Giulio Carlo Argan

Dédicaces - Samedi 4 octobre 2014 à 16h30 - A la librairie

D’après Sophocle, c’est en partance pour Troie qu’Ulysse et ses hommes abandonnent Philoctète à ses douleurs sur l’île de Lemnos. L’Argonaute, depuis qu’il avait été mordu par un serpent au sanctuaire de Chrysa ne cessait de souffrir, et ses cris insupportaient les Grecs. Philoctète, en Robinson antique, y passe donc dix années à survivre en maudissant Ulysse et sa lâcheté. Quand les Grecs comprennent qu’ils ne pourront faire tomber Troie sans les flèches d’Hercule, ils reviennent l’embarquer pour gagner la guerre. Voilà la version la plus connue, telle que racontée depuis toujours d’après Sophocle. Toute-fois Grégoire Carlé rapporte un détail d’importance omis dans la tragédie antique : l’île de Lemnos n’était pas déserte, mais peuplée de farouches amazones, obsédées sexuelles, qui menaient la vie dure au pauvre Philoctète ! Quand lui se contenterait bien de rester dans sa grotte et panser cette plaie qui l’épuise, les Lemniennes l’harnachent régulière-ment à une table pour le violer sous prétexte de rituels religieux. Épié, chassé, capturé, le pauvre doit sans répit satisfaire l’hystérie sexuelle des amazones déchaînées, jusqu’à ce que le bateau d’Ulysse ne revienne accoster au rivage... Dans ce péplum moderne, porté par une vraie érudition, Grégoire Carlé retrace rien moins que l’affrontement, dans la mythologie grecque, des visions du monde masculine et féminine, qui débouchera sur la victoire du monde patriarcal et sur la rupture avec l’ap-partenance cosmique au grand TOUT un et indivisible. Philoctète et les femmes nous donne à voir ce monde qui fut et qui pourrait être à nouveau.

Bernard Visage, des Éditions du Seuil nous a contactés pour nous donner plus de précisions sur la réalité des ces faits. Selon lui, les informations qui le concernent dans cet article ont été détournées et abusivement utilisées. L'éditeur nous explique également qu'il n'a jamais eu l'intention de tenter un quelconque piratage de l'ordinateur de Nelly Arcan.

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Quand, après la mort de l'auteur, il suffisait de vider des caisses ou des cartons pour tomber sur un manuscrit inédit, cela ne posait pas trop de problèmes. Parfois, c'était dans une cachette, au fond d'une armoire que l'on trouvait la perle... Mais maintenant que les auteurs travaillent sur ordinateur, on se heurte à un mot de passe, qui nous sépare de possibles nouvelles choses. C'est le cas avec Nelly Arcan.

Décédée à 35 ans voilà quelques semaines à peine, son éditeur français, Seuil, qui avait avoué que la romancière s'était suicidée, a annoncé son intention de publier un roman inachevé en 2010. Pour ce faire, l'éditeur doit encore trouver des codes d'accès pour parvenir à fouiller l'ordinateur de l'auteure, au cas où l'on trouverait des « textes d'intérêt littéraire ». Évidemment, tout dépendra de l'accord de la famille, mais au Québec les réactions sont plutôt partagées.

Interrogée par Cyberpresse, l'auteure et éditrice Mélanie Vincelette, rejette cette idée : l'écrivain n'achève jamais un livre « avant la dernière minute » parce qu'il trouve toujours des éléments à modifier, explique-t-elle. Et l'éditrice reste interdite : « Je ne peux même pas penser à ça. Nous avons publié un roman de Nelly, L'enfant dans le miroir, et nous n'avons même pas eu le courage d'en discuter entre nous, même si tout le monde parle de rééditions. »

De son côté, l'éditeur Jean Barbe tient un tout autre discours : « Tout dépend des ayants droit, de la famille. Ce sont eux qui décident. La majorité du monde de l'édition, et je n'en fais pas partie, considère qu'il s'agit d'une business. S'il y a de l'argent à faire, c'est bon. Demander s'il y a une éthique dans le monde de la business, c'est répondre à la question. »

Car de toute manière, la volonté des morts, on se nettoie les lèvres gourmandes avec, en clair. Respecter les indications laissées ou ne pas les respecter, la question se pose. Kafka nous pose d'outre-tombe la question, avec des aventures judiciaires plutôt folkloriques, de même que Nabokov doit encore grincer des dents comme sa Laura paraît, malgré les consignes laissées à son fils.

Que t'en semble, lecteur, comme interrogeait La Fontaine ? Quel délai de pudeur est nécessaire pour que cela ne ressemble pas trop à de l'arrivisme éditorial ? Seuil n'était pas disponible pour nous répondre sur le moment.

