luit font rapidement de l'œil et de la patte.

Et puis, ce Monsieur Jean, son nouvel entraîneur, il est plutôt sympa !

Les épreuves de fin d'année de quatrième approchent et les plus importantes compétitions vont arriver dans les mêmes temps.

Flûte ! Que choisir ? Loisir ou avenir ?

ouvre la porte à un univers peu connu, peut-être, des jeunes lecteurs avec cette histoire simple, de peu de pages, mais véhiculant des valeurs au combien riche. Il est n'est pas toujours utile de s'éloigner autant de la réalité pour parler de détermination et de courage. Élever et dresser un chien fournit un exemple d'expérience ordinaire extraordinaire plutôt intéressant. Évidement, l'auteur aborde la responsabilité avec l'acquisition d'un animal à la maison, son bien-être, si la maman de Sibelle a connu les grands espaces, la toute petite boule de poils pourra s'accommoder de l'espace d'un appartement.

Jeune et encore insouciante comme le dicte naturellement son âge, Romane se montre à la hauteur de la confiance de ses parents et va au-delà avec l'aventure des compétitions très exigeantes, prenantes, qui porte la jeune adolescente à divers lieu de France pour les besoins des concours d'agility. Romane va grandir avec la rencontre de Brian, avec l'apprentissage de la discipline nécessaire aux épreuves de Sibelle. se responsabilise devant de dures priorités, « l'enlèvement de Sibelle » sera un coup dur pour la jeune collégienne en plein réussite et pugnacité.

L'auteur nous décrit une petite chienne espiègle, bien heureuse, bien entretenue et adorée par sa jeune maîtresse. Les remarques de la jeune Romane sur cet univers plus « mûr » est amusant, met de la crédibilité, mais des liens, des ponts intergénérationnels se bâtissent autour de l'amour de sa Sibelle.

Une aventure a conseillé aux filles comme aux garçons, cet « Objectif, championnes » !

Avec le printemps qui s'annonce, (re)naît l'envie des jardins fleuris et odorants. Ce qui est bien, avec ce livre, c'est qu'il s'adresse d'abord à ceux qui conçoivent le jardinage comme un plaisir, une détente avant tout, et qu'il met en avant, non pas des techniques élaborées de plantation ou de culture mais plutôt des suggestions simples et originales, toujours respectueuses de l'environnement, pour élaborer soi-même des bouquets de fleurs, embellir son jardin comme son intérieur, et développer ensuite, avec succès,  ses propres créations florales et les occasions d'offrir un cadeau personnalisé.

Nul besoin d'un grand espace pour démarrer, quelques carrés, une petite parcelle permettent déjà d'obtenir une variété intéressante de fleurs à couper qui pourront agrémenter votre intérieur du printemps jusqu'en automne. Comme les légumes, la culture des fleurs varie selon les saisons et le printemps est sans doute la meilleure période pour démarrer.

Ce livre pratique, illustré avec naturel par aide pas à pas le lecteur  dans la conception de son jardin ;  du choix de la plante la plus adaptée au type de sol et d'environnement, d'orientation au soleil, de résistance au vent, etc. à la préparation de la parcelle, aux outils indispensables, à la plantation puis à l'entretien, la cueillette et la réalisation de bouquets, chaque étape est détaillé avec soin, accessible et suffisamment concrète pour donner envie de se lancer immédiatement. 

De plus, différents schémas de plantation, avec la liste des fleurs à se procurer facilitent la mise en application et la description des trois grands types de plantes destinées à devenir des fleurs coupées (annuelles rustiques, semi-rustiques et bisannuelles) n'auront plus de secrets pour vous. Une sélection de bulbes également et des conseils de culture devraient vous permettre de vous lancer sans appréhension. Les techniques de plantation, repiquage ou rempotage sont photographiées étape par étape. Il ne reste plus ensuite qu'à entretenir, surveiller les cultures et se réjouir des boutons qui se forment.

Pour finir un chapitre sur l'art du bouquet si vous êtes en mal d'inspiration, des astuces pour les enrichir et les embellir avec des branchages ou des feuillages. Bien pratique aussi en fin de volume, un calendrier des travaux du jardin et une liste d'adresses de fournisseurs de graines, bulbes et matériel de jardinage.

Avec une telle prise en main, il serait dommage de ne pas essayer.

Est-on vraiment différent lorsque l'on vit dans un autre siècle ? N'a-t-on pas les mêmes envies, les mêmes désirs, les mêmes interrogations ? Le récit de Catherine prouve qu'une jeune fille du XVIIe ressemble beaucoup à celles d'aujourd'hui. Même si son expérience passe par des épreuves qui ne peuvent plus être celles de maintenant. Quoique... 

