Inspirer dessiner. L'art de la respiration, de la pleine conscience et de la méditation

La Chine a beaucoup changé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais on n’efface pas 2000 ans d’Histoire comme ça. Nan Huaijin (1918-2012) est de ces hommes de l’ancienne génération.

En 1942, il réside dans le temple de la Falaise de l’esprit (Lingyansi) où il aurait atteint l'Éveil auprès d’un maître du Chan, Yuan Huanxian (1887-1966). La suite de sa vie sera consacrée à l'enseignement et à la méditation. 

De son expérience, il aura tiré ce livre, où la santé se marie au calme de l’esprit. Il va même plus loin : les postures qu’il propose et l’état d’esprit qu’il réclame pourraient conduire à la guérison… Mais n’y voyait pas qu'un énième livre de développement personnel.

Le maître l’explique dès le premier chapitre : si vous n'avez pas renoncé aux biens d'ici bas, comme à tout désir, vous n'atteindrez jamais la Voie...

Un texte traduit et présenté par Catherine Despeux

Le protocole (Mindfulness Based Stress Reduction) ou est un programme de huit séances hebdomadaires de 2h30 environ et d'une journée complète pour explorer cette pratique en profondeur et l'intégrer à son quotidien.

A défaut de pouvoir le suivre, cet ouvrage s'en inspire et propose, de manière plutôt exhaustive, d'aborder cette technique de développement personnel destinée à  réduire le stress pour vivre mieux. Une initiation sérieuse et rigoureuse proposée par Beryl Marjolin,  une coach et instructrice de pleine conscience en entreprise et auprès des particuliers, suffisamment précise et détaillée pour permettre au lecteur de l'expérimenter seul, dans un premier temps et de se convaincre, au final, que cette nouvelle forme de méditation vaut le détour, mérite qu'on s'y attarde plus longuement, par son accessibilité (apparente) notamment.

Méditer en pleine conscience est un entraînement de l'esprit à rester présent à ce qui nous arrive. Il s'agit, en effet, de porter attention au moment présent comme s'il comptait vraiment. Issue du Bouddhisme, cette pratique, très répandue en Amérique du Nord, prescrite comme traitement médical pour surmonter la douleur, intègre peu à peu les hôpitaux européens.

Sans être compliquée, cette technique de méditation suppose un investissement personnel important, du temps, de la discipline et doit s'effectuer quotidiennement pour devenir efficace. C'est la régularité  de l'entraînement qui garantit le succès. L'auteur précise qu'une heure par jour, dans un premier temps, est un minimum et insiste sur le fait, qu'au départ, la technique peut se vivre comme une contrainte, un stress, une douleur même.

En effet, choisir de se reconcentrer sans cesse lorsque notre pensée prend plaisir à vagabonder, prêter attention à ce que l'on est en train de faire, être attentif à sa respiration, à chaque geste que nous pratiquons parfois sans réfléchir ; tout cela demande un effort, assez déplaisant au départ, si peu habituel. Mais avec le temps, la mise en place de différentes activités méditatives comme le scan corporel, le yoga, la marche, la respiration, etc. l'effort se dilue et devient plus agréable. Une technique qui suppose également beaucoup de patience, de bienveillance à l'égard de soi-même, de lâcher-prise, de confiance.

A terme, la méditation en pleine conscience aide notre cerveau à fonctionner différemment, confirme que, par un entraînement de l'esprit, il est possible de créer de nouvelles connexions neuronales à tout moment de la vie. Peu à peu, celui qui pratique prend l'habitude de remettre en question sa façon de faire les choses et de les voir, renforce une vision plus positive. Assurément, remettre en jeu ses croyances les plus profondes demande beaucoup de courage et de persévérance.