Qu’en est-il du temps dans l’œuvre de Michel Butor ? C’est cette question qui est au cœur du texte qui paraîtra aux éditions de La Différence au début du mois d’octobre, retranscription d’un entretien entre et Michel Butor intitulé Conversation sur le temps.

Nulle conversation de circonstance sur la météo dans ce petit livre de soixante pages. Carlo Ossola y questionne Michel Butor sur cette volonté de représentation et de création du temps inhérentes à ses écrits. Comment peut-on penser l’univers sans l’humanité pour compter le temps ? Peut-on pallier l’insuffisance de temps par l’espace ? Des glissements, des croisements, des superpositions temporels, pleinement inhérents à la forme romanesque de L’Emploi du temps notamment, à sa philosophie du « chronotope », cette réflexion est incessamment déclinée, dépliée dans toute l’œuvre du romancier, du poète, du penseur.

À sa manière, cet entretien participe également à cette vaste entreprise de pensée et de création du temps. Carlo Ossola et Michel Butor, s’interrogeant sur le temps, s’ancrent eux-mêmes dans un cadre temporel, celui de l’heure pendant laquelle cet échange eut lieu, comme le signale Carlo Ossola en introduction. Et, par un amusant déplacement, le lecteur se trouve assimilé à cette création d’un nouveau chronotope. Le temps, assez court, pendant lequel il parcourt ce petit texte ajoute un niveau de temporalité supplémentaire, celui de la lecture.

A paraître également le 4 octobre prochain, Une nuit sur le mont Chauve, un très beau livre qui rassemble une série de poème de Michel Butor et les gouaches de Miquel Barceló les ayant inspirés.

Retrouvez toutes les informations concernant Conversation sur le temps.

Pour en savoir plus sur Michel Butor et sur ses œuvres complètes, rendez-vous sur le site des éditions de La Différence.

J’ai lu L'ombre du vent dans le cadre d’une lecture commune sur le forum de Vendredilecture. Je n’avais jamais entendu parler de cet auteur mais apparemment beaucoup d’entre vous le connaisse déjà !

Résumé : Le jeune Daniel Sampere se réveille un matin et ne se souvient pas du visage de sa défunte mère. Son père décide qu’il est temps pour lui de découvrir un lieu unique : le Cimetière des lLvres Oubliés. Il va y découvrir un livre (L’Ombre du vent) qui va bouleverser sa jeune vie et va l’emmener dans les coins les plus obscurs d’une Barcelone d’après guerre qui donne envie de s'y rendre !

Mon avis : Il faut dire ce qui est et commencé par le commencement, la couverture ne me plaisait pas spécialement et je m’attendais à un livre pas terrible sur l’Espagne d’après guerre et ses malheurs… J’avoue avoir reculé au maximum son achat pour ses raisons ! Mais je m’étais engagée dans cette lecture commune, et je devais donc me lancer ! La critique sur la couverture m’a donnée envie de m’y plonger :

« Si vous avez le malheur de lire les trois premières pages de ce roman, vous n’avez plus aucune chance de lui échapper ! » Lire.

Et j’avoue avoir été très agréablement surprise ! Durant la première partie, je n’étais pas tout à fait convaincue, car les rebondissements étaient attendus dans le sens où je les avais deviné quelques pages plus tôt ! Et j’étais plutôt fière de moi, parce que cela m’arrive rarement ! Mais il faut bien le dire, ensuite j’ai été bluffée. En effet, dans la deuxième moitié du livre, beaucoup d’évènements s’enchainent et beaucoup de révélations sont faites et j’étais surprise quasiment à chaque page ! Je n’avais absolument pas envie d’arrêter ma lecture et cela faisait bien longtemps que cela ne m’était pas arrivé !

J’ai vraiment vécu l’action avec Daniel et ses amis et ennemis, que ce soit, son père, l’aventureux Fermin, la belle Clara, la mystérieuse Béa, Julian Carax, Fumero, et tant d’autres qui rythment ce roman d’aventure. Et j’ai ressenti leurs émotions, les joies lors de découvertes qui font avancer « l’enquête », la peur quand Daniel est poursuivi ou s’aventure dans d’obscurs endroits, leurs inquiétudes...

Et malgré les 636 pages (mais en poche cette fois ;) ) , je n’avais pas envie de quitter ces personnages et j’ai vu arrivée la fin de ce roman à regrets !

Vous l’aurez compris, ce fut un gros coup de cœur, et je mets les autres romans de Zafon dans ma liste de livres à lire !

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