Catherine est une jeune fille française menée sur les nouvelles terres. Au Canada, dans la ville qui sera nommée Montréal, elle découvre ce que sont les sauvages, ces Iroquois à la peau rouge. Son père veut la marier de force pour être certain que la lignée s'établisse.

Mais Catherine refuse d'être unie à un homme : elle est si jeune ! Elle s'enfuit et se retrouve dans un camp de sauvages. Grâce à une de leurs lois, elle devient membre de la famille au lieu d'être scalpée. Mais peut-elle vraiment s'adapter ? Au fil des jours, elle comprend que les sauvages n'en sont pas et que la cruauté est dans le cœur de tous les hommes.

Avec elle, nous découvrons les croyances et mœurs d'un peuple méconnu. Ainsi, la création de la Terre n'est pas l'œuvre de Dieu, comme la jeune fille le croit par sa culture, mais celle de la Tortue. Les histoires sont nombreuses dans ce roman et nous nous attachons autant au personnage et à son histoire qu'à celle de la tribu.

Loin d'être un ennuyeux récit historique, le roman touche et captive : comment la jeune fille va-t-elle rejoindre son peuple ? En aura-t-elle envie après quelques temps passés avec la tribu ? Comment expliquer que les hommes soient à la fois différents et identiques ?

, sous forme de journal intime est inspiré d'une vraie anecdote. À la fin du livre, l'auteur fournit quelques explications historiques sur le peuple et son histoire.

Être gourmand, c'est bien ! Être gourmand et savoir d'où viennent les aliments que l'on mange, c'est mieux ! Être gourmand, savoir d'où viennent les aliments et manger sainement, c'est la voix de la sagesse alimentaire…

Dans la collection Kididoc vient de paraître . Neuf grands jeux et un cahier de recette pour découvrir les aliments : Choisis le bon menu, Cherche et trouve… les plats du monde !À toi de jouer au cuisinier…

D'une manière ludique et amusante, la découvert des produits, leur bienfait pour le corps, la façon de les manger et même de les cuisiner est une véritable petite joie pour tout jeune gourmand qui se respect.

Si le rôle des émissions culinaires n'est plus, en partie, à démontrer  pour avoir remis beaucoup d'adultes devant les fourneaux,  les jeunes lecteurs ne sont pas en reste.

Il y a quelques années, la caricature montrait des enfants ne savant pas que le poisson pané carré était un véritable poisson transformé. Ici, avec le livre de Christelle Chatel, illustré par Gwé c'est la curiosité culinaire qui va être assouvie dés le plus jeune âge et c'est surtout un pas de moins vers ce que l'on appelle, depuis une trentaine d'années, la « malbouffe ». Même si un bon hamburger est toujours agréable à manger à condition de ne pas oublier la salade (et non les frites…) et des fruits en dessert…

Cela m'a donné faim, tient !

Paris, 1793. Attendant dans sa cellule l'inéluctable, Antonia prend la clé de ses pensées et remonte le temps pour emprunter la seule évasion possible. Mais, la jeune autrichienne que l'on surnomma à la française « Marie-Antoinette » n'en a pas le temps.

Le couperet tombe, rompant le fil d'une vie pleine de promesses et d'un temps de privilèges.

L'Histoire se remémorera sa fierté à se montrer digne de sa famille, son royaume, en étant une bonne épouse, belle, utile aux négociations compliquées entre la France et l'Autriche, les anciennes ennemies.

Elle notera la frustration d'un mariage sans passion, les difficultés à offrir un héritier, les ingérences fortement critiquées d'une femme dans la politique, les complots visant à profiter ou salir la réputation de l'Autrichienne.

Si elle n'avait pas été Marie-Antoinette, elle se serait abandonnée au véritable amour, aux bras protecteurs d'Axel de Fersen.

Et si, et si...

de Éric Simard reprend la vie de Marie-Antoinette et raconte un destin de femme avant tout. Les multiples sauts dans le temps, de son arrivée en France à sa chute, nous font découvrir l'itinéraire de cette jeune fille considérée comme trop gâtée. D'un événement à l'autre, souvent dramatique, c'est dire s'il est difficile pour cette adolescente d'entrer dans une vie d'adulte et de femme alors que l'on est encore presque une enfant, Marie-Antoinette tente d'être.

Femme d'action, femme d'esprit et femme amoureuse. Nous découvrons une éducation en amont qui malheureusement ne lui permettra pas de faire face à la lourde tâche qui l'attendait, épouse du roi de France. La narration externe donne l'impression de lire les pages d'un journal intime rédigé  par un proche de la jeune fille, s'étant tenu à ses côtés à chaque instant et lui rendant hommage. Une intimité renforcée par les pensées de Marie-Antoinette livrées de temps à autre.

