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Christian Bobin

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Prière et spiritualité

Christian Bobin

Ce que je sais de Christian Bobin (1951-2022), je le tiens de nos rencontres trop brèves, de nos échanges épistolaires, trop peu nombreux, par pudeur, par retenue, de part et d'autre, car l'homme de silence et de solitude ne cherche pas à emmagasiner. Journaliste, j'ai beaucoup reçu à rencontrer ce journalier des mots, cette vigie de l'invisible. Chaque échange était fait d'instants qui, tout à coup, prenaient l'éclat d'un diamant dur, ciselé de mots choisis. Il faudrait plus de quinze jours pour moissonner les mots du poète qui se cache derrière la fenêtre et continue, c'est certain, de cueillir les petits riens qui font la vie même. Et la mort aussi. Plus que prier, les écrits de Christian Bobin nous invitent à méditer. La vie, la mort, l'amour, mais aussi la nature, Dieu, la maladie, l'Eglise... Tout ce qui vit et donne sens à l'existence est proposé avec sérieux et dans un grand éclat de rire. Christophe Henning est journaliste à La Croix et animateur sur RCF. Ancien président de l'Association des écrivains croyants d'expression française, il est l'auteur de nombreux ouvrages consacrés à des figures spirituelles et à la poésie.

04/2024

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Critique Poésie

Entre poésie et philosophie : l'oeuvre de Christian Bobin

Le choix de Christian Bobin, qu'il soit dans sa vie ou dans son écriture, c'est le minimal, le moindre, le pauvre : son écriture si singulière élimine le superflu et se réalise dans l'essentiel, l'humilité et la concision. Les mots deviennent de l'air. La fulgurance se lie à l'économie des mots. Bobin restitue sa pauvreté originelle à la parole, d'où son regard d'enfant sur le monde. Il exalte le langage commun à tous et se refuse d'écrire des phrases alambiquées et maniérées. L'écriture de Bobin est au service de ses aptitudes ; il souhaite bouleverser notre façon de voir, et dans un même mouvement, empoigner notre imagination pour l'obliger à observer la sincérité de ce qui nous entoure. Comme toute poésie ouverte sur le monde, ouverte à l'universel, celle de Christian Bobin nous parle de l'amour et de la mort, de la nuit et de la lumière, du désir et de l'absence, de l'abîme et du ciel. Peut-être le lecteur a-t-il perdu le goût et le sens de l'essentiel, pris par les rythmes d'une vie axée sur les "urgences", sans les haltes pascaliennes. Il semble que, dans tous les cas, Bobin veuille attirer notre attention sur le vrai, l'essentiel, le profond. Son oeuvre est une quête de la vérité et de l'authenticité ; il ne veut faire partie de ces écrivains qui "égarent". Le pacte de lecture qu'il propose à son lecteur : justesse, honnêteté, vérité mais légèreté. Bobin n'est pas un moraliste ; il exprime juste une idée qui n'est plus dans l'ère du temps : le primat du coeur et de l'âme sur le reste des choses. Le poète a la tâche immense et terrible de garder l'essence ; il faut ensuite la préserver, afin de l'offrir, lumineuse, au lecteur.

10/2015

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Poésie

Le murmure

"Les poètes meurent au combat même quand ils meurent dans un lit. Ils livrent bataille toute leur vie". Hanté depuis toujours par la mort, dès ses premiers écrits, Christian Bobin paria pour le salut par la poésie, plaçant sa vie "sous une pluie de lettres noires et blanches". Même le dernier instant du poète - qui meurt juste après avoir achevé son dernier livre - y était vu de façon prémonitoire : "la bouteille d'encre noire renversée dans le fond de l'âme". Commencé chez lui, au Creusot, en juillet 2022, poursuivi sur son lit d'hôpital durant les deux mois précédant sa mort, le 23 novembre 2022, Le murmure appartient à ces oeuvres extrêmes écrites dans des conditions extrêmes. Dans ce livre ultime, le plus humain des poètes se révèle être aussi le plus héroïque. A l'hôpital, celui dont le rire explosif sonnait comme un défi réalise à la lettre cette parole de Rimbaud : "Je suis de la race qui chantait dans le supplice". Le murmure est la trace d'une course entre l'amour et la mort. A la fin c'est l'amour qui gagne, faisant de ce chant un sommet d'humanité. Le destin qui s'achève sur une telle victoire ne s'arrête pas là. Il commence.

02/2024

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Littérature française

Le muguet rouge

Mon père mort me montre deux brins de muguet rouge. Il me dit qu'un jeune homme là-bas, dans une montagne du Jura, a inventé ce muguet et envisage de le répandre sur le monde. Il m'invite à aller le voir. L'homme tient une auberge au bord d'un lac. J'y mange une omelette, bois un vin de paille. Quand je lui parle des fleurs, mon hôte me conduit au-dessus d'un pré en pente : des dizaines de muguets rouges fraîchement poussés s'apprêtent à incendier la plaine. Je reviens vers mon père, lui demande qui est cet homme. Il me répond que c'est une partie de sa famille dont il ne m'avait encore jamais parlé. Va les voir, me dit-il, apprends à les reconnaître. C. B.

02/2024

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Littérature française

La nuit du coeur

Tout commence à Conques dans cet hôtel donnant sur l'abbatiale du onzième siècle où l'auteur passe une nuit. Il la regarde comme personne et voit ce que, aveuglés par le souci de nous-mêmes et du temps, nous ne voyons pas. Tout ce que ses yeux touchent devient humain - vitraux bien sûr, mais aussi pavés, nuages, verre de vin. C'est la totalité de la vie qui est embrassée à partir d'un seul point de rayonnement. De retour dans sa forêt près du Creusot, le poète recense dans sa solitude toutes les merveilles "rapportées" : des visions, mais également le désir d'un grand et beau livre comme une lettre d'amour, La nuit du coeur. C'est ainsi, fragment après fragment, que s'écrit au présent, sous les yeux du lecteur, cette lettre dévorée par la beauté de la création comme une fugue de Jean-Sébastien Bach.

10/2018

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Essais biographiques

Pierre,

"Je me moque de la peinture. Je me moque de la musique. Je me moque de la poésie. Je me moque de tout ce qui appartient à un genre et lentement s'étiole dans cette appartenance. Il m'aura fallu plus de soixante ans pour savoir ce que je cherchais en écrivant, en lisant, en tombant amoureux, en m'arrêtant net devant un liseron, un escargot ou un soleil couchant. Je cherche le surgissement d'une présence, l'excès du réel qui ruine toutes les définitions. Je cherche cette présence qui a traversé les enfers avant de nous atteindre pour nous combler en nous tuant".

10/2021

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