 Pour aider à ce changement, l'ouvrage propose des exercices concrets, s'étoffe de témoignages convaincants et rassurants, d'applications concrètes (vidéo), propose d'aller toujours plus loin par des liens nombreux tantôt sur une technique précise, tantôt sur une démarche innovante, une bibliographie assez dense. Un contenu exhaustif et exigeant qui, par moments, peut effrayer le lecteur non initié, attiré pourtant par la pleine conscience mais qui s'interroge sur ses capacités personnelles à la mettre en œuvre, s'il n'a pas, au préalable, pu aborder d'autres techniques de méditation (relaxation, autohypnose, yoga…)

A défaut peut-être de parvenir seul (c'est-à-dire sans l'aide d'un groupe et d'un formateur) à méditer en pleine conscience, ce livre donne des pistes pour tenter de s'en approcher notamment à travers une suggestion d'applications de la pleine conscience dans des activités quotidiennes (à table, à vélo, sous la douche…).

 Un moyen de commencer doucement à changer sans risquer le découragement ou l'abandon. Plus d'information sur http://reduction-du-stress.org

A travers quarante nouvelles brèves,invite le lecteur à observer davantage l'ordinaire autour de lui et à y trouver de la grâce, de la joie, de l'émotion, de la dérision et de la fantaisie.

Bien loin de l'ennui, de la désolation, de la monotonie, le quotidien, à ses yeux, devient romanesque et curieux.

De la malice, de la tendresse, un peu de cynisme et de cruauté également, une pointe de nostalgie, çà et là, de la poésie sans prétention, une sincère proximité avec le lecteur composent ces courtes scènes divertissantes et dépaysantes, issues des quatre coins de France et même au-delà de nos frontières parfois.

Un voyage empreint d'humanité, de rencontres improbables et attachantes, plutôt sympathiques. Une escapade légère à savourer sans façon, à l'instar de la première gorgée de bière de Philippe Delerm.

A lire pour le plaisir des ambiances partagées en quelques mots, d'un accès immédiat et facile, sans doute furtives mais instantanément agréables, très visuelles.

Aussi facétieux et sensible à conter l'âge de la vieillesse que celui de l'enfance, l'écrivain évoque, tour à tour, la solitude, la mort, la résistance, la violence, la maladie, la souffrance en une galerie de personnages esquissés mais marquants dont l'existence réelle paraît évidente.

A travers leurs réactions naturelles et sincères, parfois décalées, ils retiennent, amusent, intriguent.

Difficile ainsi de ne pas s'attendrir face à monsieur Brune, en périphérie de Cahors, de ne pas être amusé par le taxidermiste de madame Verbèque à Saint-Pol-sur-Mer, ou encore de ne pas partager l'exaspération de Nathalie, la patronne de la crêperie La Régal'ette à Saint-Cast le Guildo.

Sans oublier le cadeau de Noël original de Georges et Mauricette à Amélie-les-Bains ou l'aventure d'Eric sous-marinier à bord du Diane.

De petites aventures, de grands rêves pour dépeindre la vie et reconsidérer la sienne, peut-être ?

Avec légèreté, un souffle d'air nouveau. "Bon, la mort c'est réglé. Maintenant on peut vivre…"

Qu'est-ce qui se passe quand on aime quelqu'un et qu'on épouse quelqu'un d'autre ? On fait des enfants et on ne finit jamais de vouloir en découdre avec la force du destin.

Surtout quand le décor prend les contours d'un village transylvain du début du XXème siècle, où ni le poids de la tradition, ni les secousses de la grande Histoire, ne suffisent pour empêcher les âmes de se déchirer.   

Poète et historien de la philosophie à l'Université de Cluj (au coeur de la Roumanie), télescope dans son premier roman Notre maison, dans la plaine de l'Armageddon les thèmes du destin et du couple sur lequel pèse un péché mortel, celui d'avoir maudit son partenaire, à force de l'avoir mal aimé.

Auteur, entre autres, du recueil Poèmes sans vergognes (traduit en français, Le temps qu'il fait) et du volume d'essais La maladie des philosophes.Cioran, Marta Petreu se livre dans un premier roman à trame autobiographique d'une exceptionnelle densité métaphysique.

Maria et Augustin, les parents de la narratrice, se déchirent sourdement, tressant ainsi la corde torsadée d'un destin commun implacable, « comme les lanières d'un fouet, faisceau de remords et de dépit intimement liés. »

"Ils ne se parlaient pas, ne prenaient pas les repas ensemble, mais partageaient le même lit.

  C'était effrayant.

  C'était grotesque.

  C'était humiliant.