Un angle de vue très sensible et plutôt intéressant.

nous laisse pénétrer les premiers dans une chambre vide, seulement esquissée par quelques traits, qui a la particularité non négligeable d'avoir un gros trou en plein sur son mur. La porte s'ouvre sur la page suivante, laissant entrer son occupant en plein emménagement et affairé autour de ses cartons. Lorsque ses yeux finissent par se poser sur cet énorme et étrange trou, c'est la panique. Impossible de s'en débarrasser, il s'immisce dans chacune des pièces de son appartement !

Cette situation ne pouvant s'éterniser, notre héros sollicite l'aide de scientifiques pour s'en débarrasser. Leur proposition n'est pas des moindres : le capturer pour l'emmener chez eux et le soumettre à des tests de laboratoire. Le temps d'un trajet, le trou vient se loger habilement dans le décor de la ville, jusqu'à ce que les spécialistes s'occupent de son cas... momentanément.

Le trou est un livre délicieusement contemplatif. Les personnages de Oyvind Torseter n'y sont pas très loquaces. Ce sont les images qui, d'un coup de crayon simple et précis, emportent la lecture comme s'il s'agissait d'un  petit film d'animation. L'originalité de cet album est bien sûr ce trou, qui perce réellement le livre, et autour duquel les illustrations s'amusent non sans complicité avec le lecteur. Un bel objet insolite, qui plus est sacrément drôle, qui ravira les amateurs de livres hors norme !

Les petites îles bretonnes inspirent les écrivains chez Liana levi. Après l'île de Belz d'Emmanuel Grand (Terminus Belz, 2015), voici l'île de Trevedic de , aussi imaginaires l'une que l'autre mais proches tout de même d'une certaine réalité insulaire armoricaine.

"L'avenir d'un fils de pêcheur est tout tracé. On connaît déjà la profession de l'arrière-petit-fils."

Eprouvée par le mauvais temps et les naufrages, les rudes activités de pêche, l'isolement et la solitude, la désagréable sensation d'être épié en permanence, cette île devient vite le lieu étrange et très fermé, hors du temps et de la société,  propice aux mystères en tous genres et obscures intrigues familiales. "Tout le monde se connaît. Les gens guettent ce qu'on fait dès qu'on met un pied dehors."

Edelweiss, trentenaire parisienne revient sur son île natale pour enterrer son père, tombé  accidentellement d'une falaise, un jour de tempête. Troublée par cette mort inattendue ; curieuse et vive, elle s'interroge sur les circonstances de la chute et enquête, bien déterminée à éclaircir certaines incohérences. "Cette falaise, il l'arpentait quasiment tous les jours […] Cet endroit tout le monde s'en méfiait, et papa le premier, qui était sujet au vertige."

Au plus près des habitants, des amis d'enfance, des voisins, du seul policier de l'île, elle questionne sans relâche, malgré les menaces et intimidations, démasque des activités délictueuses inattendues. Véritable justicière, rien ne l'arrête.

Atypique dans son déroulement, l'histoire s'aventure hors des sentiers battus avec humour (noir) et s'extirpe allégrement du genre policier. Farfelue parfois même invraisemblable, elle décevra le lecteur en quête d'une intrigue rigoureuse mais amusera l'amateur de comédie fantaisiste.

Empreint d'impertinence et d'une audace  assez maligne, assurément amoral,  le récit détonne sans pour autant se défaire d'une certaine acuité dans la description des personnages, des relations de couple également. " Il ne faut pas chercher à aimer tout chez un homme. Je l'ai appris à mes dépens. Il faut en aimer une partie suffisante, au moins cinquante pour cent. Le reste, il faut parvenir à l'accepter, sinon, c'est mort."

Une galerie de portraits atypiques, incisifs et drôles, dont on aurait sans doute aimé qu'ils gagnent en profondeur mais qui révèlent déjà chez l'écrivain, un sens de l'observation aigu et talentueux.

L'ambiance insulaire est finement perceptible, retranscrite avec justesse et finalement, le lecteur regrette presque l'excès d'imagination, de temps à autre, discordant avec une apparente réalité, autrement plus passionnante et convaincante.

L'écriture, par ailleurs, fluide, légère et simple, crée une proximité sympathique, plutôt gaie, très agréable. Immédiatement, le lecteur se sent à son aise, sait d'emblée que le moment de lecture sera plaisant et divertissant, ininterrompu. En un mot : chouette !