C'était la guerre du grand jour d'avant l'anéantissement du monde (…) Qui passait au milieu de notre propre maison."

La romancière sculpte un personnage d'une intensité psychologique époustouflante, la figure magnétique et écrasante de la mère. Maria (Mica) est une belle paysanne dont l'âme pétrifie au fur et à mesure que les années enterrent son amour pour un autre. Une épouse âpre et une mère terrible, qui donne vie mais aussi enlève des vies par son verbe maudissant.

L'écriture de Marta Petreu procède par une sorte d'amniocentèse littéraire envoûtante. Le roman s'ouvre avec la scène de l'enterrement de la mère et personnages, gestes et paysages  ne sont pas sans rappeler le néoréalisme du cinéma italien. Perdue au milieu du clan réuni, structuré par la prononciation des formules rituelles, la narratrice cherche à comprendre, enfin, sa mère, et se cherche : « Je suis devenue une étrangère. Je compte les gens présents dans la cour, je m'embrouille quand j'arrive autour de cent vingt, il en reste encore, à mon enterrement il n'y en aura que cinq ou six. Mica était quelqu'un. »

La petite fille qui les jours de pluie se disputait avec sa fratrie la seule paire de chaussures disponible, quelques pointures plus grande, est devenue professeur d'université. L'enfance remémorée plonge le lecteur dans de véritables tableaux de Bruegel, attachants par la profusion des détails innocents et ensoleillés.

En apnée devant Mica – la mère à caractère rocailleux, aux aguets devant Ticou  – le père qui tente jusqu'au bout de dompter sa femme et de convertir sa famille à sa secte millénaire,  la fille se forge son propre bouclier, psychologique, poétique :

« être consciente de ma capacité de résilience. Beau geste que le sien, il m'a fourni un bouclier et m'a fait comprendre que je l'avais sous la peau depuis mon enfance. En réalité, après avoir mené la guerre de l'Armageddon avec Ticou, j'ai pu surmonter presque tout, en générant seule, à partir de ma propre limite, la colère blanche, la force incandescente pour ressortir à la bonne lumière. »

Comme un antidote, la plume de Marta Petreu sait distiller  ici et là  des  gouttes d'encre lumineuse. Des profondeurs troubles, où la famille a appris à s'étouffer et à respirer  ensemble, montent à la surface la poésie d'une vie contemplative, les étendues d'une âme flaubertienne dans la description de ses mélancolies: 

« Jamais et nulle part ailleurs, ma tristesse n'a été aussi profonde que pendant ces automnes d'or et de brouillard… J'étais soûle de solitude pendant ces longs après-midi. Je regardais autour de moi et j'apprenais la désolation. L'ennui terrible étalé sur la Plaine Transylvaine, terreuse, avec  la mort comme compagne. »

Les maux laissent peut-être des cicatrices mais, si rédemption il y a, elle tient dans les mots. La traductrice Florica Couriol a su fondre les nombreux écueils de la traduction (le dialecte transylvain, les mots du « maudire » !) dans un français musical et fluide qui suit les vallons et les collines d'une sonatine de Schubert.

Dépaysez-vous: rural et métaphysique, le roman de Marta Petreu a la force tellurique d'une plaine roumaine ravinée par la boue et le péché, et la transparence mystique d'un ciel qui ne pardonne pas les désamours. Un paysage de vie et de mort sur plusieurs générations, le Destin en point de fuite. 

Kana poursuit l'exploration des oeuvres du « créateur d'estampes de Shôwa », Kazuo Kamimura, avec l'édition du tome 1 de La plaine du Kantô. Dans ce titre, le mangaka se penche sur une période très troublée au Japon, celle de l'immédiat après-guerre.

En août 1945, juste après la capitulation du Japon un avion américain s'écrase dans un champ dans la région de Chiba. Les paysans s'approchent du pilote rescapé, prêts à lui faire passer l'arme à gauche. Heureusement, un vieil homme qui semble parler anglais s'interpose et sauve la vie du pilote. Le vieil homme c'est le grand-père de Kinta, un enfant qui va faire l'apprentissage de la vie dans un Japon meurtri par sa défaite et occupé par l'armée américaine.